Même s’il ne mettra pas les pieds à Davos cette année, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche relance l’intérêt pour le rendez-vous annuel des riches et puissants dans la station des Alpes suisses, assure son organisateur en chef.
“Je pense que cela accroît l’intérêt pour Davos, car les gens ressentent le besoin de se rassembler pour mieux comprendre ce qui s’en vient”, affirme Borge Brende, président du Forum économique mondial (FEM), dans un entretien à l’AFP.
Et ils pourront profiter de Davos pour « décrypter » les intentions du nouveau président américain.
Ce dernier doit notamment faire une intervention jeudi par visioconférence, au cours de laquelle il devra également “interagir en direct avec les patrons qui pourront poser des questions”, détaille M. Brende.
Et même si l’ouverture de la réunion de Davos rivalise cette année avec l’investiture de M. Trump, « nous aurons clairement une présence américaine ici à Davos » et « vers la fin de la semaine, il y aura davantage d’« Américains ici ».
Borge Brende assure notamment que l’homme le plus riche du monde et grand partisan de Donald Trump « Elon Musk est plus que bienvenu cette année et aussi l’année prochaine ». Aucun voyage en Suisse du milliardaire n’a été confirmé à ce stade.
“Construire un peu plus de confiance”
A quoi sert encore le forum de Davos ? La question se pose d’autant plus que les valeurs de multilatéralisme et de libre-échange qu’il a toujours prônées semblent très éloignées du slogan isolationniste « L’Amérique d’abord » et des augmentations drastiques des droits de douane sur les produits entrant aux États-Unis. promis par Donald Trump.
Borge Brende relativise l’impact de ce risque, rappelant que « sous la première présidence Trump, le commerce mondial a augmenté ». Et que même dans « le contexte géopolitique le plus compliqué depuis des générations, nous constatons toujours une croissance économique à l’échelle mondiale ».
-« Nous espérons instaurer un peu plus de confiance dans un monde fragmenté et polarisé », dit-il.
« Nous devons être des politiciens réalistes. Nous nous éloignons de l’ordre mondial de l’après-guerre froide, où nous avions une approche gagnant-gagnant. Les pays se font une concurrence féroce », admet-il.
Mais même dans une telle situation de concurrence, il existe des sujets sur lesquels ils ont intérêt à « collaborer », par exemple pour lutter contre le changement climatique ou éviter l’émergence d’une situation similaire à celle de l’épidémie de Covid-19.
Comité spécial sur la culture d’entreprise
Le Forum de Davos est aussi avant tout l’œuvre de son fondateur Klaus Schwab, dont Borge Brende a repris les fonctions exécutives l’année dernière. “Cela clarifie beaucoup de choses pour l’avenir, et Klaus et moi travaillons très, très bien ensemble”, déclare l’actuel patron.
L’année 2024 a également été marquée par des accusations de culture d’entreprise toxique au sein du WEF, rapportées il y a quelques mois dans le Wall Street Journal.
“Nous n’avons pas senti que cela reflétait l’organisation que nous sommes, mais nous sommes aussi une organisation sérieuse (…) donc nous avons mis en place un comité spécial, indépendant, sous la direction du patron d’Axa” avec également “des cabinets d’avocats”. qui examinent les accusations portées», explique Borge Brende.
“Ils doivent venir avec des recommandations que nous suivrons”, et cela devrait arriver “très vite”, et en tout cas “cette année”, certifie-t-il.
« Nous prenons cela au sérieux, nous ne l’avons pas reconnu dans cet article, mais… nous voulons également être une organisation de classe mondiale dans la manière dont nous gérons nos collaborateurs. »
(AFP)