“On a fait d’un criminel un écrivain”, fustige Kamel Daoud

La cour d’appel d’Alger doit se prononcer mercredi sur la demande de libération de Boualem Sansal. L’écrivain de 80 ans a été placé en état d’arrestation pour « atteinte à la sûreté de l’État ».

Publié le 12/11/2024 10:35

- de lecture : 2min

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L’écrivain Kamel Daoud, le 11 décembre 2024 sur Inter. (FRANCE INTER/RADIO FRANCE)

“On a fait d’un écrivain un criminel et on baisse les yeux devant de vrais criminels”, fustige l’écrivain Kamel Daoud mercredi 11 décembre sur France Inter, alors que la chambre d’accusation de la cour d’appel d’Alger doit se prononcer dans la journée sur la demande de libération de Boualem Sansal. L’écrivain franco-algérien est incarcéré en Algérie depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’État, ce que dénonce Kamel Daoud. L’écrivain franco-algérien estime que “le délit” au contraire “c’est ne pas pouvoir parler de la guerre civile.”

La détention de Boualem Sansal a suscité un grand émoi à l’échelle internationale, et particulièrement en France. Une conférence de presse sera tenue dans la journée par l’éditeur Gallimard. Kamel Daoud sera présent lors de cette mobilisation, mais il craint qu’il ne puisse pas « faire bouger les choses ». “Ce régime n’est pas sensible à la mobilisation internationale car il a construit son équation de survie sur le fait que le monde entier est en colère contre lui et qu’il existe une conspiration internationale”, il maintient. Kamel Daoud accuse en effet le régime algérien d’être « faible, plein de ressentiment et violent ».

S’il admet être “pessimiste”le lauréat du prix Goncourt 2024 espère encore que cela permettra de ne pas «ne pas faire tomber Boualem Sansal dans l’oubli». « Si on oublie en France le prix de la liberté, on la perdra »prévient Kamel Daoud, qui se demande pourquoi nous « juger les écrivains pour les crimes commis par les terroristes ».

Kamel Daoud évoque également son cas plus personnel et les attaques dont il fait l’objet depuis la parution de son roman. Houris. L’écrivain confie son sentiment “colère, sentiment d’humiliation, tristesse” également mélangé à son « joie et fierté d’avoir eu le Goncourt ». Il se demande ce que sont les critiques concrètes contre des écrivains comme lui ou Boualem Sansal. « Pour défendre les femmes et la liberté ? Je l’accepte. Pour dénoncer l’islamisme et l’autoritarisme ? Je le suppose »rétorque-t-il.

 
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