Un nouveau rapport de Greenpeace accuse les géants de la pomme de terre d’étouffer les agriculteurs, répondent les industriels

Un nouveau rapport de Greenpeace accuse les géants de la pomme de terre d’étouffer les agriculteurs, répondent les industriels
Un nouveau rapport de Greenpeace accuse les géants de la pomme de terre d’étouffer les agriculteurs, répondent les industriels

Des bénéfices records pour les industriels, des miettes pour les agriculteurs. Le titre du dernier rapport de Greenpeace a le mérite de choquer. Un peu trop même pour Belgapom, la fédération des producteurs belges de pommes de terre. Selon elle, l’ONG dresse un portrait du secteur loin de la réalité.

Bénéfice multiplié par 15

Au cœur du problème selon Greenpeace, les résultats sans précédent des industriels, qui ne profitent pas aux agriculteurs. En 2022, le bénéfice des sept plus grandes entreprises du secteur – surnommées Big 7 – était 15 fois supérieur à celui de 2021. Des bénéfices que Belgapom ne cache pas : « Nous sommes fiers que nos membres obtiennent de bons résultats. »

Les entreprises doivent d’abord cette performance à la hausse du prix des pommes de terre, de 61 % depuis 2015. Sur la même période, l’inflation générale n’a atteint « que » 26 %. Tout cela même si « D’autres coûts, comme l’énergie, ont baissé plus vite que prévu », ajoute Christophe Vermeleun, CEO de Belgapom. Enfin, “plusieurs entreprises ont augmenté leur production”. Selon lui, les résultats de 2022 sont donc justifiés. C’est vrai, les usines belges ont transformé 18% de pommes de terre de plus en 2022 qu’en 2019. On reste malgré tout loin des chiffres de croissance des Big 7.

2 centimes pour les agriculteurs ?

D’autant que les agriculteurs ne sont pas invités à la fête. 7 entreprises représentent 90 % du marché industriel belge, souligne Greenpeace. Des conditions qui leur permettent d’imposer leurs prix. Résultat : pour un kilo de frites vendu à 1,63 € en 2022, seuls 18 centimes revenaient à l’agriculteur. Une fois les coûts de production déduits, il ne restait à l’agriculteur que deux centimes.

Un déséquilibre qui doit néanmoins être corrigé “mettre en perspective”, s’insurge M. Vermeleun. En effet, Greenpeace s’intéresse ici aux prix contractuels, « négocié au moment de la plantation »explique Laurent Limbort, agriculteur à Geer. « Cela permet de garantir un prix stable . Mme Aury précise : «Ces prix concernent 70 à 75% de la production ».

Mais les agriculteurs peuvent aussi vendre leur production au prix du marché. Celui-ci s’articule autour de la cotation déterminée chaque semaine par Belgapom en fonction de l’offre et de la demande. Or, cette dernière atteint aujourd’hui des niveaux record, à 60 centimes le kilo. « depuis 2019, les prix des contrats ont augmenté de près de 40 % », ajoute M. Vermeleun. Ce qui reste néanmoins inférieur à la hausse des prix dans les grandes surfaces.

Greenpeace s’en prend également au listing Belgapom. Ceci étant déterminé par l’institut chargé de représenter les industriels, il « perpétue l’asymétrie de pouvoir entre les Big 7 et les producteurs »c’est Albane Aury. « Greenpeace n’accuse pas les industriels de former un cartel ou de s’entendre sur les prix », mais l’ONG exhorte le gouvernement à mener une nouvelle enquête. Rien d’inquiétant pour Christophe Vermeleun : “La notation Belgapom est validée par l’autorité belge de la concurrence.”

Pourquoi des pommes de terre ?

Greenpeace a avancé plusieurs propositions pour remédier à cette situation. L’ONG soutient les coopératives agricoles et souhaite que l’État belge reprenne son rôle d’intermédiaire dans les négociations, « comme c’était le cas jusqu’en 2001 »Mais l’association reste prudente. « Nous ne voulons pas imposer nos idées Les agriculteurs”.

L’ONG espère avant tout alerter sur les failles de l’agriculture dans son ensemble. “La pomme de terre est une filière emblématique en Belgique, elle est l’exemple parfait des inégalités que nous combattons.” Cependant, pour Laurent Limbort, ce choix pose question. L’agriculteur reconnaît que « Le rapport de force entre agriculteurs et industriels pose problème. Il est inacceptable que même si mes récoltes réussissent, mes rendements soient négatifs. » Encore, « les producteurs de pommes de terre ne sont pas les plus à plaindre, c’est pire pour le lait par exemple ». Belgapom enhérite : « On a vu très peu de producteurs de pommes de terre dans les manifestations ».

 
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