une fille pas si simple

une fille pas si simple
une fille pas si simple

Bureaux contemporains, nichés au fond de la cour d’une petite rue historique du 6e quartier de Paris. Par cette froide matinée d’hiver, rédacteurs et attachés de presse sont déjà à pied d’œuvre lorsqu’apparaît La Grande Sophie, jean large et doudoune confortable. Elle salue tout le monde avec des mots gentils. C’est son premier livre mais elle semble très à l’aise dans ce nouvel environnement. Après les présentations, nous nous sommes réfugiés dans un bureau privé.

Cette œuvre littéraire se prête au portrait car elle raconte par petites touches le parcours singulier d’une jeune fille qui aurait pu ressembler beaucoup à bien d’autres de sa génération. Sophie est née à Thionville en 1969 dans un milieu relativement modeste. Sa mère est infirmière libérale, son père ouvrier, et surtout syndicaliste ! Très vite, la famille déménage et elle grandit non loin de Marseille. La petite fille n’est pas ravie d’aller faire campagne dans le Larzac, mais elle ne déteste pas sa vie avec son petit frère parmi les autres enfants de la cité.

Elle aurait aimé apprendre le piano, mais c’était cher et ses parents lui recommandaient la guitare, « plus pratique à transporter ». Poussée par une immense envie de chanter, l’adolescente se met à rêver d’un ailleurs appelé Paris et ne tarde pas à rencontrer celui qui deviendra son compagnon pour la vie : « J’admire la durée et la fidélité et j’ai eu la chance de rencontrer un homme qui a accepté de me suivre. Nous sommes toujours ensemble, après plus de trente-cinq ans. Je ne pense pas que nous devrions poser d’autres questions. »

Transition vers l’âge mûr

Après un passage au studio de variétés, elle connaît le succès avec un premier album intitulé La Grande Sophie grandit. Son surnom était évident. Comme elle l’écrit magnifiquement, à peine sortie du ventre de sa mère, elle est ici caractérisée : «Elle crie très fort et elle a de grands pieds.» Cette particularité aura perduré et Sophie mesure aujourd’hui 1,78 m. Le monde du spectacle étant très déroutant, on lui fait comprendre à 28 ans qu’elle est déjà un peu vieille pour certains festivals. Ce qui n’aide pas à apaiser ses inquiétudes face au temps qui passe. «J’entendais mes grands-mères parler de la vieillesse comme d’un naufrage, que cela m’a toujours inquiété. Cela explique probablement pourquoi j’ai eu particulièrement du mal à atteindre la cinquantaine. » Pourtant, elle a une carrière réussie, des disques d’or et un public fidèle. Cette fois, propice au découragement, l’incite néanmoins joyeusement à se mettre à l’écriture. Sous forme de lettres.

«J’ai toujours eu un faible pour la forme épistolaire. Les lettres me parlent, j’aime les détails du quotidien qui s’y glissent. On détecte le caractère des correspondants”explique-t-elle. Elle adresse ces lettres à une certaine Suzanne. Ceux qui connaissent La Grande Sophie remarqueront que c’est le titre d’une de ses chansons. «Suzanne est un personnage arrivé dans ma vie en 2010, à un moment charnière. (dont on découvre le caractère dramatique en lisant le livre, NDLR). Lui parler m’a apporté du réconfort. Pendant des années, j’ai construit ces lettres dans ma tête. » Mais lorsqu’elle passe enfin à l’écriture, elle opère à la manière d’un écrivain, pas forcément dans l’ordre, en prenant soin de donner de la profondeur au temps.

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Joies et peines

Le résultat a un charme incroyable et nous laisse l’impression d’avoir reçu des lettres d’une amie, d’une personne qui n’a pas peur de parler de ses joies et de ses peines, de ses réussites mais aussi de ses échecs : « Dans ce métier, on essaie tous de faire bonne figure, mais je voulais montrer ce qui se cache derrière le sourire, nos montagnes russes, nos difficultés.» Attention, ce n’est jamais des larmes. Au contraire, ces lettres dressent le portrait d’une femme simple, accessible, déterminée, intelligente et généreuse, qui serait une bonne amie.

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► Un livre et un spectacle

Les jolies lettres de Chaque jour, Suzanne ne restera pas cantonné aux pages du livre. Ils ont déjà été adaptés en spectacle : un « uniquement sur scène » destiné à tourner dans toute la , mis en scène par Johanna Boyé. «C’est ma propre petite comédie musicaleexplains LGS (La Grande Sophie), à mi-chemin entre le concert et la lecture.» Cette nouvelle forme scénique et narrative lui permettra également de découvrir au public des processus souvent tenus secrets comme la naissance et l’évolution d’une chanson, ou la manière dont les artistes chantent parfois dans du yaourt (un langage incompréhensible) avant de mettre de vrais mots sur le sujet. musique. Bref, l’occasion de faire connaissance avec LGS en vrai. La première aura lieu à Aix-en-Provence le 17 janvier, puis ce sera Nantes, Toulouse, Marseille, Paris, Lyon et bien d’autres villes (1).

 
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