Le Parlement britannique adopte un plan controversé visant à expulser les migrants vers le Rwanda

Publié le 22/04/2024 à 13h00

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a assuré lundi que tout était « prêt » pour expulser les demandeurs d’asile vers le Rwanda « quoi qu’il arrive », une fois le projet de loi controversé en ce sens voté au Parlement.

“Ces vols décolleront quoi qu’il arrive”, a déclaré le Premier ministre lors d’une conférence de presse destinée à présenter les moyens déployés par le gouvernement pour organiser ces expulsions, à l’approche d’une journée cruciale au Parlement au cours de laquelle le projet de loi pourrait être voté.

“Le premier vol partira dans dix à douze semaines”, a assuré Rishi Sunak, “plus tard que nous l’aurions souhaité”. Le gouvernement avait jusqu’ici affiché sa volonté de voir ces vols débuter au printemps.

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M. Sunak a pointé du doigt l’opposition à la chambre haute du Parlement, où les conservateurs ne disposent pas de majorité, et qui tente depuis des semaines d’assouplir le texte.

Conçu il y a deux ans par le gouvernement conservateur au pouvoir, et présenté comme une mesure phare de sa politique de lutte contre l’immigration clandestine, ce projet vise à envoyer au Rwanda les demandeurs d’asile entrés illégalement au Royaume-Uni.

L’enjeu est également électoral pour le Parti conservateur et Rishi Sunak, à quelques mois des prochaines élections législatives, pour lesquelles l’opposition travailliste est nettement en tête.

Adossé à un nouveau traité entre Londres et Kigali, le projet de loi vise à répondre aux conclusions de la Cour suprême qui avait jugé illégal le projet initial en novembre dernier. Il définit notamment le Rwanda comme un pays tiers sûr.

“Dès que la loi sera adoptée, nous entamerons le processus d’expulsion des (migrants) identifiés pour le premier vol”, a insisté Rishi Sunak.

Le gouvernement a mobilisé des centaines de personnels, notamment des juges, pour traiter rapidement d’éventuels recours des migrants illégaux, et a libéré 2 200 lieux de détention à leur intention en attendant que leur cas soit étudié, a-t-il précisé.

Des « avions charters » ont été réservés pour procéder à ces expulsions, a ajouté le Premier ministre.

Le projet britannique est vivement critiqué jusqu’à l’ONU, où le Haut-commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, a estimé qu’il va « à l’encontre des principes fondamentaux des droits de l’homme ».

Publié le 13/03/2024 à 12h54

Londres envisage, depuis près de deux ans, d’expulser vers le Rwanda les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni, avant même d’avoir traité leur demande d’asile, et qu’ils soient d’accord ou non. Le projet est extrêmement controversé et condamné même à l’ONU.

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Pour le Premier ministre conservateur Rishi Sunak, il s’agit « d’une priorité nationale urgente ». Mais jusqu’à présent, aucun avion transportant des migrants n’a décollé vers le Rwanda.

Après plusieurs déboires devant les tribunaux, un nouveau projet de loi est actuellement examiné au Parlement, où il se heurte à une forte opposition des Lords, à la Chambre haute de Westminster.

Mais un autre accord avec Kigali pourrait désormais permettre d’envoyer des migrants au Rwanda sur une base volontaire, a indiqué mercredi le ministère de l’Intérieur, confirmant une information du Times.

“Nous étudions la possibilité d’envoyer volontairement au Rwanda ceux (les migrants, ndlr) qui n’ont pas le droit d’être ici”, a indiqué un porte-parole du ministère. Le Rwanda « est prêt à accueillir les personnes qui souhaitent reconstruire leur vie et qui ne peuvent pas rester au Royaume-Uni », a-t-il ajouté.

Ce porte-parole précise que l’année dernière, 19 000 personnes « ont été volontairement expulsées du Royaume-Uni » sans préciser d’où elles venaient, où elles sont allées, et pourquoi elles étaient illégales.

Le nouvel accord concerne les migrants dont les demandes d’asile ont été rejetées et ne peuvent donc plus rester légalement au Royaume-Uni mais qui ne peuvent pas retourner dans leur pays d’origine.

Selon le Times, les migrants pourraient recevoir jusqu’à 3 000 livres sterling (3 509 euros) s’ils acceptaient de se rendre au Rwanda. Ils bénéficieront d’un soutien des autorités rwandaises pour une durée pouvant aller jusqu’à 5 ans, notamment pour le logement.

Ce nouveau dispositif pourrait notamment concerner les migrants en provenance d’Afghanistan ou d’Iran, selon le quotidien.

Le gouvernement britannique insiste sur le fait que le Rwanda est un pays « sûr », mais plusieurs groupes de défense des droits humains accusent le président Paul Kagame de gouverner dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d’expression.