Le Kenya est en pleine crise sociale. Depuis une semaine, des milliers de jeunes manifestent à travers le pays contre le projet de loi sur les finances publiques présenté par l’administration du président William Ruto. Conscient de l’ampleur du mouvement, il s’est finalement dit prêt à dialoguer avec les jeunes.
Ce projet de loi, qui prévoit la mise en place de nouvelles taxes, a déclenché une vague de mécontentement parmi les jeunes Kenyans, qui voient leurs perspectives d’avenir s’amenuiser.
Un contexte économique difficile
L’administration Ruto justifie ces nouvelles taxes par la nécessité de relancer une économie lourdement endettée. En mai, le taux d’inflation au Kenya a atteint 5,1 % sur un an, avec des hausses significatives des prix des produits alimentaires et du carburant. Ces nouvelles mesures fiscales sont perçues par de nombreux jeunes comme une trahison de la promesse du gouvernement de réduire le coût de la vie. Cette frustration s’est manifestée par des mobilisations massives, qui ont débuté sur les réseaux sociaux le 18 juin et se sont rapidement propagées à tout le pays.
Manifestations largement pacifiques
Les manifestations, bien que largement pacifiques, ont été marquées par des violences sporadiques. La semaine dernière, deux jeunes ont perdu la vie et environ 200 personnes ont été blessées, selon des organisations de défense des droits humains. La police anti-émeute a réagi par une violente répression, utilisant des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les manifestants, notamment près du Parlement à Nairobi.
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Une jeunesse déterminée
Les jeunes Kenyans, déterminés à se faire entendre, ont poursuivi leurs actions de protestation ce dimanche 23 juin. A Nairobi, devant la basilique de la Sainte Famille, une vingtaine de jeunes se sont rassemblés pour défendre leurs revendications devant les fidèles. Kanana Koome, étudiante, s’est exprimée pour dénoncer la loi de finances : « Cette loi prévoit des impôts trop lourds pour les Kenyans. Cela crée une forme d’oppression, une mauvaise qualité de vie pour la population et pour ceux qui n’ont pas autant de chance que ceux au pouvoir. »
A Nyahururu, à 200 kilomètres au nord de Nairobi, où le président Ruto assistait à une messe dominicale, des jeunes se sont également rassemblés pour protester. C’est ici que le président Ruto s’est exprimé publiquement pour la première fois depuis le début du mouvement. Il a salué le pacifisme des jeunes et s’est dit prêt à « dialoguer avec vous, afin que nous puissions identifier vos problèmes et travailler ensemble, en tant que nation ».
Appel au dialogue et perspectives d’avenir
Le président Ruto a exprimé sa volonté de dialoguer avec les jeunes pour trouver des solutions à leurs préoccupations. Cependant, les leaders du mouvement de contestation ont exigé que le président réponde publiquement à leur lettre de revendications pour prouver sa sincérité dans cette démarche de dialogue.
Le bras de fer entre le gouvernement et la jeunesse kenyane n’est pas près de s’arrêter. Les manifestants ont déjà appelé à de nouvelles mobilisations pour les jours à venir, dont un appel national à la grève pour le 25 juin. La balle est désormais dans le camp du président Ruto, qui devra habilement naviguer entre la nécessité de réformes économiques et les aspirations des citoyens. des jeunes en quête d’un avenir meilleur.
