Par Abdel Bari Atwan
Les « normalisateurs » arabes doivent suivre l’exemple d’Erdoğan avant qu’il ne soit trop tard.
L’annonce faite mercredi par le président turc Recep Tayyip Erdoğan selon laquelle la Turquie a rompu tous ses liens avec Israël, ne continuera pas à développer ses relations et « maintiendra cette position à l’avenir » est historique et sans précédent.
Cette position courageuse de l’un des pays islamiques les plus importants au monde – et membre de l’OTAN – est d’autant plus importante qu’elle s’accompagne d’une volonté fortement exprimée de rétablir les relations avec la Syrie.
« Je reste optimiste quant au président Bashar Assad. J’espère toujours que nous pourrons nous rencontrer et remettre les relations turco-syriennes sur les rails », a déclaré Erdoğan aux journalistes qui l’accompagnaient dans le vol de retour du sommet arabo-islamique de Riyad et des négociations climatiques de la COP29 à Bakou.
Un conflit autour des hydrocarbures couve entre Israël et la Turquie en Méditerranée
Il a ajouté : « Nous recherchons une normalisation avec la Syrie, car cela ouvrira la porte à la paix et à la stabilité sur le territoire syrien. »
Erdoğan avait pris des positions verbales fermes contre l’État occupant depuis le début de ses attaques contre Gaza et le Liban et avait durement dénoncé Benjamin Netanyahu et sa politique génocidaire.
Il décide finalement de cesser tout commerce avec cet État, malgré la situation économique difficile de son pays et la forte pression exercée par les alliés américains et européens d’Israël.
Mais Erdoğan a été fortement critiqué, tant dans son pays qu’à l’étranger, pour ne pas avoir respecté l’interdiction commerciale et avoir maintenu des relations diplomatiques avec Tel-Aviv.
Il vient de donner une réponse ferme et résolue à ses détracteurs.
Israël est soupçonné d’être à l’origine de nombreuses actions terroristes récentes en Turquie, notamment la récente attaque contre le siège de l’industrie aérospatiale de défense turque près d’Ankara.
Il a également soutenu les projets visant à démembrer la Turquie et à créer un « Grand Kurdistan », ainsi qu’à saboter les pourparlers de paix prometteurs avec le leader emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan.
Erdoğan a fait un grand pas vers le respect des conditions essentielles posées par le gouvernement syrien pour rétablir et normaliser les relations : le retrait de toutes les forces turques du territoire syrien.
17 novembre 2024 – Al-Mayadeen – Ankara a répondu négativement à la demande du président israélien Isaac Herzog d’utiliser son espace aérien pour se rendre à la conférence sur le climat COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan.
Les autorités israéliennes avaient demandé que l’avion de Herzog traverse l’espace aérien turc en route vers la 29e conférence des Nations Unies sur les changements climatiques. Les autorités turques ont toutefois rejeté cette demande.
Selon un communiqué de son bureau, Herzog a annulé sa participation à la conférence de samedi en invoquant des « problèmes de sécurité ».
Lundi, après l’ouverture de la conférence COP29, des dizaines de manifestants se sont rassemblés à Bakou pour exprimer leur opposition à « Israël ».
Lors du même point de presse aérien, il a défendu avec force l’intégrité territoriale de la Syrie et a insisté sur le fait qu’elle n’était pas menacée par les Syriens vivant dans différents pays – une référence à l’opposition soutenue par la Turquie et ses formations armées.
Il a ensuite invité Assad à “l’apprécier et à prendre les mesures nécessaires pour créer un bon climat dans son pays”.
La rupture d’Erdoğan avec Israël et l’ouverture à la Syrie font honte aux pays arabes – en particulier l’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis, le Maroc et Bahreïn – dont les gouvernements se sont empressés de normaliser leurs relations avec l’État occupant et sont restés silencieux ou « neutres » dans le face à son agression meurtrière, sans faire un seul pas, petit ou grand, pour démontrer sa solidarité ou son soutien aux peuples palestinien et libanais.
Le président turc leur a donné l’exemple et a pris une initiative qu’ils feraient bien de suivre avant qu’il ne soit trop tard.
Il est peut-être prématuré de spéculer sur la réponse d’Assad à cette démonstration turque de solidarité avec l’axe de la résistance, la cause palestinienne et les résistants qui ont confondu l’armée israélienne et détruit son mythe de toute-puissance. Mais ce ne sera certainement pas négatif.
Le retour des parties turque et syrienne au traité historique d’Adana de 1998, avec le patronage et les garanties russes, reste le moyen le plus rapide de restaurer et de développer leurs relations et de mettre fin à toutes les erreurs et obstacles antérieurs.
15 novembre 2024 – Raï-al-Yaoum – Chronique de Palestine