« Ecolo ne gagnera pas en faisant simplement différemment de Jean-Marc Nollet »

« Ecolo ne gagnera pas en faisant simplement différemment de Jean-Marc Nollet »
« Ecolo ne gagnera pas en faisant simplement différemment de Jean-Marc Nollet »

La défaite d’Ecolo le 9 juin est actée. Quelle est la raison principale ?

Il y a plusieurs raisons. Celles qui m’intéressent sont celles sur lesquelles j’ai le contrôle, les éléments internes. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de questions, d’intuitions, mais pas beaucoup de réponses. J’y travaille, mais il faut le faire collectivement. Clairement, nous n’avons pas convaincu.

Vous vous attendiez à un une telle défaite ?

Je m’attendais à ce que ce ne soit pas aussi bon qu’en 2019. Mais maintenant, avec à peine deux députés à la Chambre, c’est pire que tout ce que nous avons jamais connu… Quelque chose nous a clairement échappé. Il faut prendre le temps d’analyser et ne pas s’arrêter à l’écume. La campagne a été rude, nous avons payé le prix à Bruxelles d’une campagne anti-Good Move. Il existe également un contexte défavorable aux Verts au niveau européen. Malgré cela, si nous avions convaincu, la défaite aurait été moins violente. Si nous avions été parfaits dans nos interventions (gouvernementales), nous aurions pu amortir le choc. Dire cela est le contraire de l’irresponsabilité. Je veux travailler là-dessus, sur nos leviers, pour faire mieux demain.

Après la débâcle électorale, Ecolo doit se réorganiser à marche forcée

Qu’est-ce qui explique la différence avec 2019 ?

En 2019, il y avait un contexte favorable à l’écologie, qui n’est plus là. Aujourd’hui, nous parlons de sécurité, etc. Mais à côté de cela, nous avons aussi perdu un électorat que nous avions gagné. Personnellement, j’envie tous les éditorialistes, analystes politiques ou mes collègues qui savent aujourd’hui ce qui a été ou n’a pas été…

Il y a un écart entre Ecolo, désormais clairement positionné à gauche, et ces électeurs que vous aviez reconquis au centre et au centre-droit en 2019.

En 2019, nous avons conquis, au MR, les sociaux-libéraux soucieux de l’accueil des migrants et de l’interdiction des visites à domicile. Ils n’ont pas voté pour notre programme économique. C’est pourquoi il faut prendre le temps d’analyser. Je lis certains collègues dans la presse qui disent : il faut revenir à la lignée de Jean-Michel Javaux…

guillement

Au-delà de l’aspect électoral, se pose une vraie question : l’écologie d’aujourd’hui est-elle un réformisme ou un radicalisme ?

Se recentrer ne suffira-t-il pas pour gagner ?

Non, je ne crois pas. Un élément de notre défaite est le suivant : qui embrasse trop embrasse mal. Nous avons été présents sur de nombreux sujets, mais nous n’avons pas suffisamment priorisé nos fondamentaux, les questions environnementales. L’écologie politique ne concerne pas seulement l’environnement. C’est un système global. Mais il y a une tension permanente entre la nécessité d’urgence de répondre à cette crise, et la nécessité de ne pas précipiter les gens pour les avoir avec nous. Au-delà de l’aspect électoral, il y a une vraie question : l’écologie est-elle aujourd’hui un réformisme ou un radicalisme ?

Vous n’arrivez pas à choisir entre eux ?

On a fait l’un une fois, on a gagné, on a fait l’autre une fois et on a perdu. Et vice versa. C’est pourquoi je me demande. Nous devons faire un choix et en assumer les conséquences, le cas échéant. Mais pour être crédibles dans la réponse que nous apportons à la crise environnementale, nous devons continuer à porter un projet radical, et c’est ce que j’ai fait avec Patrick. [Dupriez].

Vous envisagez de vous présenter aux élections ? co-présidence ?

Non, je ne regarde jamais en arrière.

Il y a eu cette décision interne d’avancer l’élection de la coprésidence au mois de juillet, ce qui a contrarié pas mal de monde à Ecolo…

Je faisais partie de ceux qui n’ont pas soutenu cette décision. La défaite est telle que je n’imagine pas qu’on puisse mettre quelque chose sur la table en trois semaines. L’amertume et la colère ne sont pas de bonnes conseillères. Nous devons réfléchir fondamentalement sur l’avenir de l’écologie politique.

guillement

Nous ne gagnerons pas simplement parce que nous avons fait les choses différemment de Jean-Marc Nollet. Cela ne suffira pas.

Ecolo nommera un nouveau coprésident le 13 juillet, les candidats doivent se faire connaître avant le 30 juin

Samuel Cogolati et Marie Lecocq formeraient-ils un bon duo pour la coprésidence ? Marie-Colline Leroy et Gilles Van den Burre sont également évoqués…

Je ne commenterai pas les noms, je regarderai les projets. Parmi les noms qui circulent, on compte une secrétaire régionale qui a mené la campagne à Bruxelles (Marie Lecocq), une chef de groupe à la Chambre qui a porté la ligne de la majorité (Gilles Van den Burre), une secrétaire d’État (Marie-Colline Leroy ) et l’un des (anciens) députés les plus visibles (Samuel Cogolati). Aucun de ces candidats, se rendant compte que la ligne n’était pas la bonne, n’a eu le courage de dire stop. Nous sommes tous responsables de la défaite, même si certains le sont plus que d’autres. Mais personne, parmi nous, ne voulait faire la révolution.

Ne sont-ce pas les candidats à la pause ?

Il se peut qu’ils le soient tous les quatre, ou qu’ils ne le soient pas. Mais l’erreur est de penser que les choses se résoudront en résolvant nos problèmes internes. Les écologistes ne gagneront pas en faisant simplement différemment de Jean-Marc [Nollet]. Cela ne suffira pas. Nous gagnerons en prenant de la hauteur, et parce que nous aurons pris la mesure de ce qui a changé dans la société dans cinq ans.

 
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