Décès de Pierre Kunz –
Un combattant du radicalisme genevois a disparu
Député, constituant, président d’associations, Pierre Kunz n’a jamais mâché ses mots.
Publié aujourd’hui à 15h29
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L’un des chevaux légers du radicalisme genevois a disparu. Vif, vif, chargeant au sabre son adversaire, Pierre Kunz a disparu. Il avait 82 ans.
Directeur de Balexert, marié, père de deux enfants, Pierre Kunz incarnait l’aile économique du parti et croisait le fer avec la gauche avec un certain délectation. Mais pas seulement à gauche. Lors de la séance d’adieu au Grand Conseil en 2008, son collègue du parti Gabriel Barrillier, ancien patron de la Fédération des métiers du bâtiment, se souvient de leur première rencontre. « Il a failli faire irruption dans mon bureau de la rue Bellot, à l’époque, pour m’expliquer, à moi, le secrétaire du bâtiment, comment résoudre la crise du logement et baisser les coûts de construction ! Juste ça ! Je lui ai dit que les coûts de construction étaient largement déterminés, par exemple, par les salaires, fixés par les conventions collectives de travail, et par la paix sociale, qui profitait à la société dans son ensemble. A cela, il a répondu que les compromis doux ne l’intéressaient pas beaucoup.
L’ennemi de la faiblesse
Cette chute sur les compromis détestés… c’était totalement Kunz ! Provocateur, combatif, imprévisible, l’homme a été élu au Grand Conseil en 1993, à l’époque du gouvernement d’une seule couleur. Il s’est rapidement imposé comme un député de premier plan, nettement plus à droite que Guy-Olivier Segond par exemple. En 1997, il renonce à se présenter au Conseil d’État et quitte le Grand Conseil lorsque la gauche devient majoritaire. Quatre ans plus tard, alors que Segond termine sa carrière, il est nommé pour accompagner Gérard Ramseyer au Conseil d’État. Mais le résultat de l’élection au Grand Conseil fut si mauvais que le parti abandonna, préférant se rallier derrière son président sortant.
Malgré la manœuvre, ce fut un échec. Les radicaux sont éliminés du gouvernement pour la première fois depuis 1846. « C’était une époque d’incertitude, mais avec Bernard Lescaze, Thomas Büchi, Roger Beer, Pierre Kunz assuraient la transition. Il a fait tenir le fil», se souvient Gabriel Barrillier. Pierre Kunz a été réélu au Grand Conseil, où il a souligné la situation difficile de la Caisse de retraite des fonctionnaires, ce qui ne lui a pas seulement valu des amitiés.
Responsabilité individuelle
Il quitte le Parlement en 2008 pour rejoindre les rangs de l’Assemblée constituante. Thomas Büchi, également radical, siégeait aux côtés de Pierre Kunz dans les deux assemblées. Il évoque un « homme positif, positif, que je n’ai jamais vu de mauvaise humeur. Il pensait qu’un État trop grand se nourrit de travail et limite la liberté d’entreprise.»
« Il était un passionné des institutions », renchérit Murat-Julian Alder, député et électeur PLR, « qui savait allier grandeur d’esprit et discours percutants ».
L’ancien patron de Balexert résumait ainsi ses positions : « Je suis un humaniste qui prône la responsabilité individuelle, la méritocratie et l’entrepreneuriat. L’État ne doit jouer qu’un rôle subsidiaire ; de la providence, elle doit devenir sociale. Bernard Favre, un de ses amis personnels et ancien secrétaire du Parti radical, commente : « C’était un député qui avait une grande crédibilité sur les finances publiques, où il apparaissait comme un dur à cuire, mais il était très investi dans les causes sociales. »
Il est difficile de résumer toutes les activités menées parallèlement à la politique. Pierre Kunz a notamment été président de l’Institut national de Genève, président d’Emmaüs, auteur d’innombrables contributions sur son blog, hébergé par la Tribune de Genève, intitulé « Je la sais la musique ». Ce soutien lui a permis de multiplier des positions originales, de l’opposition à l’initiative de l’UDC sur les minarets en 2008, à celle contre la grande alliance de la droite au second tour des élections cantonales de 2023, qualifiée de «alliance plus fumeuse que célèbre».
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