(Agence Ecofin) – Annoncé comme un tournant majeur pour l’avenir du secteur énergétique ouest-africain, le projet de fusion entre Kosmos Energy et Tullow Oil ne verra a priori pas l’aboutissement escompté, car la partie américaine s’est retirée de la table des négociations.
Kosmos Energy a décidé de se retirer des négociations pour l’acquisition de Tullow Oil, mettant ainsi fin à ce qui aurait pu être un revirement salvateur pour la société britannique qui lutte depuis des années pour rester compétitive dans un secteur pétrolier en rapide évolution.
Il faut savoir que Kosmos se réserve le droit de reconsidérer sa position sous « certaines conditions ».
Pour Tullow, cette fusion représentait bien plus qu’une opportunité de croissance. Cela représentait une belle opportunité de stabiliser ses finances et de retrouver un semblant de dynamisme. Depuis des années, la société accumule échecs et pertes, entre projets coûteux mais infructueux au Kenya et baisse de rendement de ses champs ghanéens. Avec une dette d’environ 1,4 milliard de dollars, sa capacité à planifier l’avenir semble de plus en plus compromise. De plus, avec un leadership en transition – le PDG Rahul Dhir ayant annoncé son départ – et des options de financement qui s’amenuisent, la question n’est plus de savoir si Tullow peut se réinventer, mais plutôt combien de - encore elle pourra résister.
L’annonce a provoqué un choc sur les marchés. Les actions de Tullow ont plongé de 11 %, tandis que les actions de Kosmos ont bondi. Une réaction qui reflète le scepticisme croissant des investisseurs quant à la survie de Tullow. L’entreprise avait pourtant assuré être bien positionnée pour optimiser ses opérations tout en restant autonome, mais ces déclarations peinent à convaincre face à une réalité financière de plus en plus implacable.
L’échec de cette fusion, qui aurait permis de mutualiser les ressources et de réduire les coûts dans des projets communs au Ghana, met en lumière un problème plus profond : Tullow semble avoir perdu sa capacité à inspirer confiance. Selon James Hosie, analyste chez Shore Capital Stockbrokers, ni les créanciers ni les gouvernements, notamment celui du Ghana, ne semblaient prêts à soutenir cette alliance, signalant implicitement un manque de perspectives pour l’entreprise.
Kosmos, de son côté, se retire, capitalisant sur sa position de force. L’entreprise continue de progresser grâce à son portefeuille diversifié et à ses projets stratégiques, comme le développement du gaz naturel au Sénégal et en Mauritanie.
Alors que l’industrie pétrolière ouest-africaine évolue vers des modèles plus agiles, axés sur le gaz naturel et la transition énergétique, Tullow semble piégée dans un passé dominé par le pétrole. L’échec de cette fusion symbolise les enjeux d’une industrie où les entreprises fragiles peinent à trouver leur place.
Quoi qu’il en soit, il y a encore de l’espoir pour Tullow. La société a vu son bénéfice net plus que doubler au premier semestre 2024, grâce à l’augmentation de la production de pétrole et de gaz, ainsi qu’à de meilleures réalisations pour le pétrole brut. Elle anticipe un « augmentation substantielle de son cash-flow libre » au second semestre et maintient ses prévisions annuelles entre 200 et 300 millions de dollars, à condition que le prix du baril reste autour de 80 dollars.
Olivier de Souza
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