Les nouvelles techniques comptables, couplées à des tendances claires dans les importations, réduisent la balance commerciale entre l’économie française et son voisin britannique.
(illustration) (POOL / DENIS CHARLET)
L’excédent commercial de la France avec le Royaume-Uni a diminué de près de 20 % entre 2018 et 2023, selon une étude de la Direction générale des douanes publiée vendredi 27 décembre, qui attribue « l’essentiel de la dégradation » à un changement comptable lié au Brexit.
La balance commerciale a diminué de 2,5 milliards d’euros entre 2018, année prise comme référence avant le Brexit et la crise du Covid, et 2023, pour s’établir à 9,6 milliards d’euros.
L’excédent commercial avec le Royaume-Uni reste le premier excédent commercial enregistré par la France dans le monde, en 2018 et en 2023.
La France, « hub » vers le reste de l’Europe
La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) le 31 janvier 2020, puis du territoire douanier l’année suivante, a contraint la plupart des entreprises européennes important des produits britanniques à payer des droits de douane.
Donc,
de nombreuses marchandises traversent la Manche pour être « dédouanées » en France avant d’être réexportées vers un autre pays de l’UE.
C’est ce que les experts appellent des « flux de quasi-transit d’importation ».
“L’apparition de ces flux commerciaux de quasi-transit, inexpliqués avant le Brexit, accroît les importations en provenance du Royaume-Uni, et peut expliquer l’essentiel de la dégradation de la balance”, estime le rapport.
Sur tous les produits échangés,
les importations (+5,5 milliards d’euros) ont augmenté plus vite que les exportations (+3,0 milliards d’euros).
Cet effet « hub » de la France, combiné à
« dynamisme » des importations d’agneau, de saumon et de cheddar britanniques,
Cela a particulièrement pesé sur l’équilibre des industries agroalimentaires, soutient l’étude.
La balance des produits manufacturés a également souffert, plombée par les exportations françaises de bijouterie et de joaillerie en berne.
En revanche, les secteurs des matériels de transport – principalement aéronautique et automobile – et des machines ont survécu, tirés par les ventes françaises d’avions, de turboréacteurs, de voitures et de camions. Ces évolutions interviennent dans un contexte où Londres a réorienté ses échanges commerciaux vers les pays extérieurs à l’UE.
« Dans l’ensemble, le commerce extérieur a perdu en intensité entre le Royaume-Uni d’une part et l’Union européenne (UE) d’autre part. Depuis le Brexit, le Royaume-Uni s’est davantage tourné vers le reste du monde », décrit le rapport.
La part de l’UE dans les importations britanniques est passée de 52 à 40 % en cinq ans.
tandis que celui de la Chine et des États-Unis a augmenté tous deux, de 9 % à 13 % pour Pékin et de 9 % à 12 % pour Washington.