A peine les grandes lignes du réforme de la Moudawana révélé à la fin de la séance de travail que Sa Majesté le Roi Mohammed VI présidé, lundi dernier au Palais Royal de Casablanca, le formations politiquestoutes références idéologiques confondues, ont tenu à accueillir ce projet de réforme dans sa globalité. Même le partis d’opposition ont salué les annonces faites, exprimant à leur tour leur satisfaction, même si leurs positions reflètent des attentes contrastées, selon leurs visions respectives de la société et leurs cadres de référence idéologiques. Au sein des partis majoritaires, la réforme annoncée de la Moudawana a suscité un fort soutien et des réactions enthousiastes.
PAM : urgence et organisation, les maîtres mots
Une lecture attentive du communiqué officiel du Parti Tracteur souligne l’importance que ce groupe politique attache à l’accélération du processus législatif. Le PAM insiste pour que le gouvernement passe à la vitesse supérieure, en élaborant rapidement les textes juridiques de cette réforme et en les soumettant au Parlement pour adoption dans les plus brefs délais. Dans cet esprit, le PAM met en garde contre les « calculs étroits » qui pourraient freiner cette dynamique et appelle à un large consensus national pour accompagner cette réforme structurante lors des différentes étapes législatives de sa mise en œuvre.
Le parti insiste également sur l’importance d’accompagner cette réforme par un renforcement significatif des ressources humaines qualifiées, notamment par la mise à disposition et la formation de magistrats et de cadres capables de garantir une mise en œuvre effective des nouvelles dispositions. Pour concrétiser cette vision, le PAM préconise la tenue urgente de réunions entre les composantes de la majorité afin de coordonner les efforts et de définir les actions nécessaires à lancer. Ainsi, tout en mettant l’accent sur une gestion pragmatique centrée sur l’organisation et l’urgence, le PAM réaffirme son attachement à une dynamique nationale faisant consensus.
Pour le RNI, la sensibilisation et l’accompagnement sociétal deviennent des priorités
Le RNI, de son côté, souligne l’importance de la communication autour de cette réforme historique. Dans un communiqué rendu public, le Parti de la Colombe salue la démarche royale, basée sur les principes de consultation et de participation, qui a guidé les travaux du comité de révision. Le RNI met également l’accent sur les orientations tracées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, fondées sur les piliers de la justice, de l’égalité, de la solidarité et de l’harmonie. Ces principes, selon le parti, constituent la base d’une révision réussie du Code de la famille.
Dans cette perspective, le RNI soutient activement le rôle du Conseil supérieur des oulémas, invité par Sa Majesté le Roi à mener un effort d’interprétation constructif pour répondre aux besoins évolutifs des familles marocaines. Le parti souligne également la nécessité d’informer efficacement l’opinion publique, tant au Maroc que parmi les Marocains résidant à l’étranger, afin de garantir un soutien large et enthousiaste à cette réforme ambitieuse. Pour ce faire, le RNI prône une stratégie de communication continue visant à renforcer la confiance et l’enthousiasme autour de ce projet sociétal. A cette occasion, il réaffirme son engagement total aux côtés de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, tout en soulignant l’importance de sensibiliser les citoyens aux enjeux de cette révision.
Le PPS accueille une perspective égalitaire et progressiste
L’ancien Parti communiste a également salué la réforme concernant la réglementation du mariage polygame, qui imposera des restrictions et des conditions plus strictes, ainsi que la valorisation du travail domestique des femmes, ainsi que l’égalité des responsabilités parentales. L’autre point important pour le PPS est l’annonce de la mise en place de mécanismes de gestion des biens acquis lors du mariage.
Cependant, malgré ces avancées, le Parti de Nabil Benabdallah a annoncé qu’elle procéderait à une évaluation plus approfondie des nouvelles dispositions dans les étapes ultérieures et poursuivrait son plaidoyer auprès du Parlement, en coordination avec les mouvements démocratiques, progressistes et de femmes, pour parvenir à la pleine égalité des sexes. Le parti souligne en outre qu’il s’efforcerait de contrer les exceptions qui pourraient affaiblir la portée réformatrice du projet, tout en plaidant pour des réformes complémentaires, comme la réforme de la justice familiale et la révision des textes relatifs à l’égalité. et les droits des enfants.
PJD : priorité à la préservation des principes religieux
Le PJD a également insisté sur la nécessité d’adopter un cadre législatif en harmonie avec les données sociodémographiques actuelles, notamment les préoccupations liées à la baisse de la natalité et à l’accélération du vieillissement démographique. A cet égard, le Parti de la Lampe a appelé à des mesures visant à faciliter le mariage et à renforcer la stabilité des familles marocaines, en vue de garantir leur pérennité et leur rôle fondamental dans la société. Le parti a également souhaité saluer l’initiative Royale de confier au Conseil Supérieur des Oulémas l’examen des textes relatifs à la Moudawananotamment celles touchant les domaines religieux, en vue de produire des avis juridiques pertinents (fatwas). Le PJD considère cette décision comme un gage de rigueur religieuse et juridique, garantissant que les réformes respectent les principes de la charia tout en étant adaptées aux évolutions sociales.
Néanmoins, le PJD a insisté pour que le projet de loi tienne compte des valeurs de solidarité, de justice et d’équité, tout en préservant les fondements religieux de la famille. Le parti a ainsi exprimé son soutien à la réforme, à condition qu’elle intègre ces principes. En ce sens, il a souligné que la vigilance doit demeurer dans le processus législatif afin de s’assurer que le texte final soit conforme aux attentes sociétales, tout en respectant les fondements religieux et culturels du pays.
L’USFP, une vision réformiste et moderniste de l’égalité femmes-hommes
Le Parti Rose a rappelé à ce propos qu’il avait toujours soutenu l’idée d’une réforme permettant d’adapter le Moudawana aux réalités actuelles de la société marocaine, tout en veillant à ce que droits des femmes et des enfants sont protégés et renforcés. L’USFP a salué à juste titre la démarche royale consistant à confier au Conseil supérieur des oulémas la mission d’émettre des avis juridiques sur les textes religieux. Cette mesure garantit, selon l’USFP, une approche équilibrée qui évite l’instrumentalisation politique du religieux tout en répondant aux besoins contemporains de la société.
Le parti a également salué l’initiative royale qui appelait à un processus de consultation large et inclusif, impliquant les différentes parties prenantes, le qualifiant de « garantie de transparence et de respect des principes constitutionnels ». L’USFP a rappelé à cet égard que le réforme de la Moudawana est essentielle à la construction d’une société plus juste et égalitaire, respectant les droits de tous, sans discrimination.
Malgré des référentiels idéologiques variés, il semble évident que les partis d’opposition sont unis dans leur soutien au projet de réforme, qu’ils considèrent comme une étape clé dans le renforcement des fondations de la famille marocaine. Certes, leurs priorités diffèrent sur certains points, mais ils s’accordent sur la nécessité du changement, ses objectifs et la méthodologie adoptée. Ainsi, si les partis PPS et l’USFP prônent l’égalité totale et la conformité aux normes internationales, le PJD met l’accent sur la sauvegarde des principes religieux, notamment en matière de mariage et de droits familiaux. Cette divergence illustre les défis qui attendent cette réforme avant son adoption par le Parlement et, au-delà, la diversité qui caractérise la société marocaine et l’importance de concilier tradition et modernité.
MP : L’examen de ce projet par le Parlement doit être un moment de convergence et de maturité politique
Le Mouvement populaire a particulièrement salué l’approche participative adoptée pour cette réforme, mettant l’accent sur l’ouverture de la commission à toutes les composantes politiques et civiles, conformément aux orientations royales. Cette méthodologie a permis, selon le parti, d’assurer une consultation approfondie et un large consensus. Le député s’est également félicité des avancées contenues dans le projet avec des mesures qui “répondent largement aux revendications formulées par le Mouvement populaire et traduisent une volonté sincère de renforcer la justice et l’équité au sein de la famille marocaine”. Toutefois, le Mouvement populaire reste conscient des défis qui persistent. Sur des questions sensibles comme l’héritage et la filiation, le parti a rappelé la nécessité d’avancer avec prudence, tout en gardant la porte ouverte à l’Ijtihad. « Il est essentiel que les solutions apportées respectent les fondements religieux tout en garantissant une plus grande équité », précise le communiqué.
Enfin, le parti a salué l’appel royal invitant le Conseil supérieur des oulémas à poursuivre sa réflexion pour répondre aux enjeux familiaux à travers une jurisprudence innovante et adaptée aux évolutions de la société. Le communiqué conclut en appelant à un esprit de responsabilité et d’unité. L’examen de ce projet par le Parlement devrait, selon le parti, être un moment de convergence et de maturité politique. “Ce projet reflète la singularité de notre nation, capable de gérer judicieusement ses différences et de répondre aux aspirations de ses citoyens tout en préservant son identité profonde”, a insisté le Mouvement populaire.