Le ski de fond n’est définitivement plus un sport de vieux

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Le ski de fond n’est définitivement plus un sport de vieux

Les amateurs de skateboard et de style classique se multiplient sur les pistes. Ce jeudi 2 janvier, plusieurs clubs francophones proposaient une initiation aux débutants.

Publié aujourd’hui à 8h01

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Bref:
  • Plusieurs dizaines de personnes ont découvert le ski de fond à La Vue-des-Alpes.
  • La première initiation était axée sur le patinage, la seconde sur le style classique.
  • Les participants ont apprécié le côté ludique et accessible de la journée.
  • Le ski de fond offre une option peu coûteuse et facilement accessible en hiver.

“Flexion, extension.” N’attendez pas qu’il s’y colle, il est arrivé le plus tard possible. Les moniteurs présents ce jeudi à La Vue-des-Alpes (NE) pour un stage d’initiation ont vu arriver une cinquantaine de personnes motivées pour découvrir le patinage, une des disciplines du ski de fond.

« Ski de fond : moins on en fait, mieux on se porte », explique Julien, le moniteur, à la quinzaine de personnes motivées sous sa responsabilité. Il leur parle de la nécessité d’être un peu paresseux. Car il enseigne un style de glisse particulier, très proche du patinage. Le mouvement n’est pas forcément intuitif. « Il faut accepter que cela prenne un peu de temps », conseille l’expert.

Les skieurs de fond en herbe regardent les experts glisser naturellement sur la neige. « On ne s’attend pas à ce niveau de difficulté quand on les observe », constate Laurence, pas découragée par la difficulté de l’exercice. Il me faudra environ dix heures pour être à l’aise. Je vais persévérer. Comme la petite fille qui est tombée des dizaines de fois en l’espace d’une heure et qui s’est relevée courageusement à chaque fois.

Les boules se sont poursuivies sur les pistes neuchâteloises. À tel point que les quatre moniteurs de patinage ont commencé à expliquer comment réussir à se relever.

« Cela aurait dû arriver plus tôt », s’amuse un participant. Le problème ? Il y a trop d’éléments à enseigner. Ceux qui pensaient que leurs compétences en ski leur permettraient de réussir le parcours d’initiation ont été déçus. « On les voit régulièrement », confirme Jérémy Huguenin, un autre instructeur. Ces débutants se parent de gestes inefficaces. Ils ne connaissent rien de la science du « pas du canard glissant » et des autres bases du ski de fond. S’ils n’arrivent pas à repartir de zéro et acceptent d’apprendre les bases, ils passent généralement un mauvais moment aux côtés des habitués, qui glissent sans effort.

Amusez-vous plutôt que de souffrir

Première leçon douloureuse : lâcher le bâton. « C’est seulement là pour perturber votre coordination », résume Julien. Il faut retrouver le groupe de personnes relativement à l’aise, prêtes à slalomer autour des bâtons, pour voir les bras réellement utilisés. Leur niveau leur permet d’utiliser d’autres marches que le toboggan canard. Ils savent aussi faire le « un temps » ainsi que le « deux temps ».

Un moniteur décide de pousser son groupe en leur demandant de retirer un ski. Il a également organisé un petit concours, demandant à chacun d’aller le plus loin possible avec le moins de mouvements possible. La glisse, sous une forme ludique. “Le but, c’est qu’ils s’amusent et qu’ils aient envie de revenir”, avait prévenu Jérémy Huguenin une heure plus tôt, lors du briefing.

La Vue-des-Alpes, le 2 janvier 2025. Reportage lors d'une journée d'initiation au ski de fond sur les pistes neuchâteloises. Exercice d'agilité en descente. Photo Yvain Genevay / Le Matin Dimanche

Mission accomplie. Car la cinquantaine de personnes motivées à (re)découvrir le patinage semblaient plutôt satisfaites. « Au début, je me suis dit qu’une heure, c’était un peu court. Mais entre concentration et physicalité, cela demandait quand même beaucoup d’énergie », explique Mélodie.

La Vaudoise a choisi de devenir skieuse de fond pour explorer les pistes avec ses chiens. « Cela ne m’intéresse pas du tout d’y aller seule », admet-elle. J’ai choisi d’avoir trois chiens pour m’accompagner dans la nature. Mes amis m’ont conseillé d’apprendre le ski de fond avant de m’accrocher à mon chien. Je ne regrette pas de les avoir écoutés.

Accessible et peu coûteux

Un nouvel horizon s’ouvre aux néophytes. L’accès aux pistes est facile et souvent plus direct que pour une balade sur des skis plus larges. Une maman qui se réchauffait avec du thé nous a dit qu’elle venait du Val-de-Ruz, à quelques minutes en voiture de là. Elle aime courir et faire du vélo de route ou du gravel en été. Hiver? Elle a maintenant la possibilité de pratiquer le ski de fond.

Cette Neuchâteloise le reconnaît, elle n’y aurait jamais pensé il y a dix ans. « Pour moi, c’était un sport de vieux », concède-t-elle. C’est désormais une activité qu’il apprécie. “Mon fils de 16 ans s’est moqué de moi en me demandant ce que j’allais faire de ces petits skis.” Son adolescente aime le snowboard – en moins ringard. Un sourire apparaît sur ses lèvres, justement parce qu’elle utilisait le même discours que lui dans sa jeunesse.

C’est pourtant elle qui a passé une heure à braver le froid glacial pour s’assurer d’avoir les bases, accompagnée d’une amie. Le duo ne s’imaginait pas non plus enfiler des skis seul. « C’est plus sympa d’être en groupe, l’aspect social compte aussi », argumente l’un d’entre eux. L’autre ajoute : « Voir les autres lutter et progresser aide aussi à se sentir mieux. »

Bien que bousculés au départ, certains participants ont su trouver rapidement leur équilibre. Jérémy Huguenin voit tous types de profils s’essayer au ski de fond, des locaux aux visiteurs étrangers désireux de découvrir les coutumes locales. Guillaume, originaire du sud de la , a découvert ce sport en s’initiant à la Vallée de Joux. «Aujourd’hui, ma copine travaillait. J’étais tout seul, alors j’ai pensé aller voir un cours. Bingo, c’est tombé ce jeudi 2 janvier, jour où toutes les pistes de ski de fond de Suisse romande étaient gratuites. L’initiative vient de Romandie Ski de Fond, qui profite du nouveau souffle lancé par la pandémie.

La Vue-des-Alpes, le 2 janvier 2025. Reportage lors d'une journée d'initiation au ski de fond sur les pistes neuchâteloises. Guillaume. Photo Yvain Genevay / Le Matin Dimanche

Les personnes qui chaussent ces skis étroits apprécient l’accessibilité, la simplicité de chausser ses skis à quelques kilomètres de chez soi. « Habitant Neuchâtel, il est bien plus pratique de faire du ski de fond que du ski de randonnée », explique Guillaume. Il pratique le trail et le VTT, et il aime avoir une nouvelle discipline d’endurance pour s’occuper l’hiver. Sport complémentaire, il se voit chausser régulièrement des skis pour entretenir son cardio, sa coordination et son équilibre. « Je pense que cela complète bien la course. Ensuite, pour la tête, c’est bien aussi de ne pas toujours faire la même chose», sourit-il.

Ses autres paires de skis passeront probablement plus de temps au chaud, car le ski de fond est financièrement avantageux. Le pass numérique qui donne accès aux pistes francophones coûte 80 francs pour une saison. Le droit d’accès aux routes nationales coûte 160 francs. «C’est quand même beaucoup moins cher que le ski alpin», précise Laurence, qui pratiquait déjà le style classique avant de s’essayer au patinage. Ensuite la légèreté et l’équipement et la facilité avec laquelle on peut le mettre dans la voiture, s’arrêter sur un parking et faire trois quarts d’heure de ski de fond est quelque chose que j’apprécie. Il n’y a pas d’attente.

La Vue-des-Alpes, le 2 janvier 2025. Reportage lors d'une journée d'initiation au ski de fond sur les pistes neuchâteloises. Photo Yvain Genevay / Le Matin Dimanche

Un abonnement, des paires de skis et de bâtons et des vêtements résistants au froid suffisent pour partir à l’aventure sur les quelque 3’500 kilomètres de pistes de ski de fond suisses. Nul doute que certains de ceux qui ont bravé le froid de La Vue-des-Alpes ce jeudi reviendront. Les progrès étaient trop grands, le plaisir trop exponentiel pour laisser les skis à la cave.

Rébecca García est journaliste à la rubrique sport. Titulaire d’un master en journalisme de l’Université de Neuchâtel, elle s’intéresse particulièrement au ski alpin et à l’économie du sport.Plus d’informations

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