Antoine de Maximy, viré « par un mail » de France 5, rebondit sur RMC Découverte

La chaîne publique cherchait à « rajeunir l’audience » résume l’aventurier de presque 65 ans qui digère mal avoir été écarté comme impur. Il dit avoir trouvé « une liberté extraordinaire » sur RMC Découverte. Ce vendredi 10 mai, direction Taïwan pour un nouveau spectacle.

L’émission sur Taïwan commence par un constat : « C’est un pays qui n’a pas de problème avec les caméras, ça change ! ». Est-ce courant dans les pays asiatiques ? Vous avez eu plus de difficultés, par exemple, dans un pays musulman, Dubaï…

Oui, en Asie, c’est beaucoup plus facile de filmer les gens. C’est culturel. En Occident, nous avons beaucoup développé cette histoire du droit à l’image. Il y a 30 ans, en France, on ne demandait jamais aux gens de les filmer. Il y a 40 ans, dans La Caméra Invisible (NDLR : les caméras cachées de Jacques Legras), le type faisait des blagues à un type qui était ridicule et à qui on ne demandait rien. Je ne dis pas que c’était bien, mais c’était comme ça.

C’est facile de filmer à Taiwan mais pas facile de coucher avec des locaux. Un seul accepté en deux semaines…

Dans tous les cas, il faut compter entre une et quatre nuits chez l’habitant lors d’un séjour. Je ne pense pas en avoir déjà fait plus de quatre. C’est un peu pareil pour tout le monde. En France ou ailleurs, cela surprend les gens qu’on leur fasse cette demande. Au Vietnam, en revanche, c’est incroyablement simple. “Pouvons-nous entrer chez vous?” “Oui, entrez!”

On ne voit pas le stress que cela peut générer de se perdre en pleine nuit sans savoir où dormir…

Je ne suis pas stressé, pour plein de raisons. D’abord parce que je fais ça depuis de nombreuses années. Et puis je laisse très souvent mes affaires à l’hôtel. Quand je ne le fais pas, c’est parce que j’ai une voiture et si je me retrouve coincé à 23 heures, je peux faire 200 miles pour aller dormir en ville.

Nous vous voyons beaucoup utiliser le traducteur avec votre téléphone. Vous en avez même pleuré dans « Je dormirai chez toi » au Kazakhstan. Vous dites dans le documentaire sur Taiwan que c’est une véritable « révolution » même si « elle n’a pas beaucoup de charme ». En ce que ?

Le monde évolue, se modernise, il s’inscrit dans cette mondialisation continue. Ce qui est bien, c’est que tout le monde pourra voyager de plus en plus facilement. Aujourd’hui, vous pouvez partir seul au Japon. Vous avez votre GPS, il vous indique quel métro prendre, quelle station sortir, quelle rue prendre. Si vous voulez demander quelque chose à quelqu’un, vous utilisez le traducteur.

Quand j’ai commencé à voyager, je partais pendant deux mois et j’appelais une fois. J’ai soudain réalisé que le monde avait changé et que ma vie avait pas mal progressé. C’est ce qui me fait pleurer au Kazakhstan. Je voyage depuis plus de 45 ans. Ce n’est pas la même chose. Je suis plus proche de la fin que du début. J’ai vécu à une époque qui est très lointaine maintenant.

Dans mon spectacle « Je dormirai sur scène », que je joue à Avignon pour la deuxième année cet été, je me retrouve avec des indiens qui tissent leurs vêtements dans les années 80 en pleine Amazonie. C’est une autre époque. Je le ressens cruellement d’une certaine manière.

Parfois, c’est rare, on ne se sent pas dépaysé. A Taïwan, quand on s’approche d’un pont, on dit qu’il a quelque chose du viaduc de Millau…

Oui, c’est le même genre d’architecture, avec ses haubans. C’est peut-être le même qui l’a fait… (NDLR : l’architecte Norman Foster n’a pas conçu ce pont mais peut-être que les autorités taïwanaises se sont inspirées de son travail) .

Vous dites que l’Europe nous donne l’impression que la Chine va envahir Taiwan, alors qu’on n’en parle pas du tout. Vous étiez là en pleine campagne présidentielle…

Oui, tout le monde s’en fout. En plus, j’ai vu un article dans un journal qui disait que les gens s’en fichaient. Nous, en France, ne cessons de répéter qu’il y a des manœuvres dans le détroit de Taiwan, que des avions les survolent. On nous dit que la Chine envahira demain. Ce n’est pas ce que j’ai ressenti.

Vous êtes actuellement en Lettonie. Est-ce que ce sera votre prochain spectacle ?

Les pays baltes, oui, peut-être. Mais en réalité, je n’en sais rien. Je dois en tourner deux autres avant sa diffusion.

Dans quels pays ?

Ils ne sont pas arrêtés, je décide au dernier moment. Le Honduras, le Salvador, l’Équateur, peut-être.

Je n’étais pas censé venir dans les pays baltes tout de suite. Je suis venu là-bas parce qu’il ne faisait pas beau en France. Je ne sais pas ce qu’il restera des trois pays baltes, cela dépendra du montage. Une fois, je suis allé à la Barbade. Comme je sentais qu’il ne se passait pas assez de choses, je suis allé à Sainte-Lucie et l’épisode s’appelait Caraïbes. Je n’ai dit à personne que je faisais ça. J’ai toujours travaillé comme ça. Plus j’avance dans ma carrière, moins je suis à l’aise avec ça. Ils sont de moins en moins en mesure de m’expliquer qu’ils veulent que je fasse ceci ou cela.

Vous aurez 65 ans dans quelques jours. Comment voyez-vous l’avenir de la série et votre présence à l’écran ? Là non plus, vous ne programmez rien ?

Je ne suis pas très inquiet. L’émission continuera tant que je serai en bonne santé et que la chaîne le voudra toujours.

Vous êtes désormais sur RMC découverte après avoir passé quinze ans sur France 5. Comment s’est terminée la collaboration ?

Après le Covid et mon long-métrage sur les Carpates, j’ai proposé d’autres destinations. Ils m’ont juste dit que ça avait changé, que ce n’était plus dans l’air du temps et c’est tout. Ils ne m’ont même pas appelé. Ils m’ont envoyé un email. Quand tu travailles depuis quinze ans avec une chaîne et que les gars ne t’appellent même pas, tu te dis qu’ils ne sont pas très très classe. Pas un coup de fil, pour l’une des émissions les plus emblématiques de France 5. Et encore, je suis favorite. Certains l’apprennent par la presse.

Ce qui me fait le plus rire, c’est que les gens qui m’ont dit que c’était pour rajeunir le public, parce que j’avais 63 ans, sont des gens qui sont à la retraite ! Et je suis arrivé sur une chaîne où la moyenne d’âge est 30 ans plus jeune que sur France 5. Ce sont des visionnaires, non ?

Vous dites qu’il y a moins d’argent pour la découverte du RMC. Comment cela se traduit-il pour vous ?

Cela ne m’impacte pas directement, mais plutôt en termes de production. Il y a moins de personnes qui travaillent dessus et ils ont plus de mal à tout gérer. Mais d’un autre côté j’ai une liberté extraordinaire. France 5 avait refusé “Je coucherai avec les Gaulois”. Ils ont aussi refusé un truc que j’avais commencé à tourner : « Je vais coucher avec toi ». C’est très drôle. J’essaie de dormir dans les lits des gens en France. Eux non plus ne voulaient pas des spéciaux (NDLR : un bonus à la fin du documentaire, où Antoine de Maximy revient dans les coulisses du reportage). J’ai dû me battre pour qu’ils acceptent. Et c’était dans un studio, ridicule, avec une déco et pas dans ma cuisine comme maintenant. Avec RMC découverte, nous avons fait un bonus plus long, 90 minutes. Je suis très heureux d’être parti.

Antoine de Maximy devant le temple bouddhiste de Lérab Ling à Roqueredonde, pour le spectacle
Antoine de Maximy devant le temple bouddhiste de Lérab Ling à Roqueredonde, pour l’émission « Je dormirai chez les Gaulois ».
BON CHOIX

Vous avez filmé ce « Je dormirai chez les Gaulois », en France donc, diffusé fin 2023, étant parti découvrir le temple bouddhiste près de Lodève dans l’Hérault, victime dans le passé des agissements de son maître Sogyal Rinpoché…

Je filme ce qui se passe. Je n’enquête pas. Je ne me prépare pas. C’est le travail des journalistes. Je ne le savais pas quand j’y suis allé.

Antoine de Maximy, ici à Saint-Félix-de-Pallières, avait troqué sa célèbre chemise rouge contre une bleue, assortie à sa voiture.
Antoine de Maximy, ici à Saint-Félix-de-Pallières, avait troqué sa célèbre chemise rouge contre une bleue, assortie à sa voiture.
BON CHOIX DE PRODUCTION

Préparez-vous une suite à « Je dormirai chez les Gaulois » ?

Oui, il y aura une suite, probablement en novembre.

Qu’en est-il de la vie de famille, avec des émissions qui vous emmènent souvent loin de chez vous ?

Je ne suis pas là, je ne suis pas là. Je suis là, je suis là. J’ai une fille qui a grandi, elle vit sa vie. Elle a une trentaine d’années.

Vous êtes marié ?

Je ne suis pas marié mais je ne vais pas développer. Je ne vais pas entrer dans la foule des célébrités.

L’émission « J’irai dormi chez les Gaulois » n’est malheureusement pas disponible en replay sur RMC Découverte. Antoine de Maximy s’est également rendu à Saint-Félix-de-Pallières, dans le Gard, sur le site de l’ancienne mine de plomb et d’arsenic, à la rencontre des habitants aux modes de vie alternatifs.

Un spectacle qu’il présentera pour le deuxième été à Avignon

Cet été, il jouera pour la deuxième fois au festival Off d’Avignon, en juillet. L’année dernière, il était à l’Archipel et deux jours à Rouge-Gorge. Cet été, il sera au théâtre Le Paris. “Je veux recommencer. Je vais à Avignon depuis des années.

Le titre de son spectacle : «Je vais dormir sur scène« .

Je vais dormir chez toi est un spectacle original et décalé, il a dit. Il fallait avoir un parcours particulier auparavant. Ce dont je parle dans la série, c’est de ce voyage. Ce que j’ai fait auparavant est infiniment plus spectaculaire que Je vais dormir chez toi. J’ai fait des reportages de guerre, j’ai plongé dans un sous-marin jusqu’à 5 000 mètres de profondeur. J’ai filmé des singes à la cime des arbres en Amazonie, j’ai fait des expéditions avec le Raft of the Tops. Je suis descendu sur un volcan actif pour récupérer de la lave. Je suis descendu dans les gouffres de glace de la calotte glaciaire du Groenland.

« Et tout ça, c’était pour faire des films. J’ai donc les images. Le spectacle est une sorte de conférence avec beaucoup d’images et on fait le tour du monde en une heure et demie. J’ai au moins une qualité c’est que j’arrive à capturer l’instant où le radeau se brise, j’ai aussi les images quand je suis au fond de la mer. et ils ont mis le feu à un arbre, j’ai les images.

 
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