Il s’agit d’une escalade majeure dans la crise diplomatique qui oppose New Delhi et Ottawa depuis plusieurs mois. Les deux pays ont chacun expulsé lundi leur ambassadeur et d’autres diplomates de haut rang. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré que l’Inde avait commis « une erreur monumentale » en décidant « d’utiliser ses diplomates et le crime organisé pour attaquer les Canadiens ».
Cette déclaration intervient après que la police fédérale canadienne a annoncé « l’implication d’agents du gouvernement indien dans des activités criminelles graves au Canada », notamment l’assassinat de Hardeep Singh Nijjar, un leader séparatiste sikh en juin 2023. Justin Trudeau a qualifié ces « actes de violence » et « homicides » comme « inacceptables ».
“Nous ne tolérerons jamais qu’un gouvernement étranger menace et tue des citoyens canadiens sur le sol canadien, ce qui constitue une violation profondément inacceptable de la souveraineté canadienne et du droit international”, a-t-il ajouté sur un ton solennel. , soulignant le refus répété de coopération de New Delhi.
Des accusations « absurdes »
Hardeep Singh Nijjar, qui a immigré au Canada en 1997 et était citoyen depuis 2015, était recherché par les autorités indiennes pour des allégations de « terrorisme » et de complot en vue de commettre un meurtre – accusations qu’il a niées. Il a été abattu devant le temple sikh qu’il dirigeait dans la banlieue de Vancouver.
La mort de ce militant pour la création d’un État sikh indépendant dans le nord de l’Inde, appelé Khalistan, a détérioré les relations entre les deux pays, le Premier ministre canadien déclarant qu’il existait des « allégations crédibles » liant les services secrets indiens à ce crime.
Le Canada a expulsé lundi six diplomates indiens, dont l’ambassadeur à Ottawa, soupçonné d’être impliqué dans l’affaire Nijjar. L’Inde a rapidement réagi en « décidant d’expulser » le haut-commissaire par intérim d’Ottawa, son adjoint et quatre autres diplomates, leur ordonnant de quitter le pays avant minuit le dimanche 20 octobre.
« Nous n’avons pas confiance dans l’engagement du gouvernement canadien actuel à assurer leur sécurité », a fait valoir le ministère indien des Affaires étrangères, laissant entendre que les diplomates avaient été rappelés et non expulsés. Il a également qualifié d’« absurdes » les accusations selon lesquelles l’Inde aurait été impliquée dans le meurtre de Hardeep Singh Nijjar, y voyant une « stratégie de diffamation de l’Inde à des fins politiques ».
Autres « homicides et actes de violences »
Dans le même temps, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a annoncé lundi disposer de « preuves » sur des cas « d’intimidation, de harcèlement, d’extorsion et de coercition » sur le territoire canadien. Le commissaire de la GRC, Mike Duheme, soupçonne les agents du gouvernement indien d’être liés à « des homicides et des actes de violence », à des « activités clandestines telles que la collecte de renseignements » et à « de l’ingérence dans les processus gouvernementaux ». démocratique”.
Ces révélations « commencent tout juste à être connues du grand public, mais les sikhs en font l’expérience depuis quatre décennies », a déclaré Danish Singh, président de l’Organisation mondiale sikh du Canada, saluant la décision du gouvernement canadien d’expulser Diplomates indiens.
Depuis l’assassinat de Hardeep Singh Nijjar en juin 2023, New Delhi et Ottawa se livrent à une surenchère en matière de représailles diplomatiques. L’année dernière, l’Inde a temporairement restreint l’octroi de visas aux Canadiens et a forcé le Canada à rapatrier certains de ses diplomates.
“L’Inde se réserve désormais le droit de prendre de nouvelles mesures en réponse à ces derniers efforts du gouvernement canadien pour formuler des allégations contre des diplomates indiens”, a prévenu lundi son ministère des Affaires étrangères.
