Des mots qui ne passent pas. L’annonce par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, d’une “bagarre entre bandes rivales” qui aurait opposé “des centaines de personnes”, après la fusillade mortelle survenue à Poitiers (Vienne) jeudi soir devant un restaurant kebab, a suscité la colère de la maire de la ville, Léonore Moncond’huy (Les écologistes).
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Invité ce lundi matin de la matinale de France Bleu Poitou, l’élu confirme qu’il n’y a pas eu de tels affrontements après la fusillade. Cet événement « est un épisode extrêmement tragique en soi, mais en plus de fausses informations ont été diffusées par le ministre », accuse-t-elle. Au micro de RMC/BFMTV, Bruno Retailleau a annoncé vendredi matin qu’une rixe entre bandes rivales avait “impliqué plusieurs centaines de personnes”, évoquant un rapport du préfet qui aurait souligné qu’entre “400 et 600 personnes” auraient été impliquées. , alors qu’entre 40 et 60 personnes s’y trouvaient, selon des sources policières.
“Il n’était pas nécessaire d’en rajouter”
« Il y a eu une exploitation de l’image d’un quartier et de l’image de notre ville, au service d’un discours alarmiste et populiste, et c’est extrêmement grave », a déclaré Léonore Moncond’huy. Il n’était pas nécessaire d’en ajouter davantage, mais en plus, cela porte atteinte à la crédibilité de l’image du discours politique et public, dont nous avons besoin pour être fiables à l’heure actuelle. » Le préfet de Vienne a annoncé de son côté, vendredi, que des « tensions entre groupes » avaient « éclaté nécessitant l’intervention de la police et de la gendarmerie » et que des « renforts de police » seraient déployés vendredi.
Exprimant sa « colère » après cette annonce du ministre de l’Intérieur, Léonore Moncond’huy estime que Bruno Retailleau « a commis une erreur ». «Quand on parle au nom d’un gouvernement, il faut être extrêmement prudent sur les informations sur lesquelles on s’appuie, il ne fallait pas y ajouter des rixes, des gangs, qui ne correspondent en rien à la réalité du quartier, de notre ville. » Aujourd’hui, elle demande « que le ministre corrige les propos qu’il a tenus, qu’il rétablisse la vérité ».
Dans le même ordre d’idées, elle s’est également dite « choquée » par le terme « mexicanisation » utilisé par le ministre. « Cela renvoie une image de société gangrenée, qui ne correspond en rien à ce que l’on connaît de Poitiers. » Si l’édile assure ne pas « minimiser » les événements qui se déroulent dans sa ville, elle estime qu’il ne faut pas « mal nommer les choses ». »
L’auteur des coups de feu toujours recherché
Interrogé sur l’enquête, l’élu a rappelé que l’adolescent décédé des suites de ses blessures « n’avait rien à voir avec le trafic de drogue. » Anis, 15 ans, « était au mauvais endroit, au mauvais moment. » Les quatre autres victimes « sont sorties de l’hôpital » et sont « traumatisées. » Le quartier des Couronneries, qui fêtait Halloween jeudi soir, était « plein de monde ce soir-là », a expliqué l’avocat de la mère de l’adolescente. Ce dernier « a dit à sa mère qu’il allait acheter un sandwich avant de rentrer chez lui. Et il a été abattu. »
L’auteur de la fusillade est toujours recherché. Il s’agit d’un « individu extérieur » à Poitiers, qui aurait été « rejeté par les habitants du quartier. »