Noëlle Perna, alias Mado la Niçoise, s’ancre à nouveau dans la ville de son cœur

Noëlle Perna, alias Mado la Niçoise, s’ancre à nouveau dans la ville de son cœur
Noëlle Perna, alias Mado la Niçoise, s’ancre à nouveau dans la ville de son cœur

Nous savons qu’elle est là avant même de lui parler. Accent méditerranéen, énergie ensoleillée et humour ciselé, elle arrive comme une tempête, sourire aux lèvres et yeux pétillants. Noëlle Perna, alias Mado la Niçoise, n’est pas qu’une comédienne : c’est une institution. Depuis plus de vingt ans, elle emmène son caractère haut en couleur, son franc-parler et sa générosité sur les plus grandes scènes de . Aujourd’hui, elle est de retour dans la capitale azuréenne avec pour objectif de ne plus jamais en repartir. Sur la scène du Théâtre de l’Eau Vive, à Nice, ce dimanche et lundi, ainsi que pour le réveillon, avec son spectacle « Mado, spécial vacances ». Un retour aux sources, certainement pas une retraite pour l’artiste de 70 ans, plutôt un ancrage solide. L’occasion de discuter avec une comédienne vive et engagée.

Vous retrouvez la scène niçoise, au Théâtre de l’Eau Vive, dont vous êtes également la marraine. Que ressens-tu ?

C’est une émotion particulière, car Nice, c’est ma maison. J’ai senti qu’il était temps de revenir. Je tourne depuis vingt ans et je suis un peu saturé. J’en avais marre d’être sur les routes, je voulais retourner dans ma ville. Et puis renouer avec ce public niçois, celui qui m’a fait. Le voyage que j’ai eu la chance de faire est grâce à ceux qui m’ont soutenu depuis le début. C’est une juste récompense de rendre aux Niçois ce qui m’a été donné. J’ai pour objectif de m’ancrer à nouveau dans la ville en proposant une rencontre. Pas une série de représentations trois fois dans la même semaine, non, ce n’est pas ça qui m’intéresse. Je veux pouvoir jouer régulièrement, comme lors d’une réunion mensuelle. Je l’ai fait pendant un an à Ruhl [Casino Barrière Le Ruhl, ndlr] afin de décomposer un peu mon nouveau spectacle et d’entamer les retrouvailles avec le public. Le lieu était génial, mais c’est interdit aux moins de 18 ans, et ce n’est pas un théâtre, le public est principalement composé de joueurs. Ces éléments ont commencé à me gêner au bout d’un an, j’ai donc décidé d’aller jouer ailleurs, dans un endroit que je n’ai pas encore trouvé, j’en cherche toujours un.

Dans « Mado fait son cabaret », en format « réduit » à Eau Vive, vous faites beaucoup de références à Nice, notamment à ses touristes et aux Airbnbs, ou encore aux récentes démolitions d’immeubles…

Je crois que je pourrais appeler ce format réduit, à trois sur scène, « Le petit cabaret de Mado », et l’autre, à sept comédiens, « Le grand cabaret de Mado ». Ce spectacle a deux ADN : celui de Mado, et celui de Nice, même si l’un va un peu avec l’autre. Je dirais que c’est un spectacle spécial niçois avec, à l’intérieur, les ingrédients de ce qui fait Nice aujourd’hui. Alors évidemment je parle du surtourisme et des Airbnbs, de la démolition de l’Acropole et du TNN et même de l’Aigle de Nice ! Le but n’est évidemment pas de faire un spectacle réactionnaire. J’habite moi-même dans le Vieux Nice, donc je vois le déclin de mes propres yeux. C’est un quartier qui est sacrifié. Tous ceux que je connaissais et qui vivaient là-bas déménagent. Mais je resterai. Comme Catherine Ségurane, je résiste !

Vous êtes un artiste impliqué dans le domaine caritatif. Vous participez régulièrement à des événements, êtes sponsor de la Banque Alimentaire des Alpes-Maritimes… Pourquoi est-ce important ?

En ce moment, j’espère aussi pouvoir faire un gala pour Mayotte avec le Secours populaire. C’est prévu de le faire dans quelques mois, quand plus personne n’y pensera et qu’ils auront encore besoin d’aide… Avec la Banque Alimentaire, j’ai participé à un gala. C’est la maison mère, le siège des Alpes-Maritimes, qui distribue ensuite à toutes les associations. Il est important d’aller au cœur de l’aide. Moi aussi, je voulais dîner de Noël avec les sans-abri, mais malheureusement je suis tombée malade. Je pense que chacun peut aider à son niveau. Chacun apporte ce qu’il a à apporter, à son niveau. Je pense qu’il vaut mieux faire des galas plutôt que de distribuer de la soupe.

Vous avez vu l’humour évoluer ces dernières années. Comment décririez-vous le paysage de la comédie aujourd’hui ?

L’humour évolue avec le temps. Aujourd’hui, le stand-up domine, ce n’est pas mon école. Moi, j’aime les univers, les personnages, les histoires. J’admire des artistes comme Karine Dubernet, qui incarne ses personnages avec une intensité folle, ou Laura Felpin, qui est une perle rare. Ce sont des actrices qui parviennent à créer un monde autour d’elles. J’aime les artistes qui parviennent à incarner un personnage. Jérôme Commandeur le fait très bien. Jonathan Cohen est très bon aussi. Il ne joue pas seul sur scène, mais je pense que c’est lui qui a remis un peu la parodie au goût du jour. Pour moi, au cinéma et dans les séries, c’est un incontournable.

L’année 2024 touche à sa fin, quels seraient vos vœux pour l’année 2025 ?

J’aime travailler avec des citations inspirantes. Pour l’année prochaine, ce sera : « Il ne faut pas attendre que la tempête passe, mais apprendre à danser sous la pluie ». Je vais essayer de le mettre en œuvre, mais j’encourage également tout le monde à le faire. Ça ne va pas être une année facile, alors je me dis que c’est une phrase qui peut être encourageante. Je pense que le personnage de Mado est encourageant aussi, c’est un booster d’énergie. Il rassemble, apporte espoir et donne confiance. Je crois que ce sont des qualités importantes dans les temps que nous traversons.

> « Spécial vacances Mado », ce dimanche 29 à 17h et lundi 30 décembre à 19h, 40 euros. Mardi 31 décembre à 19h, 55 euros. Théâtre de l’Eau Vive, 10 boulevard Carabacel à Nice. Rens. theatredeleauvive.com

« Bio-express »

1954 : elle est née à Philippeville, aujourd’hui Skikda, alors en Algérie française.
1961 : elle s’installe à Nice avec sa famille. Ses parents reprennent « Le Bar des Oiseaux », dans le Vieux Nice.
1974 : elle devient propriétaire du bar et alterne entre service et petits sketchs donnés derrière le comptoir.
1999 : elle ouvre « Le Théâtre des Oiseaux ». Une petite scène pour réaliser vos premières performances et programmer d’autres artistes locaux émergents.
2003 : elle quitte la scène niçoise et part tenter sa chance à Paris. Elle ne reviendra définitivement que vingt ans plus tard.

 
For Latest Updates Follow us on Google News