L’Administration des Douanes et Impôts Indirects (ADII) vient de publier une circulaire sur les dernières modifications apportées au Système de Préférences Commerciales entre les Etats membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (CPS-OCI). Cette mise à jour, entrée en vigueur le 1er janvier 2025, vise à accroître les échanges commerciaux entre le Royaume et les autres pays membres de l’OCI.
Dans un contexte mondial marqué par les tensions géopolitiques et économiques, le Maroc renforce ses relations commerciales Sud-Sud en 2025 à travers une mise à jour de deux listes tarifaires préférentielles du Système de préférences commerciales avec les États membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (CPS-OCI). ).
Cette mise à jour fait suite aux « modifications de la nomenclature douanière introduites par l’arrêté du ministre de l’Économie et des Finances n°2471.24 du 10 octobre 2024 et de la loi de finances pour 2025 », comme indiqué dans la circulaire n° 6631/221 de l’Administration des douanes.
Concrètement, les deux listes de produits actualisées bénéficient d’une réduction des droits de douane : Liste 1 avec une réduction à 25%, et Liste 2 avec une réduction à 15%.
La première liste comprend donc une trentaine de produits allant de la viande et abats comestibles aux légumes, fruits, épices, thés, tissus et chapeaux. Elle se concentre principalement sur les produits agricoles et alimentaires (légumes, épices, riz…), les textiles (tissus en coton, fibres synthétiques, laine…) et les parfums. Une large gamme de produits de consommation courante est donc concernée.
La seconde concerne principalement les produits sidérurgiques tels que les tubes plats laminés sans soudure et les tuyaux en fer ou en acier non allié. Un avantage concurrentiel évident pour les entreprises marocaines importatrices de ces matières premières.
Pour un professionnel du commerce international contacté, « le SPC-OCI reste un outil essentiel pour stimuler les flux commerciaux Sud-Sud malgré des progrès limités jusqu’à présent. La mise à jour 2025 des listes au Maroc va dans le bon sens en ciblant les produits à fort potentiel commercial.
« En effet, en ciblant les produits à fort potentiel commercial, cette mise à jour devrait permettre au Maroc de renforcer sa position commerciale et d’augmenter ses opportunités économiques. Un exemple concret de cette stratégie pourrait être l’inclusion de certains produits agricoles dans les listes commerciales. Le Maroc est réputé pour la qualité de sa production agricole, notamment les tomates et les légumes. En facilitant les échanges de ces produits avec l’étranger, le Royaume pourrait non seulement accroître ses exportations, mais aussi diversifier ses débouchés commerciaux.
De même, l’intégration de produits manufacturés à haute valeur ajoutée, comme les articles de mode, les parfums et le textile, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives aux entreprises marocaines. En effet, ces secteurs connaissent une croissance importante au Maroc et disposent d’un potentiel d’exportation considérable, notamment vers les marchés européens et africains.
Certains produits manufacturés à valeur ajoutée concernés
Selon les informations fournies en annexe de la circulaire, parmi les principaux produits manufacturés à valeur ajoutée inclus dans la liste 1 (droits d’importation réduits à 25%) du Système de préférences commerciales entre les États membres de l’OCI (SPC-OCI), figurent les produits imprimés ou tissus de coton non imprimés, tissus imprimés en fibres synthétiques, tissus de laine ou de poils fins, parfums, autres que crèmes, émulsions et huiles.
Concernant la liste 2 (droit d’importation réduit à 15%), les principaux produits manufacturés à valeur ajoutée que nous avons pu identifier sont les laminés plats en fer ou en acier non allié, laminés à chaud ou à froid, les tubes et tuyaux sans soudure en fer ou non. -acier allié.
Ces produits en fer et en aciers non alliés représentent des produits intermédiaires à haute valeur ajoutée, essentiels pour de nombreuses industries manufacturières, notamment la construction, l’automobile et la fabrication de machines et d’équipements.
Optimisation des avantages tarifaires pour les importateurs
Dans sa circulaire, l’Administration des Douanes souligne qu’elle a adopté une approche pragmatique en supprimant des listes 1 et 2 les produits pour lesquels le droit d’importation de droit commun est plus avantageux que le taux préférentiel SPC-OCI.
Cette décision vise à maximiser les profits des opérateurs économiques en leur permettant de bénéficier des tarifs les plus bas possibles. Par exemple, si le droit d’importation standard pour un produit est de 5 %, alors que le taux préférentiel SPC-OCI est de 8 %, il serait plus avantageux pour l’importateur de payer le droit commun de 5 %.
Ainsi, le produit X est supprimé des listes 1 et 2, permettant aux importateurs de bénéficier du taux le plus bas de 5 %. Cette approche pragmatique permet d’optimiser les coûts d’importation et d’éviter les situations dans lesquelles les avantages tarifaires préférentiels seraient en réalité moins favorables que les droits de douane standards. De quoi renforcer la compétitivité des opérateurs économiques en leur offrant les meilleures conditions tarifaires possibles.
L’intégration commerciale intra-OCI, un défi persistant
Bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années, avec une augmentation modeste du volume du commerce intra-OCI de 1,23 % en 2023, l’objectif ambitieux d’une intégration commerciale de 25 % reste un défi important pour l’Organisation de la coopération islamique.
En 2023, seuls 27 pays sur les 57 membres de l’OCI avaient atteint ce seuil fixé pour 2025, soulignant les difficultés persistantes dans le renforcement des échanges commerciaux entre les pays membres. Cet objectif vise à stimuler le commerce intra-OCI et à réduire la dépendance des pays membres vis-à-vis des marchés extérieurs.
Cependant, divers obstacles tels que les différences réglementaires, les obstacles logistiques, les tensions géopolitiques et les divergences économiques entre les pays membres continuent d’entraver la réalisation de cet objectif d’intégration commerciale.
Pour relever ce défi, des efforts concertés sont nécessaires pour harmoniser les réglementations, améliorer les infrastructures de transport et de facilitation du commerce, résoudre les différends commerciaux et promouvoir une coopération économique renforcée entre les pays membres de l’OCI.
Aligner les politiques commerciales
Dans un monde secoué par les crises, la coopération économique reste un levier clé de développement et de stabilité pour les 1,9 milliard de musulmans de l’OCI. L’alignement des politiques commerciales apparaît désormais comme un impératif pour transformer les défis en opportunités.
Face aux turbulences économiques, géopolitiques et environnementales, la solidarité et l’intégration régionale sont essentielles comme rempart contre la vulnérabilité aux chocs extérieurs. En renforçant leurs échanges commerciaux et en promouvant leurs complémentarités sectorielles, les pays de l’OCI peuvent ainsi créer un marché commun dynamique, moteur d’une croissance durable.
Toutefois, cette ambition ne peut être réalisée que grâce à une coordination stratégique des réglementations, à la facilitation des échanges et à l’harmonisation des normes. Une véritable feuille de route multilatérale est essentielle pour éliminer les obstacles persistants et faire de l’OCI un centre économique régional essentiel sur la scène mondiale.
Bilal Cherraji / Inspirations ECO