La polémique autour de la blague de l’humoriste Mike Ward à propos de Jérémy Gabriel – un jeune homme atteint du syndrome de Treacher Collins qui, enfant, s’est fait connaître comme chanteur – est bel et bien terminée. La Cour suprême du Canada a annoncé jeudi qu’elle n’entendrait pas la cause civile.
Comme d’habitude, la plus haute juridiction du pays n’a pas justifié sa décision. Elle a toutefois implicitement donné raison aux tribunaux de première et deuxième instance qui ont jugé que la plainte, intentée en janvier 2022, avait été déposée trop tard.
Il s’agit donc d’une deuxième victoire de Mike Ward à la Cour suprême. Elle lui a donné raison une première fois, en octobre 2021, en annulant sa condamnation par le Tribunal des droits de la personne en 2016.
Dans cette deuxième poursuite, Jérémy Gabriel et sa mère, Sylvie Gabriel, réclament 372 600 $ à Mike Ward pour diffamation, harcèlement et intimidation.
L’intimé a soutenu que l’action était prescrite – un argument accepté par la Cour du Québec en mai 2022 et par la Cour d’appel en janvier 2024.
C’est pour annuler ces jugements que Sylvie Gabriel a déposé une demande d’autorisation auprès de la Cour suprême. Mais en vain.
Jérémy Gabriel avait déjà décidé d’abandonner les procédures en mai 2023, affirmant vouloir mettre cette histoire derrière lui. Sa mère avait choisi de maintenir sa poursuite et réclamait toujours 84 600 $ d’indemnisation.
La décision rendue jeudi par la Cour suprême met un terme à une saga débutée au début des années 2010, lorsque l’humoriste figurait dans son émission Mike Ward s’expose une blague sur le jeune chanteur handicapé, alors adolescent.
Mike Ward poursuit encore aujourd’hui sa carrière de comédien et d’animateur de podcast. (Photo d’archives)
Photo : Michel Grenier
Le premier recours, institué par la Commission des droits de l’homme et des droits de la jeunesse (CDPDJ) en 2015, a fait l’objet d’une décision très partagée de la Cour suprême, en 2021, cinq juges sur neuf ayant statué en faveur de Mike Ward.
Ils avaient alors jugé que l’humoriste n’avait pas choisi de se moquer de Jérémy Gabriel en raison de son handicap, mais parce qu’il était une personnalité publique. A l’époque, l’adolescente était une chanteuse connue, qui s’était produite aux côtés de Céline Dion et du Pape au Vatican.
Les juges majoritaires ont également précisé que le Tribunal des droits de la personne n’avait pas compétence pour rendre jugement sur la plainte de discrimination déposée par Jérémy Gabriel, puisqu’il s’agissait plutôt d’une question de diffamation. Cette décision avait également poussé le CDPDJ pour fermer certains fichiers.
La première plainte de la famille Gabriel a été déposée en 2012. Quatre ans plus tard, le Tribunal des droits de la personne a ordonné à Mike Ward de verser 35 000 $ au jeune chanteur et 7 000 $ à sa mère.
L’indemnité à verser à Sylvie Gabriel avait été annulée en Cour d’appel, mais celle destinée à son fils avait été maintenue.