Procès pour viol collectif | Un médecin et son complice auraient violé une femme qui aurait été droguée à son insu

Victoria* a vécu un « cauchemar ». Peut-être droguée à son insu, elle ne peut pas bouger. Un homme et son complice l’agressent sexuellement. Elle s’enfuit, mais son bourreau la rattrape. Le plaignant a livré un témoignage émouvant jeudi lors du procès d’un médecin spécialiste et professeur à l’Université McGill.

«J’ai utilisé toutes mes forces. Tous. Tous. Toute ma force. Rien ne fonctionnait. J’ai été pris. Je ne pouvais rien faire. Je pourrais juste attendre que ce soit fini. Après lui avoir dit quatre fois d’arrêter, je l’ai lâché», a-t-elle déclaré, la voix étranglée, jeudi au palais de justice de Montréal.

Sur le banc des accusés : Stephan Probst, un spécialiste en médecine nucléaire qui semble désormais exercer à New York et qui enseigne à l’Université McGill. Il était auparavant chef du département de médecine nucléaire à l’Hôpital général juif de Montréal. Sa coaccusée est Wendy Devera, une Montréalaise de 30 ans. Ils sont tous deux accusés d’un chef d’agression sexuelle avec la participation d’une autre personne.

Victoria rencontre Wendy Devera en 2020 sur un site de rencontre. La jeune artiste vit avec son petit ami, mais souhaite vivre une « expérience » sexuelle avec une femme. Dans leurs échanges, Wendy Devera l’invite à quelques reprises chez un ami. Victoria accepte, mais insiste sur le fait qu’elle n’a aucun intérêt pour un autre homme.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Wendy Devera

“Je veux m’assurer que je ne viens que pour elle.” Ne le laissez pas se faire des idées », dit-elle.

Avant de repartir, Victoria sirote une bière chez elle et prend une « petite bouffée » de vape d’huile de cannabis pour « se détendre ». “Rien d’autre”, dit-elle. Elle arrive au luxueux penthouse de Stephan Probst au centre-ville de Montréal.

Stephan Probst lui prépare une boisson tequila avec 7UP. Victoria prévoit de siroter son verre toute la soirée, puisqu’elle ne boit jamais beaucoup. Elle laisse son verre sans surveillance pendant quelques minutes. Stephan Probst lui a dit qu’il était médecin à l’Hôpital général juif. Les accusés sont des connaissances qui ont déjà couché ensemble, apprend-elle.

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Stéphane Probst

Wendy Devera sort quelques pilules d’un sac et lui propose de la MDMA (ecstasy), mais Victoria refuse. « Je n’ai jamais dit oui à une drogue comme celle-là », jure-t-elle. Elle ajoute que l’accusé l’a pris.

En enfilant son maillot de bain, Victoria a des relations sexuelles avec Wendy Devera. Au spa, la plaignante commence à se sentir « bizarre ». Elle ressent une « grosse bouffée de chaleur ». Elle a alors l’impression de « perdre le contrôle », ce qui ne lui arrive jamais, raconte-t-elle. Soudain, Stephan Probst est au spa et lui donne un « shot » d’alcool, qu’elle boit à moitié.

« Il y avait deux filles et un gars au spa. Je ne l’aime pas. J’ai peur de savoir où ça va », dit-elle. Elle insiste : elle n’a « absolument » aucun intérêt pour Stephan Probst.

Toujours au spa, Stephan Probst s’est approché d’elle, a posé la main sur la jambe de la plaignante et a tenté de l’embrasser. «Je le repousse immédiatement. Je le pousse sur la poitrine”, décrit-elle.

Victoria n’a qu’un seul objectif : partir. Elle quitte le spa et essaie de s’habiller. «Je perds l’équilibre. Mes jambes ne veulent plus suivre mon cerveau. Je veux partir et je ne peux pas. Cela me fait extrêmement peur», dit-elle. Elle doit même se forcer à remonter son pantalon, mime-t-elle.

Wendy Devera arrive entre temps et parvient à rassurer Victoria en l’embrassant. «Je me sens toujours étourdie», dit-elle. L’accusé l’amène dans la chambre principale. Victoria commence alors à pratiquer un cunnilingus sur l’accusé.

« Tout à coup, je sens un corps étranger entrer en moi », raconte-t-elle.

Stephan Probst prend la jeune femme par les hanches et la tourne vers elle. « Wendy pose ses mains sur mon épaule gauche de manière à ce que je ne bouge pas », décrit la plaignante. Affaiblie, elle ne parvient pas à se libérer de l’emprise.

« Il vient en moi. Je suis en pleine déprime. Je me souviendrai toujours de son visage au-dessus de moi. Au moins quatre fois, voire plus, je leur dis : « Je ne veux pas », « ‘Je ne peux pas », témoigne-t-elle.

À la fin de l’acte, Victoria s’en va sans même s’habiller. Mais à la dernière seconde, Stephan Probst l’empêche de sortir, la pousse contre une armoire et la pénètre par derrière.

« Je ne sais pas où j’ai trouvé la force, mais j’ai poussé contre la porte. Je suis sortie nue de là», raconte-t-elle avec émotion. Elle n’avait même pas de chaussures.

Pourquoi a-t-elle porté plainte ?

« Je n’ai pas de preuve, mais je sais que je ne suis pas le seul. Que ce n’était pas leur première fois. »

L’agression a eu des conséquences bien réelles pour la jeune femme.

«J’ai pris une douche de quatre heures. Je me sentais sale. Une partie de mon âme a disparu. Elle n’est probablement jamais revenue depuis. »

Son contre-interrogatoire débute vendredi devant la juge Suzanne Costom.

Me Delphine Mauger et Me Jérôme Laflamme représentent le procureur de la République, tandis que Me Valérie Riendeau défend l’accusé.

*Nom fictif pour protéger l’identité du plaignant

 
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