L’art contemporain africain se développe

La 15e édition de la Biennale d’art de Dakar, récemment inaugurée, en est un exemple : nous assistons à un essor de l’art contemporain africain. Les galeries et fondations se multiplient, les artistes du continent acquièrent une certaine notoriété et leurs œuvres se vendent de plus en plus.

Le nombre de sculpteurs, peintres ou photographes et artistes contemporains venus du continent est en augmentation. Selon Art Basel en Suisse, un important marché international de l’art contemporain, les artistes africains ont vu les ventes de leurs œuvres passer de 47 millions de dollars en 2021 à 63 millions de dollars l’année suivante. L’une des conséquences de ce succès est la multiplication des lieux d’exposition en Afrique. Yacouba Konaté est le directeur de la Galerie de Rotonde des l’un des premiers à Abidjan. Depuis le début des années 2000, il a vu ces galeries se développer. ” Si je prends l’exemple d’Abidjan, en 2006 il y avait peut-être trois ou quatre galeries mais l’année dernière il y en avait onze, ce qui témoigne aussi du nombre croissant d’artistes concernés. J’en ai au moins cinq par semaine qui viennent me montrer ce qu’ils veulent faire. Et puis il y a les collectionneurs qui commencent à s’intéresser à cet objet au point que tout le débat sur le patrimoine pousse tout le monde à comprendre que le patrimoine de demain, c’est l’art contemporain d’aujourd’hui. ».

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Biennale de Dakar 2022 © Frédéric Garat

Un patrimoine artistique qu’il faut accompagner dans son émergence. Au Cameroun et en Tunisie par exemple, l’Agence française de développement soutient deux centres artistiques, comme nous l’explique Gaëlle Mareuge, responsable des industries culturelles et créatives à l’AFD. “ Nous avons le projet appelé Gare de Bandjoon au Cameroun, dirigé par Barthélémy Toguo qui vise à élever le niveau et la qualité de la production dans les filières artisanales en Afrique. L’idée est de stimuler la création avec des résidences d’artistes, des œuvres monumentales et de favoriser la professionnalisation des artistes. Avec Afrique créative (ed) programme d’incubation, nous avons le projet Cloud Visual Art en Tunisie qui propose d’utiliser la plateforme d’archives d’art gérée par Wafa Gabsi et Khalil Liouane. C’est aussi une plateforme de compétences qui permet, dans l’art contemporain, de disposer effectivement d’une galerie virtuelle pour refléter également les tendances numériques contemporaines. ».

Autre effet de la réussite artistique : l’envie de ces plasticiens internationalement reconnus de revenir dans leur pays pour investir des installations ou des ateliers de création, qu’accueille Olivier Sultan, directeur de la galerie photo Art-Z à Paris, rue Keller.

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Olivier Sultan, directeur de la galerie Art-Z © Frédéric Garat

« Tout cela est un phénomène relativement nouveau et que je trouve vraiment très important car quand on regarde l’essor de l’art contemporain, qu’il soit occidental, chinois ou américain, il s’est toujours accompagné d’un soutien local. Et là, comme le soutien de certaines autorités se fait attendre, les artistes les plus reconnus prennent les devants et se disent : « Bon, on n’attendra pas de nos gouvernements qu’ils mettent la main à la poche ! Nous le ferons nous-mêmes ! » Donc c’est vraiment très positif. Auparavant, le succès se concrétisait par une installation en Occident. Maintenant ça commence à se concrétiser avec un retour, un retour au pays ».

C’est ainsi que le peintre Bill Kouelany a créé le Atelier Sahm à Brazzaville. Il accompagne actuellement à Dakar, avec le soutien de Année de fondationd’autres artistes africains émergents afin qu’ils puissent faire face aux réalités du marché biennal.

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Ateliers de rue au Togo ©Métis

« OUI ! L’idée qui me vient, c’est de me dire : “Mais qu’est-ce qu’on peut faire pour les jeunes ?!” » Vendre à Brazza n’est pas facile. C’est clair. Je pense qu’un artiste peut passer une année entière sans même vendre. En revanche, j’amène des artistes à la Biennale de Dakar depuis 2014. Il y a donc une certaine fidélité des collectionneurs lorsqu’ils en entendent parler Atelier Sahmils viendront inévitablement à la réunion. Nous espérons donc vraiment que les jeunes auront l’opportunité de vendre ! “, a-t-il déclaré.

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Biennale de Dakar 2022 © Frédéric Garat

IL Biennale de Dakar plus de 400 000 visiteurs sont attendus d’ici le 7 décembre. Évidemment, tout le monde ne sera pas acheteur, mais tout le monde pourra constater la vigueur de la création artistique africaine.

 
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