Nabil Ayouch s’en prend à la société patriarcale marocaine

Nabil Ayouch s’en prend à la société patriarcale marocaine
Nabil Ayouch s’en prend à la société patriarcale marocaine

Beau portrait de femme

Après que les jeunes apprentis rappeurs aient crié leur colère contre la société marocaine du fort et clair en 2021, Nabil Ayouch revient à la , traditionnelle cette fois, dans son nouveau film Tout le monde aime Touda. Son héroïne est en fait une spécialiste du pèreune tradition musicale marocaine, notamment des montagnes de l’Atlas.

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A travers ce personnage, le cinéaste franco-marocain s’en prend ici à la société patriarcale du Maroc. Femme forte, déterminée, indépendante, Touda voit constamment ses rêves brisés, tandis que les hommes sont aussi fascinés que dégoûtés par ces femmes qui chantent, dansent et sont comblées d’argent. Pour cette dernière, la frontière semble floue entre chanteuse, fille amenant les hommes à boire et prostituée.

Si Touda (Nisrin Erradi) rêve de se lancer dans le métier de chanteuse, c’est pour aider son jeune fils, sourd et muet. ©Cinéart

Un autre Maroc

Quittant Casablanca, où se déroulent la plupart de ses films, Nabil Ayouch filme, en première partie deTout le monde aime Toudaun autre Maroc, plus reculé, voire carrément rural. Avec un regard ambivalent, car la beauté des paysages et le charme d’une vie paisible cachent un contexte social de pauvreté, dont il faut s’échapper si l’on veut accéder à l’éducation et à une forme de liberté. Le cinéaste dresse une nouvelle fois un portrait entre amour et haine de son pays, à la fois magnifique, vibrant, et enfermé dans des réflexes d’un autre âge. Le réalisateur le fait avec beaucoup d’intelligence, en étudiant le rapport à la tradition, celui depèreoù des femmes libres chantent l’amour, mais aussi la douleur. Un art engagé, notamment à l’époque coloniale, où l’on chantait la répression et la volonté de chasser les colons français du pays…

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S’il est difficile, tout au long du film, de cerner véritablement les motivations de cette flamboyante Touda, elle est incarnée par la redoutable Nisrin Erradi, pour qui Ayouch a écrit le rôle. Découverte en 2020 à Adam (premier film de Maryam Touzani, épouse et co-scénariste d’Ayouch), l’actrice marocaine incarne avec beaucoup de conviction (et une belle voix) cette héroïne sans cesse rattrapée par sa condition de chanteuse. Superbement mis en scène, le film ne cesse de nous ramener à cette atroce scène d’ouverture. Notamment dans le long plan séquence, absolument glaçant…

Aux yeux de beaucoup d’hommes, Touda (Nisrin Erradi), cheikha, n’est pas une femme digne… ©Cinéart
©Cinéart

Tout le monde aime Touda Drame De Nabil Ayouch Scénario Nabil Ayouch et Maryam Touzani Photographie Virginie Le Levain Musique Flemming Nordkrog Montage Nicolas Rumpl Avec Nisrin Erradi, Joud Chamihy, Jalila Tlemsi… Durée 1h42

 
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