Depuis les attentats du 7 octobre 2023, l’Allemagne est confrontée quasi quotidiennement aux limites de sa doctrine de soutien inconditionnel à Israël, qui découle de sa responsabilité historique dans la Shoah. La question des livraisons d’armes à l’Etat hébreu s’est ainsi posée de façon spectaculaire jeudi 10 octobre, lors d’un débat organisé au Bundestag pour l’anniversaire des attentats perpétrés par le Hamas. Alors qu’il était attaqué par les conservateurs de l’opposition chrétienne-démocrate (CDU), le chancelier Olaf Scholz a annoncé en personne que l’Allemagne reprendrait ses exportations d’armes vers l’Etat hébreu. « Nous avons livré des armes et nous les livrerons »a affirmé le chancelier social-démocrate (SPD), précisant que le gouvernement avait pris des décisions “ce qui garantit aussi qu’il y aura d’autres livraisons prochainement”.
Depuis le début de l’année, l’Allemagne a fortement réduit ses exportations d’armes vers Israël, sans le reconnaître officiellement. Sur les neuf premiers mois, selon des sources du ministère de l’Économie citées par Reuters, Berlin a autorisé le 18 septembre 14,5 millions d’euros d’exportations d’armes vers Israël, contre 326 millions en 2023. La catégorie « armes de guerre » représente seulement 2% des 14,5 millions, la plupart des équipements exportés étant constitués de casques, de gilets de protection ou de moyens de communication. « Il n’y a pas de boycott des exportations d’armes allemandes vers Israël »a toutefois déclaré à la mi-septembre le porte-parole du gouvernement Steffen Hebestreit.
Cette baisse des volumes d’exportations d’armes alimente néanmoins depuis plusieurs semaines les critiques à l’encontre du gouvernement, venant notamment des conservateurs de la CDU, pour qui la coalition au pouvoir affiche un soutien trop tiède à l’Etat hébreu. « Que valent vos manifestations de solidarité avec l’État d’Israël si vous refusez en même temps de lui apporter une aide indispensable dans sa situation très précaire ? »s’est exclamé Friedrich Merz, le leader de la CDU pour les élections législatives de 2025, jeudi, devant le Bundestag, qui venait d’observer une minute de silence pour les victimes du Hamas. “Pendant des semaines et des mois, le gouvernement fédéral a refusé d’autoriser l’exportation, par exemple, de munitions et même la livraison de pièces détachées pour chars vers Israël”dit-il, expliquant celui-là “un grand nombre d’entreprises” attendaient l’autorisation du gouvernement fédéral depuis des mois. « Qu’est-ce que cela signifie, sinon le refus de facto de délivrer des autorisations d’exportation ? », il a continué.
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