Le Rassemblement national, de l’euphorie à l’étonnement après son bon score aux élections européennes et l’annonce d’une dissolution

Le Rassemblement national, de l’euphorie à l’étonnement après son bon score aux élections européennes et l’annonce d’une dissolution
Le Rassemblement national, de l’euphorie à l’étonnement après son bon score aux élections européennes et l’annonce d’une dissolution
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Marine Le Pen lors de son discours après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, au pavillon Chesnaie du Roy, à Paris, le 9 juin 2024. CYRIL BITTON / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

Le Rassemblement national (RN) a réclamé la dissolution de l’Assemblée nationale comme un réflexe pavlovien, sans jamais compter sur elle. Après chacune de ses victoires électorales, à chaque bouleversement de la vie politique française, Marine Le Pen l’a appelé à cela. « Retour au peuple » et, du même souffle, a regretté que l’actuel président de la République – qu’il s’agisse de Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Emmanuel Macron – n’ose pas le faire. Dimanche 9 juin, au soir des élections européennes, rompant avec la bonne humeur qui flottait dans un pavillon du bois de Vincennes, où le parti lepéniste trinquait à un score historique (31,5% pour la liste conduite par Jordan Bardella), la dissolution s’est invitée sans prévenir.

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Jusqu’au bout, le conseiller spécial de Marine Le Pen, son beau-frère Philippe Olivier, n’y a pas cru. Le chef de l’Etat “n’a pas le courage”il a assuré Monde vingt minutes plus tôt, alors que les premières rumeurs circulaient : « Il va rester dans le rôle de commentateur et embêter tout le monde. » Ses yeux fixent, sur l’écran géant, le visage d’Emmanuel Macron, un peu caché par les drapeaux tricolores et les caméras. Accroché aux lèvres présidentielles, Philippe Olivier répète, pour lui et pour les quelques journalistes qui l’entourent : «Je vous donne ma parole non. » Emmanuel Macron poursuit : “J’ai décidé de vous laisser à nouveau le choix…” Les militants exultent : “Dissolution!” Dissolution! »

Le conseiller et député européen est groggy. Il va rencontrer Marine Le Pen et Jordan Bardella, qui suivent les résultats entourés de leur garde rapprochée dans un salon privé, et ont pris connaissance de la décision du locataire de l’Elysée peu avant son discours. Le discours préparé par Philippe Olivier pour Marine Le Pen ne prévoyait pas l’hypothèse d’une dissolution. Nous y avons apporté quelques modifications à la hâte.

“C’est ce qu’on voulait, mais bon…”

Un quart d’heure plus tard, Marine Le Pen descend, flanquée de Jordan Bardella, qui a pris la deuxième place, comme elle avec 31,5% aux élections européennes. Elle a dû se projeter dans l’avenir, insister sur le fait que le RN se voyait désigné comme “force d’alternance” – la même expression qu’après sa victoire en 2019 – et faire en sorte que le parti soit ” prêt “. Le fond du discours ne change donc pas ; la date limite, oui. Alors que le RN le planifiait depuis trois ans, le mur est finalement là dans vingt jours. Vertigineux.

Est-ce la raison du sourire tendu arboré par Jordan Bardella, à quelques pas du député du Pas-de-Calais ? Depuis neuf mois, Marine Le Pen tente d’asseoir l’idée qu’il a une bonne tête en tant que Premier ministre. Elle n’en dit pas un mot depuis la tribune mais dans son esprit, rien n’a changé, précise son entourage : en cas de victoire de son parti aux prochaines élections législatives, elle déclinera une éventuelle invitation du chef de l’Etat à former un gouvernement et exigera que cette responsabilité revienne à Jordan Bardella.

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