Le Réseau de soutien aux personnes seules et sans-abri de Montréal (RAPSIM) appelle les différents paliers de gouvernement à « cesser de se lancer la balle » et à « poser des gestes concrets » pour les personnes vulnérables à l’approche de l’hiver.
Au RAPSIMMaryane Daigle est responsable du dossier revenu et pauvreté, itinérance des femmes et des personnes LGBTQ+. Mardi, elle était désolée pour le triste tradition
consistant à faire voyager les médias à l’approche de l’hiver pour faire entendre la voix des organismes communautaires alarmé par le manque de places pour les personnes sans abri
.
Il n’y a pas assez de places où nous proposons chaleur, sécurité et un peu de confort
à cette population vulnérable, dénonce Mme Daigle. Ces gens sont confrontés hostilité dans les espaces publics
et nous empêchons les personnes sans abri de se réchauffer dans les stations de métro, à l’entrée des magasins ou dans les centres commerciaux.
L’orateur de RAPSIM dit que tant dans les abris d’urgence que dans les hébergements temporaires et de transition, il n’y a pas assez de places. Les ressources détournent quotidiennement des personnes qui n’ont nulle part où aller. Et au camp de la rue Notre-Dame Est, des tentes s’ajoutent chaque jour.
C’est sans compter les sans-abri invisibles, constitués de personnes qui dorment dans leur voiture ou sur le canapé d’un proche. Ils risquent de se retrouver à la rue, a-t-elle déclaré.
Combien de personnes se retrouvent dans une telle précarité ? Au dernier décompte, en 2022, il y avait environ 800 personnes en situation d’itinérance à Montréal. Maryane Daigle affirme toutefois que ce nombre n’a cessé d’augmenter depuis.
À combien d’engelures, d’amputations et de décès serons-nous confrontés cette année ?
La communauté ne peut pas être seule au front
Le RAPSIM proteste contre la réponse qu’il voit systématiquement
proposées par les autorités en invoquant le manque de places dans les refuges : les lieux sont financés et sont en cours de développement
nous répondons.
Même en ajoutant quelques centaines de places dans les espaces d’accueil, affirme Maryane Daigle – précisant du même souffle que lesdites places serait porté par la communauté
–, trop de gens seront contraints de rester au froid, dans des situations dangereuses.
Jour après jour, les organismes communautaires fonctionnent au-delà de leurs capacités, ajoute Maryane Daigle. Ils adaptent et élargissent leurs activités habituelles pour répondre aux besoins et travaillent dur. répondre aux appels à projets dans l’espoir de boucler leur budget
.
Le RAPSIM, qui regroupe plus d’une centaine d’organismes œuvrant auprès des plus vulnérables, appelle les trois paliers de gouvernement à s’attaquer de manière urgente à la crise de l’itinérance. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Mais quelles sont les actions concrètes de nos gouvernements face à la crise ? demande-t-elle. C’est inacceptable aux yeux de RAPSIM que le seul plan d’urgence envisagé est l’ouverture, par la sécurité civile, de centrales thermiques lorsque le mercure descend en dessous de 27 degrés Celsius en dessous de zéro.
L’année dernière, nous n’avons pas atteint ces températures, rappelle Mme Daigle. Mais il va sans dire qu’il n’est pas nécessaire d’atteindre -27°C pour souffrir d’engelures ou d’hypothermie, prévient-elle.
La communauté ne peut pas être seule au front. Il devrait être un filet de sécurité et non une ligne de front.
La responsabilité de la population incombe aux gouvernements, affirme le RAPSIM. Pendant la pandémie, les hôtels ont accueilli du monde pour un peu
et les autorités de santé publique étaient parvenues mobiliser les collaborateurs différemment
.
Les groupes communautaires exigent des gouvernements qu’ils arrêtent de se lancer le ballon
.
Nos travailleurs sont fatigués. Nous voulons que des mesures soient prises et que la crise soit reconnue.
Le RAPSIM demandes notamment de la Ville de Montréal accompagner
le réseau communautaire dans ses demandes.
La balle est dans le camp du gouvernement
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La mairesse de Montréal Valérie Plante, le premier ministre du Canada Justin Trudeau et François Legault, premier ministre du Québec, lors de l’inauguration du REM à Montréal en juillet 2023. Le RAPSIM appelle les trois paliers de gouvernement à intervenir de manière concrète auprès des plus vulnérables dans la métropole. (Photo d’archives)
Photo : La Presse Canadienne / Christine Muschi
En conférence de presse mardi, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a répondu que la Ville avait toujours fait preuve de proactivité
dans ce dossier.
Mme Plante affirme qu’elle je ne peux qu’être d’accord avec ce cri du cœur
lancé par le RAPSIM. Ce qui se vit à Montréal se vit également à Gatineau, au Québec et dans les petites villes, dit-elle.
Une société riche comme la nôtre ne peut accepter que des gens meurent dans la rue.
La Ville dit attendre, de Québec, des détails sur le plan d’intervention en itinérance qui sera élaboré pour l’hiver : quels seront les montants, quels sites pourraient être ouverts, etc. Mais ce sont des solutions à court terme, déplore Mme. Plante.
Le maire de Montréal a également assuré que la crise du logement et la crise des vulnérabilités
trouveront leur place dans le budget que son administration publiera la semaine prochaine.
À la mi-septembre, le gouvernement de François Legault a annoncé l’octroi de 4,2 millions de dollars supplémentaires pour lutter contre l’itinérance à Montréal.
De son côté, le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé le 22 septembre qu’il allouait 250 millions de dollars pour résoudre le problème urgent des campements et des sans-abri en dehors des refuges
. Ce financement devrait être égalé par les provinces et les territoires, a déclaré Ottawa.