Pour Kirby Dach, cela doit être frustrant de ne pas répondre aux attentes. Mais ce n’est pas si anormal. L’attaquant n’a en effet jamais dominé le hockey depuis l’âge de 15 ans.
Dach est un élément majeur de la reconstruction du Canadien. C’est l’une des clés de la terre promise. Un Dach pas assez bon pour un top 6, ça retarde beaucoup le plan Gorton-Hughes.
Il faut cependant rappeler que Dach n’a jamais été une valeur sûre. C’était un projet et ça l’est toujours. Ce n’est pas sa faute si tout le monde l’a toujours vu comme un futur joueur d’impact.
Il n’a jamais eu besoin de dominer quoi que ce soit pour se trouver un prétendant au poste de joueur vedette sur le plus grand marché du hockey au monde.
En midget AAA, il avait un point par match, comme en junior. Ce n’est pas dominant. Depuis, il évolue dans la LNH et malgré quelques bonnes séquences dans le passé, il n’a jamais dominé.
C’était en 2015
La dernière fois qu’il a été trop fort pour la ligue, c’est la dernière fois qu’il a joué avec des gars de son âge, à 15 ans. Il a récolté 132 points en 48 matchs. C’était en 2015.
Cela a dû être incroyable ce qu’on lui a dit à l’époque. Il est grand, compétent, intelligent et il fait valoir beaucoup de points. Lorsque vous disposez de ces outils, vous êtes destiné à devenir une star.
Depuis, il n’a rien fait d’exceptionnel. Il a toujours joué avec des gars plus âgés et il a toujours bien joué, mais c’est tout. Être moyen, c’est ce qu’il vit depuis longtemps.
Mais je ne jette pas l’éponge. Vraiment pas.
Il s’agit d’un troisième choix global plutôt surprenant. Beaucoup l’ont vu plus loin. Cependant, s’il avait été un neuvième choix au général, déjà là, je pense qu’on aurait été un peu plus indulgents.
Plus long que les autres
Ensuite, il faut toujours être patient avec des joueurs qui n’ont jamais vraiment dominé.
Martin Necas, en Caroline, n’avait rien cassé depuis qu’il avait 16 ans. Mais là, à 25 ans, il figure parmi les meilleurs marqueurs de la LNH. Les exemples sont nombreux. Des contre-exemples aussi cependant, à l’instar d’un certain Jesperi Kotkaniemi.
Martin Chevalier / JdeM
Dans quelle direction Dach va-t-il se tourner ? J’ai tendance à croire que c’est du bon côté.
Il ne faut pas oublier que les équipes de la LNH ne repêchent pas de joueur. Ils élaborent ce qu’un joueur peut devenir. Sinon, je vous garantis que Kirby Dach ne serait pas arrivé troisième au classement général. C’est évident. Il n’avait pas la vitesse, le tir, l’avantage et la production pour être repêché à un niveau aussi élevé.
On parlait de lui comme d’un joueur qui ne possédait pas d’atouts exceptionnels, hormis son sens du jeu. On avait prédit qu’il pourrait être un bon deuxième centre, solide sur 200 pieds et pas vraiment un buteur.
Où en sommes-nous par rapport à ces projections ?
Cela ne semble peut-être pas être le cas pour sa vitesse, mais il fait partie des attaquants les plus rapides de la LNH. À 196 reprises cette année, il a patiné à plus de 29 km/h. En moyenne, les autres attaquants l’ont fait 127 fois. Elle a atteint 36,58 km/h par heure. C’est rapide à rattraper. Cela le place parmi les plus rapides de la LNH.
Il a peut-être l’air rude de temps en temps, mais il patine beaucoup plus que les autres, les Kirby. Il a déjà parcouru une distance de 90 km cette saison. La moyenne est de 60 km.
Il totalise 39 mises en échec, ce qui est parmi les meilleurs du CH.
Il compte 36 tirs au but et 23 d’entre eux proviennent de l’enclave. C’est loin d’être mauvais.
Une statistique pour laquelle il est mauvais est qu’il se fait retirer la rondelle et la prend rarement aux autres. Mais son ratio est identique à celui de Nick Suzuki ou de Brendan Gallagher.
Malchanceux
Le problème est que Kirby Dach, cette année, marque 2,8% du temps lorsqu’il lance. La moyenne est de 12,6%. C’est une anomalie. Cela ne peut pas durer. Rendez-le moyen et nous commençons tous soudainement à lui pardonner certaines de ses lacunes. Dans ce cas, on dirait qu’il revient de blessure, mais il compte encore 12 points en 20 matchs (contre huit, dont un but) et tout s’annonce bien.
Photo Martin Chevalier
Je l’ai vu comme toi, son différentiel de -15. Mais il était à -2 il y a deux ans alors que tous les joueurs du CH étaient à -10. Ce n’est pas un effort inutile.
Je le vois comme toi quand l’avantage numérique est bien établi et que Dach fait n’importe quoi avec la rondelle.
Lorsqu’il a une chance de marquer et qu’il envoie la rondelle en plein milieu du ventre du gardien adverse.
Quand il fait quelque chose dans la zone défensive et que cela mène à un but pour l’équipe adverse.
Je ne pense pas que ce soit une question de compétences, tout ça. Mais un problème de confiance.
Est-il paresseux ? Peut être. J’ose croire que non. Mais je me dis que c’est plus complexe que ça. Que c’est l’inconnu, tout ce qu’il vit. Qu’il n’a jamais vraiment eu besoin de travailler dur pour réussir. Qu’il y a de l’anxiété. Qu’il n’a jamais été autant espionné. Et que pour la première fois de sa vie, il est attendu parmi l’élite et pas seulement parmi les joueurs prometteurs et qui se portent bien.