Défendre le drapeau franco-ontarien pour qu’il soit hissé à nouveau à Greenstone, écrire et produire une pièce de théâtre sur les enjeux queer franco-ontariens et être une figure de proue de l’autonomisation économique des femmes… La militante Claudette Gleeson, la jeune poète lauréate du Grand Sudbury, Alex Tétreault , et Ethel Côté, toutes Franco-Ontariennes, ont multiplié les efforts pour réaffirmer leurs droits, malgré de timides avancées provinciales. Des efforts soulignés pour l’année 2024 par le Liste des personnalités influentes de la francophonie canadienne, qui en est à sa dixième édition.
«Cette liste est une célébration de notre patrimoine culturel et de ceux qui le portent avec passion», souligne la présidente d’honneur, Natalie Robichaud, qui faisait partie des personnes inscrites à la Liste 2023. Les candidatures sont déposées par les journaux francophones en milieu minoritaire et étudiées par le jury, composé de représentants de - et personnalités citées dans les éditions précédentes.
« Je suis encore un peu nerveux. Je ne m’y attendais pas», explique Alex Tétreault, dramaturge et militant communautaire qui figure sur la Liste.
Son année a commencé fort. En janvier, il a remporté le prix Audace Réseau Ontario — qui récompense les œuvres qui rejoignent un nouveau public — et le prix Alliance Acadie pour sa pièce Nickel City Cinqdont l’histoire se déroule dans un bar gay de Sudbury et dont le texte a été publié par Prise de parole en septembre. Depuis juin, il est poète officiel du Grand Sudbury. Enfin, il agit à titre de président du Théâtre Action.
« Lorsque nous sommes dans une petite communauté isolée de la région, nous n’avons pas souvent l’impression que ce que nous faisons aura une portée plus grande que là où nous vivons », dit-il. Pour lui, son succès est la preuve que les spectateurs ont soif de voir leur communauté sous un autre angle, teinté « d’humour, de bienveillance et d’amour ». Et il espère que la prochaine génération aura plus d’opportunités de travailler et que la culture sera plus valorisée, afin que les histoires qui y sont racontées soient plus diversifiées.
Le drapeau franco-ontarien à Greenstone : une lutte qui continue
Le souhait de Claudette Gleeson pour l’année 2025 est tout autre. C’est qu’elle devra poursuivre le combat qu’elle a entamé cette année et pour lequel elle est inscrite au Palmarès.
« Le drapeau franco-ontarien est symbolique, il est émouvant. Pour un francophone qui ne peut obtenir ses services en français, le drapeau renforce sa raison d’être. […] J’ai vu sur les visages des gens qui étaient à la dernière réunion et qui viennent de là […]ils avaient envie de crier », souligne-t-elle.
En février dernier, le conseil de la municipalité du Nord-Ouest de l’Ontario a retiré le drapeau franco-ontarien qui était hissé en permanence devant le bâtiment administratif de la ville. Ces derniers voulaient alors pouvoir arborer le drapeau de la cause indigène Every Child Matters dans une démarche de réconciliation, et l’achat d’un nouveau drapeau coûterait trop cher, selon la Ville. Mais les Franco-Ontariens s’inquiètent de l’effet d’entraînement que pourrait avoir la mesure sur d’autres municipalités.
Pétition, députation devant le conseil municipal, campagne pour orner la ville de plus d’une centaine de drapeaux verts et blancs en préparation de la Journée franco-ontarienne : Claudette Gleeson a multiplié les efforts pour inverser la tendance. Le 25 septembre 2025, le drapeau franco-ontarien fêtera son 50e anniversaire.
Mmoi Gleeson préside également plusieurs organismes clés du Nord-Ouest : l’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario, le Conseil scolaire de district catholique des Aurores boréales, l’Accueil francophone de Thunder Bay et le Centre francophone de Thunder Bay. Et les enjeux francophones sont nombreux, selon elle, notamment en matière d’éducation et de personnes âgées, qui sont invisibles.
Ethel Côté, pionnière de l’innovation sociale et de l’économie
Qualifié dans le communiqué - «Pionnière de l’innovation sociale, championne de l’économie solidaire et figure de proue de l’autonomisation économique des femmes», Ethel Côté, décédée d’un cancer en octobre dernier, a reçu cet hommage à titre posthume.
Elle a été présidente fondatrice de La nouvelle scène à Ottawa, ancienne directrice générale d’ImpactON, fondatrice de mécènESS — une entreprise d’innovation sociale —, membre du Comité consultatif provincial des affaires francophones et professeure agrégée à l’Université de l’Ontario français.
En plus de mettre sur pied La nouvelle scène, Ethel Côté a travaillé sur de multiples projets culturels, de la programmation du Festival jeunesse à la planification stratégique de la Place des Arts du Grand Sudbury.
Elle a été intronisée à l’Ordre des coopératives de crédit de l’Ontario, à l’Ordre de l’Ontario et à l’Ordre du Canada. En 2015, l’ONU l’a nommée championne de l’autonomisation économique des femmes.