« La fin de la régularisation à son tour ». Bruno Retailleau vient d’adresser une circulaire aux préfets. L’objectif est de durcir les règles de régularisation des étrangers en situation régulière et de revenir à la circulaire Valls en vigueur depuis 13 ans. Jusqu’à présent, pour être éligible, un travailleur sans papiers devait résider en France pendant trois ans, le ministre de l’Intérieur souhaiterait porter cette durée à sept ans et installer de nouveaux critères, ce qui inquiète fortement plusieurs travailleurs et employeurs.
Mbakhar, un Sénégalais employé dans la restauration, exprime par exemple son indignation. “Je n’ai même pas les mots, il admet. J’ai travaillé quatre ans et demi, j’ai plus de 50 fiches de paie, je n’ai jamais eu d’OQTF (obligation de quitter le territoire français), ni de problèmes. Je paie mes impôts, comme cette année, j’en ai payé plus de 3 000 euros d’impôts. “
Si sa demande de titre de séjour actuellement en cours d’examen devant la préfecture du Val-de-Marne devait être refusée, parce qu’il n’atteint pas le seuil de sept ans souhaité par Bruno Retailleau, il la vivrait comme une profonde injustice. “Vous savez, on prend des risques en travaillant avec de faux papiers, c’est très dangereux, il croit. Nous sommes là, nous ne demandons rien, nous ne jouons pas les gens dans la rue. Nous ne vendons pas de drogue, nous travaillons. Nous voulons travailler légalement pour être à l’aise, nous ne demandons que cela. “
« Et c’est comme ça qu’on nous remercie, en durcissant les conditions de régularisation, alors que nous exerçons des métiers que les Français n’aiment pas. ?”
Mbakhar, un Sénégalais employé dans la restaurationsur franceinfo
La circulaire Retailleau intervient également alors que selon de nombreux professionnels, les règles en vigueur étaient déjà très restrictives. « Il était engagé, il était bénévole, il voulait apprendre » raconte Marie-Laure, restauratrice. Elle a été contrainte de se séparer de son employé sénégalais il y a quelques mois après un contrôle de l’URSSAF, car celui-ci ne justifiait pas les conditions de deux ans de travail à la circulaire Valls. “Nous sommes restaurateurs dans le 93, et c’est un département qui souffre, car c’est très difficile à recruter, et c’est pénalisant pour notre cas particulier.”Elle juge donc les nouvelles règles encore plus pénalisantes.
Banco Camara, fondateur de l’entreprise Here Admin, qui soutient les entreprises qui cherchent à régulariser leurs travailleurs sans papiers, tire la sonnette d’alarme. «J’espère que les organisations patronales monteront au créneau auprès du gouvernement, car dans la restauration, le bâtiment, les services à la personne, ils n’ont pas la main d’œuvre pour pouvoir exercer leur activité», explique-t-elle.
-« Il ne faut pas se plaindre quand les restaurants commencent à fermer. »
Banque Camarasur franceinfo
En Île-de-France, les immigrés représentent ainsi 40 % des salariés de l’hôtellerie-restauration. Raison d’espoir pour ces personnes : Le fait que la circulaire Retailleau n’a pas la valeur juridique d’une loi, et que les préfets conservent une marge d’appréciation.
Retailleau ciculaire : travailleurs sans papiers et employeurs inquiets – Reportage d’Arthur Fradin
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