Des migrants se pressent sur un canot pneumatique de passeur pour tenter de traverser la Manche, après avoir quitté la plage d’Ecault à Saint-Etienne-au-Mont, près de Neufchâtel-Hardelot, dans le Pas-de-Calais, le 30 octobre 2024 (AFP / Sameer Al-DOUMY )
Les drames dans la Manche se poursuivent en plein hiver : trois personnes sont mortes dimanche lors d’une traversée illégale, portant à au moins 76 – un record – le nombre de migrants morts cette année dans de telles tentatives.
Les trois victimes ont été récupérées par l’hélicoptère de la Marine nationale et transportées à la base nautique de Sangatte (Pas-de-Calais) où leur décès a été constaté, ont indiqué la préfecture maritime (Prémar) et la préfecture du Pas-de-Calais dans un communiqué de presse commun. libérer.
Les deux premières seraient des hommes majeurs, selon une source proche des secours, tout comme la troisième victime, “apparemment de sexe masculin, majeur”, selon le maire de Sangatte Guy Allemand.
Quatre personnes en relative urgence “ont été transportées vers les centres hospitaliers de Calais et de Boulogne-sur-Mer”, ont ajouté les préfectures, soulignant que “la recherche d’éventuels naufragés en mer se poursuit”.
Vers 6 heures du matin, plusieurs personnes se sont retrouvées à l’eau après avoir tenté de monter à bord d’un bateau déjà surchargé sur la plage de Sangatte, ont expliqué les autorités, selon lesquelles le canot pneumatique poursuivait sa route vers l’Angleterre.
Vers 6h20, une équipe d’Utopia 56 a croisé une quinzaine d’exilés, trempés, sur une route près de Blériot-Plage, une plage de Sangatte, puis un autre groupe d’une trentaine de migrants dans le même état, a déclaré à l’AFP Célestin Pichaud, coordinateur de cette association d’aide aux exilés. Ils ont pu leur donner des chaussettes et des pantalons avant l’arrivée des secours.
– « hypothermie » –
Un dispositif de secours très important a été déployé sur place, avec une trentaine de véhicules de pompiers, de protection civile, de police et de CRS, a constaté un correspondant de l’AFP.
Quarante-cinq personnes ont été soignées à terre, « pour la plupart en hypothermie », précisent les préfectures.
Un hélicoptère survolait toujours la zone en milieu de matinée.
«Les gens sur place nous ont immédiatement signalé qu’un enfant était tombé à l’eau, nous n’avions aucune information sur un enfant retrouvé», a indiqué Célestin Pichaud.
Depuis Noël, malgré la météo hivernale, des vents légers favorisent les tentatives de traversée.
Entre mercredi et samedi, près de 1.500 migrants ont atteint les eaux anglaises à bord de « smallboats », des embarcations fragiles et souvent surchargées, selon les chiffres communiqués par les autorités britanniques. Depuis janvier, plus de 36 000 personnes ont traversé par ce biais.
« De nombreux départs » ont encore eu lieu dimanche matin, selon Prémar. Utopia 56 a reçu quatre appels de bateaux en détresse, selon Célestin Pichaud.
– « on reste sur du curatif » –
“On a commencé l’année le 14 janvier avec cinq décès, on termine l’année avec trois morts sur le littoral car rien ne change”, a regretté Flore Judet, coordinatrice de L’Auberge des migrants, qui a participé sur place. dans la nuit sur la maraude d’Utopia 56.
Le dispositif mis en place est “inédit dans la commune”, a assuré Guy Allemand à l’AFP.
Malgré des renforts annoncés fin novembre par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, “les moyens restent insuffisants ou pas forcément efficaces dans la mesure où on reste sur des mesures curatives”, estimait alors le maire devant la presse.
“La seule façon d’éviter (ces tragédies) est d’ouvrir le débat avec l’Angleterre”, a-t-il assuré, une demande qu’il a déjà formulée ces derniers mois auprès de plusieurs édiles de villes côtières, réunis collectivement pour exiger un bras de fer avec le Royaume-Uni.
Avec au moins 76 morts, l’année 2024 a été la plus meurtrière en mer pour les candidats à l’exil vers l’Angleterre qui prennent davantage de risques pour braver une frontière ultra-sécurisée.
Depuis l’apparition des « petites embarcations » dans cette zone en 2018, les traversées ont évolué, marquées par « une prise de risque croissante de la part des passeurs », observait Prémar mi-décembre.
Leurs bateaux sont de « mauvaise qualité » et « inadaptés » à la traversée du détroit du Pas-de-Calais, soumis à des conditions météorologiques difficiles et qui concentre près de 25 % du trafic maritime mondial, rappelle-t-elle.