Rendez-vous a été pris à Saint-Denis (Seine Saint-Denis), un après-midi de juin. Dans un hangar abandonné, un miroir fait face à une cinquantaine de jeunes femmes et jeunes hommes. Des néons sont accrochés ici et là pour donner de la couleur, une boule disco est même présente dans un coin du plafond. Au rez, un grand parquet au milieu.
Autour, des canapés et des fauteuils, une cuisine improvisée et un vestiaire assemblé à la hâte. L’ancienne bâtisse est dans son état d’origine, et a sans doute été réhabilitée récemment, comme en témoignent les nombreuses tags encore présentes sur les murs. Son utilisation maintenant ? Servir de répétition à l’une des chorégraphies de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. On est loin du décorum habituel lorsqu’il s’agit des JO de 2024.
« Travailler sur différentes cultures de danse »
Dans un tel environnement urbain, faut-il y voir un indice quant au genre de danse que l’on pourra contempler le 26 juillet ? Pas sûr, même si la chorégraphe en chef et directrice de la danse de Paris 2024, Maud Le Pladec, est spécialisée dans la danse contemporaine.
« C’était important pour moi de travailler sur différentes cultures de la danse, explique cette dernière, directrice de la danse de Paris 2024. Danse classique, danse contemporaine, cultures de danses dites urbaines, break évidemment, mais aussi marche. »
Et pour continuer : « Nous avons organisé des auditions qui ont permis à tous les danseurs de venir de tous horizons. Ce qui fait que nous avons des styles, des corps et des âges différents… C’est quelque chose qui me tenait à cœur et qui représente la France que j’adore. »
Sous les yeux de Tony Estanguet, président de Paris 2024, et Thomas Jolly, directeur artistique des cérémonies de Paris 2024, la cinquantaine de danseurs répètent un mouvement de la chorégraphie. Une partie de la musique utilisée et composée spécialement pour la cérémonie d’ouverture est également dévoilée.
Maud Le Pladec, joviale, donne le ton et guide ses ouailles en anglais, puisque tous ne sont pas français. C’est rythmé et les cris des danseurs mêlés à la musique font leur petit effet. De quoi donner envie d’en voir plus. Et pourtant, ce n’est qu’une partie d’un des douze tableaux qui seront présentés au grand public, lors des quatre cérémonies de Paris 2024 (ouverture et clôture des Jeux Olympiques puis Paralympiques).
“Je suis assez ému de voir la musique que j’avais entendue dans les studios de Victor Le Masne (directeur musical Paris 2024) il y a quelques mois, chorégraphié et dansé grâce aux talents de Maud. Ça correspond! »glisse, tout sourire, Tony Estanguet après la manifestation.
Sentiment partagé par Thomas Jolly : « Les émotions sont plutôt joyeuses, parce que, finalement, c’est du concret. Depuis la mi-mars, il se passe des choses. La chorégraphie, les costumes, la musique, les décors… C’est une période passionnante car tout ce que nous avons conçu fait partie de la réalité. »
Au total, sur cette unique table présentée aujourd’hui, 400 danseurs (3000 au total pour les cérémonies) sont attendus.
“C’est le défi de ma vie”
Parmi eux, Louise, 25 ans et originaire de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), est présente et démontre son enthousiasme : « J’adore les Jeux Olympiques et penser que nous sommes une petite pierre dans l’édifice est incroyable. Quand j’ai vu que j’étais accepté, je me suis senti vraiment chanceux. J’aurais été dégoûté de ne pas en faire partie. »
A côté d’elle, Guilbeaud, originaire de Tahiti, ne cache pas que sa motivation était plus terre-à-terre. «J’étais motivé par le cachetavoue le jeune homme. Je suis très surpris, c’est une expérience qui apporte beaucoup de choses. Je n’avais aucune idée de ce que ça pouvait être et maintenant que j’y suis, c’est génial. »
Comme Guilbeaud, Sharlyne, danseuse francilienne, n’a pas prêté trop d’attention aux JO avant de se lancer dans l’aventure. « Cela reste un événement exceptionnel que le monde entier regarde et j’ai rencontré plein de danseurs que je ne connaissais pas, qui viennent d’univers différents. C’est une vraie richesse »confie-t-elle.
“C’est un peu la magie des Jeux Olympiques de réussir à rapprocher sport et culture, engage Tony Estanguet. La cérémonie d’ouverture est le moment d’exposition d’un pays, qui doit mettre en valeur sa capitale artistique et culturelle. Je suis fasciné de voir cette diversité qui va s’exprimer de manière magique. »
Désormais, il faudra attendre le grand jour pour en voir davantage. Et Tony Estanguet fait un parallèle avec le sport : « C’est comme les athlètes, même s’il y a des répétitions, il y a un jour où ça compte, c’est pendant la compétition. » Message reçu par Maud Le Pladec, qui résume cette mission en quelques mots : «C’est le défi de ma vie. »
