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En termes d’évolution, quels changements majeurs avons-nous observés chez l’homme au cours des millénaires ?
Un autre Sov
Il y en a eu plusieurs, le plus souvent liées à l’alimentation et aux infections.
Un éminent généticien américain, Alan Templeton, de l’Université Washington de Saint-Louis, en énumère spontanément une liste : la couleur de la peau dans les régions du nord, la capacité à digérer le lait à l’âge adulte, la résistance à la peste et la résistance à la maladie du sommeil en Afrique.
“L’évolution chez l’homme est observée dans des périodes relativement récentes par rapport à son apparition”, indique M. Templeton, qui a publié le livre en 2019. Génétique et génomique des populations humaines sur le sujet. « On parle de millénaires, et parfois même de siècles dans le cas des maladies infectieuses. »
Il y a des dizaines de milliers d’années, lorsque les humains ont migré hors d’Afrique vers les latitudes septentrionales de l’Asie et de l’Europe, ils avaient moins de soleil et donc moins de vitamine D. Les individus qui avaient un teint plus clair, ce qui facilite l’absorption de la vitamine D du soleil. , ont été favorisés », explique Templeton.
De la même manière, lorsque les humains domestiquaient le bétail producteur de lait, les individus capables de digérer le lait étaient également favorisés. « Normalement, la capacité à digérer le lait disparaît au bout de quelques années, lorsque l’enfant n’est plus allaité », illustre le généticien américain. Mais certains conservent cette capacité tout au long de leur vie. » Dans les régions où la consommation de lait est historiquement moins courante, l’intolérance au lactose est plus répandue.
Enfin, les épidémies meurtrières sont l’un des moteurs de l’évolution.
Les personnes qui résistent à de nouvelles maladies grâce à certains gènes y survivront, et ces gènes deviendront plus courants. La peste noire, qui a tué un tiers de la population européenne à la fin du Moyen Âge, en est un bon exemple. Il pourrait également y avoir un impact du VIH/SIDA et de la COVID-19.
Alan Templeton, généticien à l’Université de Washington à Saint-Louis
L’évolution a par exemple favorisé les gènes protégeant contre le paludisme dans certaines populations méditerranéennes, note-t-il. Ces gènes augmentent en revanche le risque d’anémie.
Diabète, famine… et questions
M. Templeton cite également une hypothèse controversée visant à expliquer le risque accru de diabète dans les populations qui n’ont adopté que récemment les régimes alimentaires occidentaux, par exemple parmi les peuples autochtones d’Amérique du Nord et du Pacifique. Cette hypothèse suggère que certains gènes facilitant la transformation des aliments en énergie se retrouvent plus souvent dans ces populations en raison de la difficulté jusqu’à récemment de se procurer de la nourriture. Elle est considérée comme raciste et les fameux gènes n’ont pas encore été retrouvés.
«Nous savons que parmi les personnes qui ont connu très jeune la famine en Ukraine dans les années 1930 et aux Pays-Bas en 1945, le risque de diabète et d’autres maladies métaboliques est plus élevé», explique M. Templeton. Lors de famines où il y a de la mortalité, les personnes possédant un gène protégeant contre ces maladies métaboliques pourraient être favorisées. Mais il n’existe actuellement aucune preuve épidémiologique de cette évolution. »
Le mécanisme par lequel le fait de ressentir la faim à un âge précoce prédispose à des maladies métaboliques ultérieures est appelé « épigénétique ». L’expression de certains gènes est modifiée par l’environnement.
Mais hormis la survie des personnes qui ne présentent pas cette vulnérabilité épigénétique, il n’existe pas beaucoup de preuves que ces altérations épigénétiques se transmettent d’une génération à l’autre. « On pense que cela est possible chez le rat, mais cela n’est pas prouvé sans aucun doute », explique Templeton. Une étude sur les gènes qui protègent contre la maladie du sommeil dans les populations africaines a détecté des modifications de type épigénétique dans les gènes voisins. »
La transmission des altérations épigénétiques est difficile chez les mammifères puisque la transmission de leurs gènes est assurée par des cellules spécialisées, des ovules et des spermatozoïdes. Si les altérations épigénétiques n’affectent pas ces cellules reproductrices, elles ne seront pas transmises.
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