Trump met le Québec sur la sellette

Trump met le Québec sur la sellette
Trump met le Québec sur la sellette

Je fais partie de ceux qui continuent de penser que notre intérêt pour l’élection présidentielle américaine de 2024 a quelque chose de « malade ».

Qualification utilisée par Guillaume Lavoie, expert de la politique américaine, lors d’une conférence que j’animais fin octobre.

Un jour, nous devrons expliquer comment la politique d’un autre pays est devenue si importante dans notre débat public.

D’une industrie à l’autre

Au tournant des années 1990 (nos années Meech et Charlottetown), l’expression « industrie constitutionnelle » était courante. Elle a désigné le contingent d’experts qui monopolisait nos ondes et obtenait d’innombrables contrats de consultants. Depuis plusieurs années, ceux-ci ont été remplacés : « Le nombre de vos spécialistes de la politique américaine s’est multiplié à une vitesse étonnante », remarquait récemment un Américain cité dans Devoir.

Hypothèse : le processus d’américanisation des esprits s’est intensifié depuis l’émergence de l’Internet public en 1995, puis des médias sociaux. Et enfin avec la transformation numérique des industries culturelles (Netflix, etc.).

Il est légitime que nous soyons collectivement attentifs à ce qui arrive à nos voisins du Sud. Et ce n’est certainement pas nouveau : la quantité de boulevards Kennedy au Québec en témoigne, pour ne prendre qu’un exemple.

Mais en 2024, on a eu l’impression que de nombreux Québécois ne se sentaient plus de simples observateurs, mais carrément citoyens des États-Unis. À un ami journaliste, quelqu’un demandait il y a quelques jours : « Pour qui votez-vous, Harris ou Trump ?

Lors d’une conférence il y a quelques mois, le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner, a souligné l’américanisation des arguments juridiques de certains des « bonnets rouges » du soi-disant « Convoi de la liberté » qui assiégeait sa cour. , à Ottawa, en février 2022 : « Le 2e amendement [invoqué par eux] n’existe évidemment pas au Canada.

Des effets réels

Je ne nie certainement pas les effets importants qu’une élection comme celle de mardi peut avoir sur nos vies et sur notre économie.

Les inquiétudes de François Legault à l’égard des politiques trumpistes, exprimées sans détour hier, étaient tout à fait justifiées : « Oui, nous risquons de connaître des turbulences dans les prochains mois, dans les prochaines années, dans nos relations avec les Américains. »

Turbulences économiques, dues au protectionnisme déchaîné promis par le nouveau locataire de la Maison Blanche. Mais aussi une très possible aggravation soudaine de la crise migratoire.

L’administration Trump a l’intention d’expulser entre 11 et 18 millions de personnes qu’elle considère comme « illégales ». Beaucoup pourraient décider de ne pas attendre. Ils pourraient élever les balises vers la frontière la plus grande et la moins surveillée au monde.

Même si le gouvernement du Québec veillera, argumente énigmatiquement F. Legault, à ce que « le travail soit bien fait par le gouvernement fédéral ». […] aux frontières physiques puis à l’aéroport.

Nous devrons trouver les moyens de résister aux pires effets des décisions trumpistes. Tout en restant jaloux de nos choix, de nos modèles, de nos principes. C’est l’un des grands défis qui ont toujours été les nôtres dans nos relations avec les États-Unis.

 
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