L’aventurier milliardaire Jared Isaacman à la tête de la NASA : voici le choix de Donald Trump, président élu des Etats-Unis. Est-ce surprenant ? Non. Cela aura-t-il de fortes conséquences politiques et stratégiques pour la NASA ? Nous pouvons parier que oui.
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Une nouvelle phase après le New Space ?
Cette décision marque définitivement une nouvelle ère pour l’espace. On pourrait même dire que le fameux New Space, qui a vu émerger des entreprises privées rivalisant avec les agences historiques et étatiques par une approche plus pragmatique, est désormais derrière nous. Pour le moins, l’étape de la concurrence, voire celle de la convergence des acteurs étatiques et privés, semble dépassée. Vient ici une phase de fusion. En effet, qui aurait pensé il y a quelques mois que le premier astronaute privé à effectuer une sortie dans l’espace – ce qui en soi était déjà assez fou – se retrouverait alors à diriger la NASA en tant qu’administrateur ? Un poste qui lui permettra également d’être le principal conseiller de Donald Trump sur les politiques spatiales.
Oui, ce choix nous semble disruptif. La nomination d’un dirigeant de la NASA est le résultat d’une décision politique forte et certains anciens administrateurs ont marqué l’histoire, comme James Edwin Webb, dont le mandat était consacré à la mise en place des missions historiques Apollo. Preuve de son travail, son nom fut alors donné au plus redoutable télescope spatial (fichier à lire ici). Sous Barack Obama, le directeur de la NASA, Charles Bolden, a par exemple réorienté une grande partie des budgets de l’agence vers la surveillance du changement climatique sur Terre, abandonnant en partie le « rêve » spatial. La nomination de Jared Isaacman constitue donc un choix politique fort.
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Elon Musk et SpaceX auront-ils les mains libres ?
Bien sûr, c’est la grande question qui vient ensuite. Jared Isaacman est un ami personnel d’Elon Musk, également devenu astronaute grâce au patron de Tesla et SpaceX. Il y a donc bien une collusion entre eux. On peut donc imaginer, juste pour établir un euphémisme, que cela ne sera pas un frein aux ambitions de Musk.
Les questions autour de l’avenir d’Artemis, le programme lunaire habité nord-américain, et notamment de son lanceur super lourd SLS, désormais en concurrence avec le Starship, ne s’arrêteront pas. Le rêve absolu d’Elon Musk, qui est d’amener l’Homme à poser le pied sur le sol de Mars, et même de s’y installer définitivement, doit lui paraître aujourd’hui plus proche que jamais. Un horizon néanmoins encore très, très, très lointain en pratique.
On ne sait toujours pas comment envoyer aussi longtemps des astronautes hors du champ magnétique protecteur terrestre, et on passera sous silence le taux d’échec de 50 % des missions sur Mars en général. Il ne faudra sans doute pas y compter avant la fin des années 2030, mais le prochain locataire du Bureau ovale semble vouloir poser les premières briques politiques, tout comme il avait mis Artémis sur le chemin de la Lune lors de son premier mandat. .