(Québec) Des militants de Québec Solidaire seront présents ce week-end à une conférence pour dépoussiérer les statuts du parti. Au menu, la possibilité de laisser aux députés le choix de décider qui sera le « aspirant premier ministre » entre Gabriel Nadeau-Dubois et Ruba Ghazal lors des élections générales de 2026, et de confier le rôle de « vrai leader » à celui des deux co-porte-parole. Ils en profiteront aussi pour assainir la structure de la formation politique, et pourraient dissoudre les « collectifs ».
Une course pour devenir aspirant Premier ministre ?
Québec solidaire (QS) compte deux co-porte-parole. Samedi, Ruba Ghazal entrera officiellement en fonction, aux côtés de Gabriel Nadeau-Dubois, à l’issue d’une course à laquelle elle était la seule candidate. Mais qui devrait être le leader parlementaire du parti ? Qui doit représenter le parti politique dans le débat des chefs et, si nécessaire, devenir Premier ministre ? Et qui devrait porter la casquette de véritable leader de Québec Solidaire au sens de la loi ? Les militants du parti répondront à cette question, a expliqué la présidente du parti Roxane Milot en entrevue. Un scénario envisagé : permettre aux députés de faire ce choix, un an avant les élections. Évidemment, M. Nadeau-Dubois et M.moi Ghazal pourrait accepter d’indiquer sa préférence aux militants, mais il pourrait aussi y avoir une course entre les deux.
Quant au « vrai leader », ce rôle est actuellement confié au secrétaire général du parti. Elle serait plutôt confiée à l’un des deux co-porte-parole. Une des raisons motivant ce choix : il permettrait aux courses de devenir co-porte-parole pour s’aligner sur le cadre légal des campagnes à la direction des partis politiques, conduites par le directeur général des élections. Cela réglerait également la question soulevée en 2018 par le chef péquiste Jean-François Lisée, qui accusait QS de cacher son véritable chef, qui « tire les ficelles ».
Au vote universel
QS a été le dernier parti à choisir ses dirigeants avec des représentants de circonscription. Cette façon de faire a été critiquée. L’élection d’Émilise Lessard-Therrien, par exemple, a eu lieu lors d’un congrès à Gatineau, et plusieurs circonscriptions, notamment en Gaspésie, n’avaient pas pu envoyer tous les délégués en raison de la distance et du coût. Autre argument : en demandant à chaque député de voter, on favorise leur « mobilisation », estime Roxane Milot. Cela pourrait également encourager les candidats à vendre des cartes de membre, ce qui n’est jamais mauvais pour une formation politique. Ce vote serait électronique, ce qui rendrait le processus plus accessible.
QS pourrait également supprimer la notion de genre de ses statuts. Pour le moment, il y a un porte-parole masculin et une porte-parole féminine, mais un amendement a été proposé pour le rendre plus « inclusif », a déclaré M.moi Milot. Les règles électorales internes assureraient toujours la parité pour les femmes, mais laisseraient plus de place aux personnes ayant d’autres types d’identité de genre.
Place aux mouvements sociaux et dissolution des collectifs
Québec solidaire s’est toujours identifié comme le parti « des urnes et de la rue ». Mais ses membres veulent dépoussiérer la structure « complexe » du parti, affirme M.moi Milot. L’idée : permettre à un citoyen intéressé par une cause, par exemple l’environnement ou la lutte contre la pauvreté, de s’impliquer directement dans une structure qui s’occupe de cette problématique. « Si vous voulez vous impliquer dans votre association locale, cela sera toujours possible, mais si vous voulez vous battre pour une cause, vous pouvez le faire », explique le président du parti. Un autre point qui sera évoqué, selon nos informations, est l’idée de supprimer les « collectifs ». Ces derniers agissent comme des « lobbyistes » internes pour faire avancer leur cause, sans être encadrés. Dans le passé, des collectifs comme le collectif décolonial antiraciste et le collectif laïcité avaient défrayé la chronique et embarrassé le parti.