la rémunération des patrons du CAC 40 scrutée par Oxfam

la rémunération des patrons du CAC 40 scrutée par Oxfam
la rémunération des patrons du CAC 40 scrutée par Oxfam

En 2022, les entreprises du CAC 40 ont reversé en moyenne 76 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires. C’est ce que révèle l’ONG de lutte contre la pauvreté et les inégalités Oxfam France, qui vient de publier, ce mardi 30 avril, à la veille d’une fête des travailleurs, un rapport sur les écarts salariaux entre les salaires des cadres du CAC 40 et le salaire moyen. dans leurs entreprises. Ses œuvres sont édifiantes.

En 2022, les PDG du CAC 40 gagnaient en moyenne 130 fois plus que leurs salariés. Ainsi, alors que, la même année, le Smic annuel atteint péniblement 20 147 euros, et le salaire moyen s’élève à 31 560 euros, les PDG des grandes entreprises du CAC 40 gagnent en moyenne 6 659 169 euros… « Entre 2019 et 2022, en seulement trois ans, les rémunérations des PDG du CAC 40 ont augmenté de 27 %, tandis que celles des salariés du CAC 40 ont bondi de 9 % »souligne Léa Guérin, chargée de plaidoyer sur la question de la régulation des multinationales chez Oxfam France.

51% de la rémunération totale du PDG sur critères financiers

Parmi les plus grands voraces, un trio de tête se dessine. Le PDG de Teleperformance, l’un des principaux centres d’appels au monde, Daniel Julien, gagnait 1.453 fois plus que le salaire moyen de l’entreprise en 2022, rapporte l’étude d’Oxfam. Soit une rémunération de 19 717 238 euros, à comparer à des salaires annuels moyens de 13 568 euros. En deuxième position se trouve le directeur général de l’enseigne Carrefour, Alexandre Bompard, dont la rémunération était 426 fois supérieure au salaire moyen de son entreprise. Enfin, Carlos Tavares, à la tête du constructeur automobile Stellantis, qui a gagné en 2022, 341 fois plus que la moyenne de ses salariés, complète le podium.

Mais comment expliquer des différences aussi gargantuesques ? Pour l’ONG, la manière dont ces entreprises sont gouvernées est au centre du problème, notamment en raison de l’importance des actionnaires. Dans la plupart de ces sociétés, ils sont chargés à la fois de valider la rémunération des dirigeants et de nommer les administrateurs chargés de nommer le président-directeur général et de définir la stratégie de l’entreprise. « Ce sont une douzaine de personnes qui décident de la gestion d’une méga-entreprise aux impacts équivalents à ceux des chefs d’État. Cette opération fait que ce sont leurs intérêts qui priment »souligne Léa Guérin.

Rémunération selon les objectifs des actionnaires

Pour illustrer son propos, la chargée de plaidoyer s’est penchée sur la structure de rémunération des dirigeants du CAC 40. « En moyenne, en 2022, seuls 27 % des revenus des dirigeants étaient fixes, et 4 % correspondaient à des avantages en nature ou à la retraite. Les 69 % restants sont constitués de primes variables ou d’actions et sont soumis à des critères de performance. Autrement dit, plus des deux tiers de la rémunération des dirigeants sont conditionnés à la réalisation d’objectifs définis par les actionnaires.note l’auteur du rapport.

Parmi ces objectifs, en 2022, 51 % de la rémunération totale des dirigeants était basée sur des critères financiers (marges à obtenir, augmentation de la valeur de l’action, montant des dividendes distribués, etc.). A l’inverse, seulement 18 % de ces revenus étaient basés sur des critères extra-financiers… dont seulement 5 % sur le climat. Quant à l’égalité des sexes ? Un cadre du CAC 40 a deux fois plus de chances de s’appeler Jean que Marie. « Nous sommes confrontés à une boucle infernale car actionnaires et dirigeants se nourrissent : le premier vote évoqué sur la rémunération des dirigeants, qui, de leur côté, valident les objectifs comme le versement des dividendes, sur lesquels ils dirigeront et géreront l’entreprise, résume le spécialiste d’Oxfam France. On arrive à des situations où les objectifs des actionnaires sont atteints au détriment du climat et des salariés. »

Ainsi, pour mettre fin à ce système inégal, l’organisation non gouvernementale travaille sur une série de cinq recommandations principales. La première consiste à imposer un salaire maximum respectant un écart salarial maximum de 1 à 20 entre le manager et le salaire médian de l’entreprise. Le second vise à garantir un salaire décent sur toute la chaîne de valeur au sein de l’entreprise. « Nous avons salué l’initiative de Michelin mais nous devrions plutôt obtenir une législation sur le sujet plutôt que chacun fasse ses calculs tout seul »estime Léa Guérin.

Par ailleurs, l’ONG propose d’encadrer la rémunération des dirigeants et la part des bénéfices allouée aux actionnaires ou de mettre en place un impôt sur les superprofits ambitieux et pérenne appliqué à tous les secteurs. L’arsenal de propositions se veut un outil à la disposition des politiques. «C’est un ensemble de recommandations dont on peut s’inspirer, souligne le chargé de plaidoyer. Mais l’idée est de partir de cet ensemble pour construire des entreprises en phase avec l’urgence écologique et sociale, et avec notre société actuelle. »


Nous n’avons pas pu confirmer votre inscription.


Votre inscription est confirmée.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Valérie Pécresse dénonce un « chantage indéfendable » avant les JO
NEXT Le Premier ministre slovaque « a de nouveau opéré »