Coup de théâtre au procès d’un couple de Saint-Sauveur accusé d’avoir enlevé un adolescent après une banale plaisanterie « sonne décrisse » : Claude Bourgie et Mariama Diaby devront subir un deuxième procès, puisque le jury n’est pas parvenu à s’entendre sur la moitié des frais. Ils ont cependant été en partie acquittés.
Le jury n’a pas pu se prononcer sur trois des six chefs d’accusation, une situation plutôt inhabituelle. “Nous sommes toujours dans une impasse”, a expliqué mercredi matin le juge Gregory Moore. Claude Bourgie, 65 ans, a été accusé d’enlèvement, de séquestration, de menaces de mort et de voies de fait. Sa compagne, Mariama Diaby, 53 ans, était accusée d’enlèvement et d’agression.
L’homme de 65 ans a été acquitté des accusations d’agression sur un adolescent et de menace de mort. Son épouse a également été déclarée non coupable de l’accusation d’enlèvement.
Les 12 jurés doivent être unanimes pour rendre un verdict. Cette impasse signifie donc qu’il n’y a pas eu unanimité sur certaines accusations. Pour rendre un verdict de culpabilité, il faut les convaincre hors de tout doute raisonnable.
Le jury n’a pas réussi à s’entendre sur les accusations d’agression portées contre Mme.moi Diaby et ceux d’agression sur un autre jeune et d’enlèvement concernant M. Bourgie. Un deuxième procès aura donc lieu l’année prochaine pour ces trois chefs d’accusation seulement.
Selon la thèse de la Couronne, quatre adolescents auraient frappé à la porte du couple Bourgie-Diaby, le 16 août 2021, à Saint-Sauveur. L’accusé les aurait alors poursuivis au volant de sa Porsche, traîné de force l’un des jeunes dans son garage et l’aurait attaché avec une corde, avec l’aide d’une tierce personne. La victime, âgée de 14 ans, faisait partie d’un groupe de jeunes qui ont frappé à la porte du domicile des deux accusés. Les adolescents se sont alors enfuis. Un jeu communément appelé « sonne décrisse » dans le jargon populaire.
« Une simple plaisanterie », a décrit la procureure de la Couronne, Mme.e Jennifer Lepage, dans sa déclaration introductive au procès de Claude Bourgie et Mariama Diaby en novembre dernier.
“Nous sommes ici à cause des réactions disproportionnées et des gestes motivés par la vengeance”, a expliqué M.e Lepage, qui fait équipe avec Me Éric Bernier. Les suspects étaient « incapables de contrôler leurs émotions », selon le procureur.
Le jury s’est finalement prononcé en faveur du couple, défendu par M.e Marc Labelle et M.e Claudia Doyle.
« Au voleur, au voleur ! »
Les avocats de Claude Bourgie et Mariama Diaby avaient évoqué la légitime défense lors de ce procès de cinq semaines. Le couple revenait tout juste d’un long voyage en Afrique le jour de « sonne decrisse ».
Claude Bourgie, un homme sans antécédents ni casier judiciaire, croyait avoir affaire à un groupe de voleurs peu coopératifs, a affirmé l’accusé lors de son témoignage. Sa compagne a soutenu cet argument lorsqu’elle s’est adressée au jury.
M. Bourgie avait détaillé son hospitalisation en Guinée et son état de santé défaillant. Il a ajouté que lors de son déplacement, un groupe était entré dans sa cour à Saint-Sauveur à son insu. Les gens ont été surpris par un voisin qui faisait la fête dans sa piscine.
Le couple avait donc supposé que les jeunes qui avaient fait la plaisanterie du « coup de son » faisaient partie de ceux qui s’étaient introduits par effraction dans leur domicile quelques semaines plus tôt alors qu’ils étaient absents.
«J’ai crié voleur, voleur», se souvient M. Bourgie.
Mmoi Diaby a déclaré qu’il ignorait qu’un adolescent était attaché dans son garage. Au lieu de cela, elle a affirmé que certains jeunes semblaient vouloir l’attaquer. « Mon père va vous détruire », aurait dit l’un d’eux, en plus de proférer des propos racistes, selon sa version des faits.