« Enfant, j’étais du genre à allumer des feux dans la cour »

« Enfant, j’étais du genre à allumer des feux dans la cour »
« Enfant, j’étais du genre à allumer des feux dans la cour »

Il a longtemps voulu devenir footballeur. Mais la vie fait qu’il devient l’un des comédiens qui comptent. Paul de Saint Sernin, né en 1991, élevé à Chaville, aîné d’une fratrie de six, a connu l’enfance des beaux quartiers, de la vie facile et des vannes qui ne tombent jamais dans les graviers. « Avec mes trois frères et mes deux sœurs, ça allait plutôt bien, raconte cette dernière. Comme dans toutes les familles nombreuses, l’ambiance était plutôt festive. » Dans une certaine mesure. Paul voit ses parents et, aujourd’hui encore, il ne manquerait pas la messe dominicale.

Mais son petit truc, très tôt, l’a fait emprunter des chemins de traverse. « Je suis vite devenue une Source d’inquiétude pour mes parents car j’étais une enfant qui s’ennuyait. J’ai bien réussi à l’école, mais je n’avais pas d’amis, j’étais dans mon propre monde. » Médecins et psychologues se sont penchés sur son cas et ont diagnostiqué une grande précocité. Paul va sauter deux classes, passer de la maternelle au CE1, puis de la cinquième à la troisième.

Si les résultats sont au rendez-vous, le comportement laisse à désirer. «J’étais du genre à allumer des feux dans la cour, à dealer des jeans», sourit celui qui a été envoyé un an en Irlande pour devenir un homme bon. « Mais ce qui comptait le plus, c’était aussi le football tous les dimanches. Comme la masse. Oui, j’avais un nom long mais mes meilleurs amis étaient les Ivoiriens qui jouaient avec moi. Dans le vestiaire, tout le monde ne se souciait pas de mes origines ni de mes problèmes. » Aujourd’hui encore, Paul revendique haut et fort cette double identité, mi-gentleman, mi-racaille.

Je n’ai jamais ressenti de stress devant une caméra, même lorsque j’ai présenté ma première actualité

Paul de Saint Sernin

Le numéro 10 sur son dos – celui de Platini et Zidane – ne lui permet pas d’imaginer un destin au PSG. « J’ai commencé trop tard… » Non, ce sera en regardant les retransmissions de football qu’il entrera dans le milieu. « À 19 ans, j’ai effectué onze stages dans différentes rédactions sportives. Je l’ai pris très au sérieux, j’ai même lancé un site internet dédié à ma passion. Je n’avais même pas l’impression de travailler… »

En pleine Coupe du monde 2010, il est chargé par Canal+ de « précipiter » les images du bus des Bleus à Knysna (Afrique du Sud), prélude au psychodrame. [grève des joueurs français, NDLR]. Quelques mois plus tôt, il avait présenté son premier flash radio et avait été envoyé commenter un Rennes-Guingamp en bord de terrain. «Mais finalement, tout cela a été trop facile pour moi. Je n’ai jamais ressenti de stress devant une caméra, même lorsque j’ai présenté mon premier JT (sur feu iTélé). »

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J’ai poussé le coach lyonnais, j’ai fait rire Kylian. On l’a vu…

Paul de Saint Sernin

Non, Paul a besoin d’adrénaline, de sensations fortes, pour côtoyer quelqu’un de plus fort que lui. En 2016, nous nous rendons au Paname Comedy Club qui, en tant que grand fan de Jamel et Gad Elmaleh, estime y avoir sa place à part entière. « J’étais le seul homme blanc aux cheveux longs, qui ne semblait pas du tout adapté à cet endroit. Mais j’ai raconté mon histoire en partant d’où je venais. J’ai eu des ennuis, mais j’ai aussi commencé à faire rire les gens. »

La suite est évidente : sa vie sera sur scène ou elle ne le sera pas. Tout en continuant de rapporter sa fraise sur Téléfoot, la chaîne lancée par Mediapro autour de la Ligue 1 en 2020, qui s’est effondrée au bout de six mois. « J’avais une manière un peu différente de faire les interviews des joueurs, concède-t-il. J’ai poussé le coach lyonnais, j’ai fait rire Kylian. On l’a vu…”

Lorsque Téléfoot s’effondre, faute de vision stratégique, il est le visage de la révolte, un peu malgré lui. Sous ses airs d’enfant de chœur, Paul lance sans frémir ses quatre vérités à l’actionnaire. Alors qu’il envisage enfin de présenter son premier spectacle, il est appelé par Léa Salamé pour être le sniper de son émission « Quelle heure ! « .

Je suis un enfant de la télé, mais mon ambition est d’y renoncer pour me consacrer à la scène que j’aime plus que tout au monde.

Paul de Saint Sernin

« Au début, 2 ne voulait pas de moi, raconte-t-il. La chaîne aurait préféré une femme… Régis Lamanna-Rodat, le producteur de Léa, m’a imposé sur le pilote. » Et depuis, chaque semaine, il est dans le public, réagissant à ce qui se dit sur le plateau. L’avantage ? Son spectacle affiche complet. Le péril ? « Soyez juste le gars à la télé, celui dont on va savoir à l’avance ce qu’il va dire. Je ne ferai pas une saison de trop avec Léa. »

Depuis septembre, il revient dans les stades comme commentateur des matchs de Ligue 1 sur DAZN, le « Netflix du sport », tout en continuant de défendre son one-man show sensible et terriblement drôle. « Je suis un enfant de la télé, mais mon ambition est d’y renoncer pour me consacrer à la scène que j’aime plus que tout au monde. » Et si son emploi du temps agace sa femme, il a déjà son prochain spectacle dans les tiroirs. Le thème ? Le foot évidemment…

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“Paul de Saint Sernin”, until December 28, at the Théâtre du Marais (Paris 3rd). Then on tour throughout France in 2025.

©DR

 
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