«Ma plus grande peur est de perdre la mémoire»

«Ma plus grande peur est de perdre la mémoire»
«Ma plus grande peur est de perdre la mémoire»
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Michel Franco, lors d’une projection de son film “Memory”, à Hollywood (Californie), le 5 décembre 2023. JC OLIVERA/GETTY IMAGES VIA AFP

Le huitième film de Michel Franco, Mémoireavec Jessica Chastain et Peter Sarsgaard (prix du meilleur acteur à la Mostra de Venise), revisite, à la lumière du mouvement #metoo, le thème des violences sexuelles qui a irrigué ses deux premiers longs métrages (Daniel et Ana2009, et Après Lucie, 2012). Il est encore question de maltraitance, de traumatisme, de silences forcés, mais la douceur qui se dégage de la rencontre entre Sylvia, assistante sociale, et Saul, ancien élève de son lycée, atteint d’une sorte d’Alzheimer précoce, aide faire de ce film, très ancré dans son époque, une petite merveille qui n’a rien à voir avec le jeu du massacre qu’on voit si souvent. Le cinéaste revient sur la genèse de ce film qui décrit avec délicatesse la reconquête d’une mémoire traumatique à travers une histoire d’amour hors du commun.

Lire la critique : Article réservé à nos abonnés Dans “Mémoire”, Michel Franco filme un couple infirme sauvé par l’amour

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Le point de départ de votre film est dur avant de prendre la forme d’une caresse. Qu’est-ce qui vous a poussé à emprunter cette voie plus lumineuse ?

Quand j’écris un scénario, je cherche l’histoire, mais je ne sais pas exactement comment je vais la raconter. J’ai commencé par imaginer la scène où Sylvia et Saul se rencontrent lors d’une réunion. J’ai tout de suite su que c’étaient des gens brisés. Puis j’ai vite compris que j’écrivais un film sur des personnes d’âge moyen qui ont la chance de connaître l’amour sur le tard, ce qui est plus rare. J’ai accepté cette idée, à condition qu’elle soit cinématographique. C’est pour ça qu’on ne comprend pas pourquoi il la suit… Si j’avais voulu faire un film doux sur un sujet sombre, cela aurait certainement sonné faux.

Sylvia a été violée alors qu’elle était adolescente. Trente ans plus tard, elle vit avec ce traumatisme, surprotège sa fille adolescente, veut faire savoir ce qui lui est arrivé… Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer ce personnage qui fait écho au mouvement #metoo ?

#metoo m’a peut-être influencé d’une certaine manière, mais cela a plus à voir avec mon deuxième film, Après Lucie, en 2012 : l’histoire d’une jeune fille filmée à son insu par son copain lors d’une relation sexuelle. Elle est incapable de s’exprimer et n’est protégée ni à l’école ni à la maison. J’ai toujours été intéressé par les personnages principaux féminins. Même mon film Chronique [2015] a été initialement écrit pour une femme avant que Tim Roth ne suggère que nous travaillions ensemble. Je m’intéresse davantage aux femmes car, socialement, elles ont beaucoup plus de défis à relever. Cela a toujours été comme ça depuis que j’ai 20 ans, en voyant les films de mes cinéastes préférés, Luis Buñuel, Ingmar Bergman et même Lars von Trier et Michael Haneke.

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