Place aux lecteurs | Activité physique : quelle limite ne pas dépasser ?

Deux fois par mois, notre journaliste répond aux questions des lecteurs sur la santé et le bien-être.

J’ai 73 ans et j’aime marcher. En revanche, mon mari et moi n’avons pas la même capacité cardio-respiratoire. Et c’est ma préoccupation. Comment savoir quand notre maximum est atteint ? Quand faut-il ralentir pour ne pas risquer une crise cardiaque ? J’ai encore appris cette année le décès d’un homme sur un terrain de golf à Punta Cana.

Diane Ouimet, Gatineau

Que ce soit sur un terrain de golf en République Dominicaine, devant un banc de neige ou sur le parcours d’un marathon, lorsqu’une personne meurt au cours d’un effort intense, cela captive l’imagination. Et c’est effrayant.

L’activité physique est-elle dangereuse pour le cœur ?

«C’est une question qu’on me pose régulièrement», explique le Dr.r François Simard, cardiologue à l’Institut de Cardiologie de Montréal. Même s’il est faible, ce risque existe, reconnaît le Dr Simard, «surtout si l’effort est aigu, rapide, sans préparation, sans échauffement».

Il donne un exemple actuel : les chutes de neige. Au lendemain de la tempête, les hôpitaux ont enregistré une augmentation du nombre d’hospitalisations pour crise cardiaque. Mais pour l’ensemble de la population qui doit pelleter ces jours-là, “le rythme des événements reste faible”, nuance le D.r Simard.

C’est également le message clé de l’American Heart Association (AHA). Le risque de mourir d’un arrêt cardiaque soudain lors d’un effort physique est « très faible » : environ 1 sur 1 million.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Le Dr François Simard

Nous sommes plus susceptibles d’avoir des problèmes cardiaques non liés à l’exercice, donc liés à nos facteurs de risque et à nos conditions génétiques.

Le Dr François Simard

C’est un fait bien démontré : les personnes actives courent au contraire moins de risques de souffrir de problèmes cardiovasculaires. Au Centre EPIC, affilié à l’Institut de Cardiologie de Montréal, nous formons les patients ayant subi un accident cardiaque, à les réhabiliter, mais aussi à réduire leur risque d’en subir un deuxième.

“Les gens devraient surtout se concentrer sur les bienfaits et le plaisir qu’ils retirent de l’activité physique, mais d’un autre côté, il faut y aller progressivement”, explique le Dr.r Simard, « c’est-à-dire ne démarrez pas à haute intensité quand vous n’êtes pas entraîné ». Il conseille de bien s’échauffer, de bien s’hydrater et de rester attentif aux symptômes inhabituels lors de l’exercice : palpitations, douleurs thoraciques, vertiges. Il est alors préférable d’arrêter, dit-il, et de consulter un médecin avant de recommencer, pour s’assurer qu’il n’y a pas de problèmes sous-jacents. «Parfois, les premiers signes d’un risque sont très subtils», souligne le Dr.r Simard.

Le tabagisme, l’hypertension artérielle, le cholestérol, l’obésité, le diabète et la sédentarité sont autant de facteurs de risque de maladie coronarienne. L’âge aussi. Après 35, 40 ans, le risque commence à augmenter de façon plus marquée, indique le Dr Simard.

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Quel est le maximum ?

Notre lectrice Diane Ouimet se demande comment savoir que vous avez atteint votre « maximum ». Pouvons-nous faire confiance à la formule « 220 moins l’âge » ? se demande-t-elle. Cette équation est utilisée depuis de nombreuses décennies pour estimer la fréquence cardiaque maximale (FCmax), ou le nombre de battements que le cœur peut supporter, par minute, pendant l’exercice.

Pour connaître votre véritable FCmax, il faut faire un électrocardiogramme d’effort (le fameux test sur tapis roulant), indique Sophie Tanguay, kinésiologue au Centre EPIC. Cela dit, il existe bel et bien des formules pour l’approcher en fonction de votre âge, dont celle-ci qui est un peu plus précise que celle qui consiste à soustraire votre âge au nombre 220.

Surveiller sa fréquence cardiaque peut être intéressant pour les patients qui en veulent plus, mais ce qui est important, c’est ce que ressent le patient.

Sophie Tanguay, kinesiologist

Sa recommandation, pour mesurer l’intensité d’un effort, est de « faire vraiment confiance à son ressenti ». Pour que l’activité physique soit bénéfique, il n’est pas nécessaire de s’essouffler complètement : l’intensité doit être modérée (on peut parler, mais pas chanter) ou vigoureuse (il faut reprendre son souffle après quelques mots).

Les problèmes cardiaques étant principalement associés à des efforts vigoureux, peut-on se limiter à des exercices modérés ? « Oui, absolument. Il s’agit de le faire plus longtemps, ou plus régulièrement, et on obtiendra les mêmes bénéfices», répond le cardiologue François Simard, qui déconseille également un effort intense lorsque la progression est adéquate. Au Centre EPIC, les patients bien remis d’une crise cardiaque s’entraînent à haute intensité, avec l’approbation des médecins, souligne Sophie Tanguay.

Parce qu’ils sont physiologiquement impossibles à maintenir longtemps, les exercices de haute intensité se font sous forme d’intervalles dont la durée peut varier de 15 secondes à 4 minutes, selon les protocoles, indique Sophie Tanguay. Pour avoir un plan adapté à votre situation, le mieux, dit-elle, est de consulter un kinésiologue.

Faut-il consulter un médecin avant de faire un exercice modéré ou vigoureux ? L’American College of Sports Medicine a développé un modèle pour guider les gens, disponible dans la figure 2 de cette déclaration.

Voir le relevé

Et chez les grands sportifs ?

Les personnes en forme peuvent également être envahies par un inconfort lors d’un événement sportif. C’est rare, mais ça arrive. Ont-ils des malformations cardiaques ou des maladies génétiques inconnues ? «Une partie, oui, mais le plus gros risque, c’est la crise cardiaque, les maladies coronariennes, le cholestérol qui se dépose dans les artères», explique le cardiologue François Simard. Le cœur est stressé, une petite plaque de cholestérol se rompt et un caillot se forme, résume-t-il. Une hypothèse est que la déshydratation pourrait contribuer à la formation de caillots, explique le Dr.r Simard. Encore une fois, les personnes qui se sont peu entraînées avant l’événement sont plus à risque que les autres.

Les athlètes vétérans, qui pratiquent depuis longtemps une intensité élevée et des régimes élevés, sont davantage touchés par la fibrillation auriculaire, un trouble du rythme cardiaque. Selon une hypothèse, cela serait dû à une succession de microtraumatismes, accumulés au fil des années. “Pour le moment, nous les soignons, mais nous ne les empêchons pas de faire leurs activités physiques”, précise le D.r Simard. Le risque reste encore trop faible, mais nous l’observons. »

Apprendre encore plus

  • 150 minutes
    L’Organisation mondiale de la santé recommande un minimum de 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée ou 75 minutes d’activité vigoureuse par semaine.
 
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