Karine Lalieux (PS), ministre fédérale qui supervise le CPAS, a été convoquée pour s’expliquer, jeudi, en séance plénière de la Chambre, sur les dysfonctionnements du CPAS d’Anderlecht révélés mardi par l’émission Pano de la VRT. Ces dysfonctionnements sont de deux types : des allocations sociales accordées sans contrôle préalable, en partie à cause de la surcharge de travail des travailleurs sociaux ; mais aussi un clientélisme presque assumé par l’ancien président du CPAS, le socialiste Mustapha Akouz (PS), offrant des privilèges à certains candidats.
Entre clientélisme, fraude sociale et mauvaise gestion, le scandale du CPAS d’Anderlecht met en lumière des pratiques inquiétantes
« On croyait avoir tout vu dans les excès et la mauvaise gouvernance, mais ce rapport est édifiant »s’est scandalisée Florence Reuter (MR).
« A Bruxelles, il peut arriver qu’un homme ou une femme s’adresse au CPAS alors même qu’il ne vote pas PS ou qu’il n’est pas un ami du président du CPAS. Si d’autres le sont, [leurs dossiers] seront traités en premier et ils recevront des milliers d’euros. Mais, pour le PS, cela ne pose aucun problème »» a critiqué Sammy Mahdi, vice-président du CD&V.
Karine Lalieux déménage après
For François De Smet (Challenge), “il y a des achats sociaux. Et si le jeu est si répandu, c’est parce que, parfois, ça marche et que le copinage reste une vérité.»
La ministre a reconnu que les dysfonctionnements au CPAS d’Anderlecht étaient connus de son administration (le SPP Intégration Sociale) depuis 2021 et avaient fait l’objet d’un rapport en 2023. Les députés lui ont logiquement demandé ce qu’elle avait entrepris pour y mettre un terme.
Dans cette affaire, la chaîne de commandement politique est en grande partie entre les mains des socialistes.
« Les contrôles ont permis d’identifier des manquements qui ont conduit à un contrôle renforcé sur une base annuellerépondit-elle. J’ai pris la décision d’aller plus loin : alors que les contrôles se font normalement sur base d’un échantillon, j’ai demandé que les contrôles soient systématiques au niveau du CPAS d’Anderlecht. J’ai également demandé au SPP Intégration Sociale de vérifier si d’autres CPAS rencontrent des problèmes similaires et, dans ce cas, de renforcer les contrôles.»
Contacté, le cabinet Lalieux a précisé que le ministre avait pris cette initiative mercredi et l’avait communiquée à l’administration jeudi. La décision fait donc suite à la publication du rapport de la VRT, malgré le rapport du SPP Intégration sociale remontant à 2023.
Paul Magnette defends his minister
Dans cette affaire, la chaîne de commandement politique est en grande partie entre les mains des socialistes. Le président du CPAS est un PS : Mustapha Akouz au moment des faits, Lotfi Mostefa aujourd’hui. Le maire d’Anderlecht : un PS, Fabrice Cumps. La ministre fédérale : encore PS, Karine Lalieux. Seule la tutelle de la Région bruxelloise revient à Écolo et Groen, avec les ministres Alain Maron et Elke Van den Brandt. Mais le rôle de cette supervision est notamment de procéder à des contrôles sur le fonctionnement des CPAS, ce qui a été fait.
Karine Lalieux a néanmoins souligné que seul le bureau (ou comité) spécial du CPAS, «où la majorité et l’opposition sont représentées », Est “habilité à prendre des décisions » sur l’octroi des prestations sociales. Une façon de mouiller les autres partis. “Il n’y a aucune possibilité d’ingérence politique.de son côté s’est porté garant Paul Magnette, vice-président du PS, car le bureau spécial du CPAS gouverne collégialement. “Un agent a dit une bêtise qui crée de la confusion”il a déploré.
L’audition détaillée du ministre prévue mercredi prochain en commission de la Chambre révélera peut-être l’état d’implication d’autres partis dans l’octroi indu d’avantages sociaux à Anderlecht.