Température, coût de la vie ou effet de la pandémie ? Jusqu’à présent, l’automne a été très calme dans les magasins de ski du Grand Montréal. Trop même, selon certains détaillants, qui craignent déjà des ventes aussi faibles que celles de l’hiver dernier.
Publié à 1h13
Mis à jour à 6h00
Si le mois d’août et le mois de septembre ont connu leur achalandage habituel, Brigitte Trottier, du magasin Ski Town, à Brossard, ne peut en dire autant du mois d’octobre, autant pour le ski alpin, le ski de fond ou le ski de randonnée. .
«Ce mois a été catastrophique», a confié la gérante, qui est aussi la fille de Bernard Trottier, homme d’affaires du ski et légende de la philanthropie sportive au Québec. Même l’Association des stations de ski du Québec a constaté que les ventes étaient lentes dans les magasins de détail, avons-nous confirmé par courriel.
Tous les détaillants avec lesquels La presse a parlé, a partagé le même espoir : que cet hiver soit meilleur que le précédent. La boutique Ski Shop de Laval a connu une baisse de ses ventes d’environ 30 % durant l’hiver 2023-2024. « L’année dernière, en effet, a été notre pire saison depuis notre ouverture en 1995 », a même déclaré la directrice des opérations du magasin, Marie-Ève Lepage.
En novembre 2020, La presse a signalé que les présentoirs de ski de fond étaient visiblement vides1. Certains détaillants étaient même en rupture de stock avant les premières neiges. Mais quatre ans plus tard, tout le monde est équipé. À cela s’ajoute l’inflation, qui a fait mal au portefeuille des Québécois au cours des dernières années, et les températures anormalement élevées de l’automne, qui repoussent toujours plus la pratique des sports d’hiver.
Après l’explosion de popularité du ski pendant la pandémie, les magasins de ski se sont tous retrouvés avec des stocks excédentaires l’hiver dernier, a expliqué M.moi Trottier.
Certains fournisseurs ont même été surpris que les nouvelles commandes soient beaucoup plus faibles, a déclaré Éric Levert, superviseur à La Poubelle du Ski à Montréal.
C’est la même chose chez Dafran Sport, situé sur le boulevard Décarie à Montréal. «J’ai réduit cette année mes commandes de certains skis d’environ 50% pour cet hiver», explique Nicolas Raymond, propriétaire.
Moins de froid, moins d’argent
Selon les données du ministère de l’Environnement du Québec, l’hiver 2023-2024 a été le plus chaud jamais enregistré dans le sud de la province. Et le total de neige enregistré a été « bien inférieur à la normale », précise le ministère, atteignant 68 % des précipitations habituelles.
Seules deux tempêtes de neige ont été significatives la saison dernière, rappelle Nicolas Raymond.
Là aussi, le trafic était encore attendu fin octobre. Pas plus tard que jeudi, l’Institut Copernic établissait qu’octobre 2024 était le deuxième mois le plus chaud au monde… après octobre 2023.
Les collègues de M. Raymond, des magasins Sports aux Puces, ont également constaté une tendance à la baisse depuis l’an dernier, dans la catégorie ski. Ce détaillant peut toutefois se consoler en offrant des articles de sport tout au long de l’année, alors que le magasin Dafran Sport n’est ouvert que pendant la saison hivernale, a souligné M. Raymond.
« Il va bientôt faire froid et neiger. C’est comme les pneus d’hiver, ils blanchissent sur le sol», a déclaré Brigitte Trottier, qui a également souligné que l’inflation est un autre facteur important à considérer pour expliquer la baisse des ventes.
“À l’heure actuelle, les gens achètent les actions à prix réduit”, a expliqué M.moi Trottier qui, comme plusieurs autres détaillants, a dû afficher des ventes allant jusqu’à 40 % sur les modèles invendus de l’an dernier.
Vers la location
La location a la cote, à La Poubelle du Ski. Et c’est ce qui fait que le modèle fonctionne, puisque l’entreprise propose la vente ou la location de plus de 20 000 skis chaque année.
Nous sommes même passés de la vente de skis d’occasion à la location de matériel d’occasion, ce qui peut paraître un petit pas, mais pour nous, c’était un très grand pas. Cela a changé le modèle.
Éric Levert, supervisor at La Poubelle du Ski
Le tarif de location est basé sur la valeur du matériel loué, affirme leur site internet. Par exemple, un skieur pourrait louer une paire de chaussures neuves, mais aussi des bâtons usagés. Il est donc possible de louer du matériel dont la valeur marchande varie entre 20$ et 1000$, explique-t-on.
Au Ski Shop de Laval, la location de skis est passée d’environ 35 % de l’inventaire à près de 50 % la saison dernière. «Ce sont les locations qui font qu’on arrive à survivre», a conclu Marie-Ève Lepage.
1. Lire l’article « Rush pour les skis de fond »