Les journées se succèdent et ne sont (heureusement) pas les mêmes pour le locataire de Bercy. Le ministre de l’Economie Antoine Armand, qui paraissait abasourdi hier après l’annonce des plans sociaux de Michelin et Auchan, pourra revêtir aujourd’hui les habits de porteur de bonne nouvelle.
Accompagné de Catherine Vautrin, ministre déléguée au Partenariat avec les territoires, et de son collègue des Transports François Durovray, Antoine Armand se rend ce mercredi matin sur la commune d’Édouard Philippe pour officialiser l’arrivée prochaine de trois nouveaux établissements industriels en bordure du grand Havre. canal. Plus précisément sur l’un des terrains portuaires labellisés « clé en main » par l’État. Cerise sur le gâteau, les établissements en question peuvent tous se targuer de faire partie de l’industrie « verte ». ” Cela confirme le fait que les ports sont des accélérateurs de décarbonation, nous nous félicitons au cabinet du ministre des Transports. Hier très liés aux projets carbone, ils entrent dans une phase de changement ».
Lithium, hydrogène…
Dans le détail, trois industriels, dont deux étrangers, devraient se partager les soixante hectares de la zone dite « Ouest A29 » pour laquelle Haropa avait lancé un appel d’offres. Le projet le plus important vient de la société luxembourgeoise Livista, qui occupera la moitié du site. Déjà engagé dans une première opération comparable dans le port d’Emden en Basse-Saxe, le chimiste envisage de construire, pour environ 1,2 milliard d’euros, une raffinerie de lithium » qualité de la batterie », raconte l’entourage d’Antoine Armand. La clé est la création de certains ” 300 emplois directs », selon la même Source.
Le deuxième projet d’un montant quasi équivalent (environ 1,1 milliard pour 150 emplois directs) est porté par un poids lourd : Air Products (Pennsylvanie), troisième acteur mondial du secteur des gaz industriels. Titulaire d’un contrat signé avec Total Energies pour la fourniture d’hydrogène « vert », l’Américain envisage d’implanter au Havre un terminal d’importation d’H2 renouvelable couplé à une unité de regazéification. Ce qui pourrait notamment contribuer à la décarbonation de la raffinerie normande du groupe de Patrick Pouyanné. ” Ces deux projets étrangers démontrent l’attractivité de la France », veut-on croire dans l’entourage d’Antoine Armand.
…et les e-carburants
Le troisième des candidats retenus par Haropa est un Français, en l’occurrence le producteur montpelliérain d’énergies renouvelables Qair. L’entreprise travaille à la mise en place d’un site de production et de stockage de méthanol renouvelable : l’e-carburant en vogue chez les armateurs. Plus modeste que les précédents, le montant des dépenses devrait avoisiner les 300 millions d’euros pour 150 emplois à créer. ” Le projet prévoit de produire à terme 200 000 tonnes par an d’e-méthanol », indiquait son directeur des partenariats mi-octobre dans un entretien à l’hebdomadaire Le Marin.
Il ne reste plus au port du Havre qu’à espérer que ces trois gros investissements aboutissent. De son côté, Bercy parle d’une mise en orbite des installations d’ici quatre à cinq ans. Les procédures de pré-développement pourraient bien avoir été accélérées dans le cadre du « clé en main », les délais restent longs.