Poggia dénonce un jeu de « poker menteur »

Poggia dénonce un jeu de « poker menteur »
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Mauro Poggia dénonce un jeu de « poker menteur »

Publié aujourd’hui à 15h51

Une avalanche de réactions. La décision du Groupe Mutuel de ne plus rembourser, à partir du 1er mai, les séjours hospitaliers de ses assurés à l’hôpital de La Tour, déclenche un tollé. Parmi les personnes choquées par cette nouvelle révélée sur www.tdg.ch, Mauro Poggia, ancien conseiller d’Etat genevois chargé de la santé, et Michel Matter, président de l’Association des médecins genevois.

« Cette décision unilatérale est choquante. L’humain n’est pas une marchandise, s’indigne Michel Matter. Que feront les femmes enceintes, les sportifs ou les personnes souffrant de problèmes cardiaques qui avaient prévu d’être hospitalisées à La Tour ? Vont-ils devoir renoncer à l’expertise reconnue de cet établissement dans ces domaines et attendre plus longtemps que prévu pour être soignés ailleurs ?

« Attention, les assureurs veulent nous faire croire qu’un chirurgien peut opérer n’importe où, poursuit Michel Matter, mais c’est une illusion. Une opération se réalise en équipe : le chirurgien est habitué à travailler avec un plateau technique, certains anesthésistes, instrumentistes, etc.

Co-négociateur ?

Mauro Poggia, actuel conseiller des Etats, s’inquiète également pour les patients qui paient le prix du « poker menteur qui sert de stratégie entre les compagnies d’assurance et les cliniques privées. J’imagine, dit-il, que le contrat entre le Groupe Mutuel et La Tour n’est pas rompu, car une résiliation avec effet immédiat n’est pas possible. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une rupture des négociations et j’espère qu’une solution pourra être trouvée. Comment? “Par exemple par l’intermédiaire d’un négociateur commun en matière d’assurance.”

Pour l’instant, chaque clinique négocie séparément ses prix avec les assureurs, « de peur d’être accusée d’accord de cartel par la Commission de la concurrence. En réalité, [les cliniques] feraient bien de se parler et de ne pas agir séparément, car, à long terme, cela les affaiblit et renforce leur adversaire. Car de leur côté, les assureurs maladie s’alignent sur une démarche commune : faire pression pour obtenir, clinique après clinique, une réduction drastique des tarifs d’hospitalisation.

L’avocat de formation le sait bien, lui qui a récemment défendu les cliniques Hirslanden Genève et Vaud contre CSS, cette dernière ayant prévenu ses assurés qu’elle ne rembourserait plus leur séjour à La Colline.

Mauro Poggia note que « si les assureurs serrent la vis, cela fait des décennies qu’ils se sont abstenus de réduire leurs primes ». Il rappelle que « de plus en plus d’opérations sont réalisées en ambulatoire, exclusivement aux frais de la LAMal. Par ailleurs, depuis 2012, le Canton participe à l’hospitalisation des patients genevois en cliniques. Ce financement public a permis d’augmenter les profits des assureurs privés. L’argent des contribuables finance donc le secteur privé !

Que peut faire l’assuré lorsqu’il apprend qu’il ne peut plus être hospitalisé là où il avait prévu de l’être ? « Malheureusement, le temps légal ne fait pas bon ménage avec la santé. Mais un patient, ou une association de patients, devrait un jour saisir la justice. Il pourrait se plaindre d’avoir souscrit une assurance lui garantissant le libre choix du médecin et de l’hôpital et de subir, ce faisant, une réduction fondamentale des prestations promises.

Sophie Davaris est rédactrice en chef adjointe de la Tribune de Genève où elle travaille depuis 2000. Elle s’intéresse particulièrement à l’actualité locale et à la santé publique. Plus d’informations

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