La cour administrative d’appel de Bordeaux a annulé ce mercredi 18 décembre l’autorisation environnementale délivrée en 2017 pour les retenues du marais poitevin, donc celui de Sainte-Soline.
De quoi relancer la bataille sur les mégabassins. La cour administrative d’appel de Bordeaux a donné raison, ce mercredi 18 décembre, au recours des opposants contre l’autorisation environnementale délivrée en 2017 pour les retenues du Marais poitevin.
Le rapporteur public avait proposé d’annuler l’arrêté préfectoral pour quatre bassins, dont celui de Sainte-Soline, en cours de comblement, comme le demandait une dizaine d’associations environnementales. Il a estimé que l’implantation de ces ouvrages dans des zones sensibles pour l’outarde naine, espèce d’oiseau menacée, n’était pas conforme à la législation sur la protection des espèces. “Le tribunal suspend l’autorisation accordée pour ces quatre réserves jusqu’à l’éventuelle délivrance de cette dispense”, a indiqué la cour administrative d’appel de Bordeaux dans un communiqué publié dans l’après-midi.
Les critiques espéraient une suspension partielle ou totale du projet. « Cela pourrait être un tournant dans cette affaire. Il existe même une possibilité que le projet soit annulé si des dérogations ne sont pas accordées pour ces quatre bassins.a déclaré Julien Leguet, porte-parole du collectif « Bassines non merci », avant que la décision ne soit prise.
Mobilisation à Sainte-Soline
Les réservoirs d’eau destinés à l’agriculture, souvent appelés mégabassins, sont fortement contestés par les associations de défense de l’environnement, menées par les Soulèvements de la Terre. La contestation a atteint son paroxysme le 25 mars 2023 lorsque 30 000 personnes – 6 000 selon la préfecture des Deux-Sèvres – ont tenté d’accéder au chantier de construction d’une réserve de 16 hectares à Sainte-Soline.
La police les a repoussés en envoyant plus de 4 000 grenades en deux heures. En conséquence, deux personnes ont été hospitalisées dans le coma. Neuf opposants aux mégabassins ont été condamnés à des peines de prison avec sursis ou à des amendes, notamment pour avoir organisé des manifestations interdites. Les critiques de ces mégabassins dénoncent un «palissade» l’eau par l’agro-industrie.
Au fond, la création de mégabassins pour permettre la poursuite des cultures nécessitant une irrigation dans un contexte de sécheresses fréquentes dues au réchauffement climatique est loin d’être une évidence. En octobre 2023, le tribunal administratif de Poitiers a annulé deux projets de 15 retenues d’eau en Poitou-Charentes. En janvier de la même année, la cour d’appel de Bordeaux annule l’autorisation du projet de réservoir de remplacement en Charente-Maritime, tandis qu’en février l’utilisation de cinq mégabassins déjà construits en Charente-Maritime est interdite. par le Conseil d’État.
Certains agriculteurs souhaitent également assouplir les règles pour autoriser les bassins. Ils ont été entendus par les sénateurs Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (Union centriste). Dans leur proposition de loi visant à « libérer la production agricole des obstacles normatifs »ils ont introduit la facilitation des projets de stockage d’eau, ayant un « un grand intérêt général ». Le débat sur les bassines n’est pas terminé.