(CercleFinance.com) – Wall Street a ouvert en forte baisse vendredi, amplifiant sa baisse amorcée en début de semaine dans un nouvel accès de crainte de voir la Fed ralentir son cycle de baisse de taux.
En fin de matinée, le Dow Jones perd 1,5% à 42.000,4 points, tandis que le Nasdaq Composite recule de 1,8% à 19.104,6 points.
Les investisseurs ont été pris de court ce matin par les chiffres beaucoup plus élevés que prévu des créations d’emplois en décembre, qui remettent en question les anticipations de baisse des taux de la Réserve fédérale.
Selon les statistiques publiées par le ministère du Travail, l’économie américaine a créé 256 000 emplois non agricoles le mois dernier alors que les économistes n’en attendaient que 170 000.
Ces données pourraient encourager la Réserve fédérale à tergiverser sur les baisses de taux.
“Cela va renforcer l’attentisme de la Fed”, commente Bastien Drut, responsable de la stratégie et des études économiques chez CPR AM.
Depuis les propos plus prudents tenus le mois dernier par Jerome Powell, le patron de l’institution, toute statistique meilleure que prévu est accueillie avec prudence en raison de son impact supposé sur le calendrier de la Fed.
Sur l’ensemble de la semaine, réduite à quatre séances en raison de la journée d’hommage à Jimmy Carter, le Dow Jones a perdu 1,7% tandis que le Nasdaq a enregistré une baisse de 2,6%.
La réaction baissière de Wall Street à la suite de ces chiffres montre que le sentiment « une bonne nouvelle est une mauvaise nouvelle » a bel et bien fait son retour outre-Atlantique et que les marchés sont plus inquiets de la trajectoire des taux de la Fed que mécontents. la bonne santé de l’économie américaine.
Certaines parties prenantes estiment que les marchés boursiers américains deviennent de plus en plus vulnérables aux prises de bénéfices après leur hausse spectaculaire de l’année dernière.
“La question clé désormais est de savoir quelle pression les marchés peuvent subir avant de capituler”, prévient Florian Ielpo, responsable de la recherche macroéconomique chez Lombard Odier Investment Managers.
D’autres analystes continuent de tabler sur une solide performance des valeurs américaines, jugée essentielle dans le contexte actuel d’incertitude.
“Guerres, crises, pandémies, démocrates ou républicains au pouvoir, quoi qu’il arrive, les Etats-Unis et la bourse américaine s’en sortent à chaque fois”, rappelle Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM.
“Ce sera certainement encore le cas cette année”, estime le professionnel.
“Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de correction boursière”, souligne le stratège de Pictet AM.
“En revanche, cela ne remettra pas en cause la dynamique haussière sous-jacente des actions américaines”, conclut-il.
Les indices new-yorkais ont quelque peu réduit leurs pertes au moment de la publication d’une baisse plus marquée que prévu de l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan, qui va dans le sens d’une poursuite de l’assouplissement monétaire.
Son indice de confiance est tombé à 73,2 contre 74 le mois dernier, tandis que les économistes et les analystes prévoient une baisse plus limitée à 73,9.
Mais l’UMich attribue cette dégradation aux inquiétudes exprimées par les ménages quant à l’évolution de leurs anticipations d’inflation, largement révisées à la hausse.
Cette analyse, qui suggère un réveil des tensions inflationnistes et des baisses de taux plus faibles de la part de la Fed, a finalement conduit Wall Street à repartir en forte baisse.
La perspective d’une baisse des taux de la Fed moins rapide que prévu favorise jusqu’à présent logiquement la hausse des rendements des obligations d’Etat américaines.
Celui des bons du Trésor à dix ans s’établit à plus de 4,75%, après être revenu dans la matinée à son plus haut depuis l’automne 2023, à 4,79%.
En réduisant la probabilité d’une forte baisse des taux dans les mois à venir, les chiffres mensuels de l’emploi aux États-Unis ont donné un coup de fouet au dollar.
L’euro chute vers 1,0230 face au billet vert, un plus bas depuis novembre 2022.
Les prix du pétrole se dirigent vers une troisième semaine consécutive de hausse, soutenus par des signes d’activité vigoureuse qui prennent le pas sur les craintes liées à l’évolution des taux d’intérêt.
Le contrat WTI de février a grimpé de près de 4% à 76,9 dollars le baril.