A la veille du 14 juin, qui verra des milliers de femmes défiler en Suisse à l’occasion de la Grève féministe, une promo commerciale a fait sourciller au sein du collectif vaudois qui l’organise. « Des baskets violettes à 50 % de réduction ? Si ce commerçant veut soutenir la cause, il pourrait plutôt fermer son magasin ce jour-là et donner le droit de grève à ses employés. On ne veut pas se retrouver dans une « fête des femmes » où l’on croit servir la cause en offrant une robe violette à notre amie », ironise Clara, militante du collectif.
La Grève Féministe n’a pas contacté l’auteur de la promo, le manager de Pomp it Up Toto Morand, affirmant ne s’attendre à rien d’autre qu’une discussion « probablement stérile ». Le collectif défend des positions anticapitalistes – estimant qu’il s’agit d’un système intrinsèquement inégal et violent envers les minorités comme envers les travailleurs.
Mais il refuse également de le souligner spécifiquement. « La marchandisation et la récupération politique et commerciale sont une tendance que l’on voit apparaître de plus en plus », dénonce Clara, militante du collectif. Dans le même genre, les favoris et tatouages éphémères du Parti Socialiste l’année dernière, alors que leur soutien est parfois souhaité au cours de l’année… »
Contacté, Toto Morand regrette sa publication sur Facebook, mais aussi la réaction des militants. « C’est dommage, c’était un clin d’œil, on n’a pas fait de vraie campagne… elle n’a même pas été affichée en magasin », décrit-il. Et ça a plu à beaucoup de femmes, on en a vendu quelques paires. Mais bon, je comprends qu’il y a différentes sensibilités… Je ne le ferai plus, je ne parlerai plus de la grève féministe. C’est dommage, il faudrait plutôt s’attaquer à un domaine où il existe une réelle discrimination, car dans mon pays il n’y a pas d’inégalité salariale et une majorité de managers sont des femmes. Mais je ne peux pas licencier tous mes collaborateurs le même jour.»
Le débat sur la valorisation commerciale d’une cause s’est déjà posé dans le cadre de la Pride, qui défend les droits des personnes LGBTQIA+. La présence trop visible de multinationales dans le cortège a poussé les organisateurs de l’édition genevoise à interdire ce type de parrainage, et un contre-événement anticapitaliste a été organisé à Lausanne en 2022.
Ouverture tardive des bars non compatible
L’idée d’étendre les horaires d’ouverture du bar le 14 juin, comme lors de certains événements sportifs, a été évoquée par l’élue verte de Lausanne, Virginie Kyriakopoulos, rapportait récemment « 24 Heures ». Mais le collectif lui-même s’y est opposé, dénonçant une flexibilisation des horaires de travail contribuant à la dégradation des conditions de vie des travailleurs.
