Faute de budget, 2030 se recentre sur le suivi des projets déjà lancés

Faute de budget, 2030 se recentre sur le suivi des projets déjà lancés
Faute de budget, France 2030 se recentre sur le suivi des projets déjà lancés


« Nous continuons à financer les projets déjà lancés. Mais tant qu’une loi de finances n’est pas adoptée, nous n’avons pas le droit de faire de nouveaux investissements. résume Bruno Bonnell, le secrétaire général à l’investissement, qui a déjà alloué 37,5 milliards d’euros de l’enveloppe initiale. Dans un amendement déposé au Sénat le 16 janvier, le gouvernement prévoyait de réduire de 535 millions d’euros les sommes qui pourraient effectivement être versées dans l’année par le programme, ramenées à 5,3 milliards d’euros. Cela devrait ralentir le rythme des nouveaux engagements pris par 2030.

Pas de nouveau gagnant sans budget

Dans les bureaux dorés de la rue de Babylone à Paris, le secrétaire général à l’investissement refuse tout alarmisme. « L’absence de budget ne nous handicape pas particulièrement. Les instructions pour les nouveaux fichiers continuent « comme d’habitude ». Et il est courant que le processus dure au moins deux à trois mois.dégage Bruno Bonnell. Juste avant le 31 décembre, une série de lauréats a été désignée, comme ceux de l’appel à projets sur les médicaments essentiels. L’appel à projets pour la décarbonation des grands sites industriels, qui doit engager 1,6 milliard d’euros, a été lancé le 30 décembre.

Mais là encore, les nouveaux gagnants ne pourront être annoncés qu’une fois l’impasse budgétaire surmontée. « Il faudra probablement attendre avril pour connaître les nouveaux gagnants. Et si c’est plus tard, ce sera plus tard.» met Bruno Bonnell en perspective. De quoi freiner, malgré tout, les pépites françaises dans la course mondiale aux technologies du futur. Ces retards sont également attendus, à mesure que le nombre de dossiers déposés dans France 2030 augmente. La raison réside avant tout dans la situation économique, estime son secrétaire général : « L’instabilité politique a considérablement refroidi les investisseurs privés depuis la dissolution. La France est passée du « pays le plus attractif d’Europe » à « démodé ». Il est devenu plus difficile de réaliser les séries C et B, pour les plus gros tours, voire les séries A.»

Cette situation commence à peser lourdement sur certaines entreprises, après la « pause » estivale, faute de gouvernement à part entière. Certaines start-up, comme Gen-Hy, attendent depuis l’été dernier. L’entreprise, qui envisage de fabriquer des membranes pour électrolyseurs, a notifié son projet à la Commission européenne en mai dans le cadre du PIEEC hydrogène. « Notre dossier a déjà été validé deux fois par le gouvernement Attal puis Barnier, mais maintenant nous attendons le budget pour avoir l’argent. Nous espérons en mars. Cela nous a mis neuf mois de retard supplémentaires. explains Sébastien Le Polles, founder of Gen-Hy. Bruno Bonnell reconnaît un « situation complexe », notamment pour les acteurs de l’hydrogène « À chaque changement de Premier ministre, les priorités peuvent être modifiées. Il n’est pas choquant de demander des informations complémentaires sur des dizaines de millions d’euros de subventions, alors que les conditions de développement de l’hydrogène ont évolué et que les entreprises elles-mêmes changent de modèle économique. Nous ne voulons pas subventionner des projets qui ne sont pas durables »il justifie.

Un suivi accru des projets déjà lancés

France 2030 fait bonne figure face à la malchance. Les équipes du Secrétariat général à l’investissement (SGPI) ont été recentrées sur le suivi des progrès des près de 5 000 lauréats ayant déjà fait l’objet de contrats depuis le lancement du programme début 2022. « Nous le faisons avec plus de temps de dialogue avec les porteurs de projets »souligne Bruno Bonnell. Dans le dispositif France 2030, des subventions sont versées aux porteurs de projets sur plusieurs années, au fur et à mesure que les entreprises franchissent certaines étapes, définies au préalable par France 2030.

Trois ans après le lancement de France 2030, aucun projet n’est encore officiellement décidé. Mais le SGPI s’apprête à annoncer d’ici mars une première liste de dossiers pour lesquels il préfère arrêter les frais. “Certains projets ne mènent nulle part. reconnaît Bruno Bonnell, qui préfère minimiser le drame. Un taux d’échec de 5 à 10% sur des projets très innovants est considéré comme normal dans les fonds d’investissement, indique-t-il. “France 2030 est encore bien en dessous des 5 %. Et même si les projets échouent, l’État gagne toujours : il a collecté les recettes de TVA et finance la formation, l’expérience… »poursuit Bruno Bonnell.

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Des projets remis en question

Au-delà de paris technologiques ratés ou plus compliqués que prévu à industrialiser, certaines start-up soutenues par France 2030 n’ont pas réussi à convaincre les investisseurs privés de rejoindre leur tour de table. C’est pourtant l’une des conditions sine qua non posées par France 2030 pour subventionner les gemmes. « L’État doit avoir une rigueur bienveillante. Je préfère conseiller à une entreprise d’en épouser une autre plutôt que de lui faire croire qu’elle pourra survivre grâce aux financements publics. ajoute Bruno Bonnell, “De manière générale, si les investisseurs privés ne veulent pas investir dans une start-up, c’est parce qu’ils ne croient pas au management ni à sa capacité à recruter aussi vite que prévu, même si la technologie est là. L’État ne peut pas être une assurance-vie.. Pour l’instant, pour un euro public dépensé, le SGPI a mobilisé 1,3 euro d’investissement privé. Mais il ambitionne de porter l’effet de levier à 1,7.

Parmi ces projets arrêtés, figure par exemple Nuward, le projet de petit réacteur nucléaire SMR, pour lequel EDF a annoncé cet été la revue des choix technologiques et de la conception. Une aide de 300 millions d’euros avait été validée pour le projet développé par l’entreprise publique de l’énergie, sur une enveloppe initiale prévue de 500 millions qui lui était dédiée. C’est bien plus que d’autres projets SMR, dont les 10 à 15 millions d’euros reçus par Naarea et Newcleo. Le nouveau projet Nuward devra désormais être traité sur le même pied que les 11 autres projets SMR.

La partie 2 de l’appel à projets pour les petits réacteurs nucléaires est également en cours de finalisation. « Nous avons des entreprises efficaces mais elles sont trop petites », regrette Bruno Bonnell. Pour obliger les start-up à se parler, voire à fusionner, le patron de France 2030 envisage d’augmenter les exigences de durabilité des entreprises dans les appels d’offres. La condition essentielle pour espérer disposer d’un SMR opérationnel en 2032, nouvelle échéance visée par France 2030.


Solène Davesne, with Aurélie Barbaux

 
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