« Si nous voulons une démocratisation culturelle à grande échelle, il faut tout revoir »

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Thomas Jolly, à Paris, le 11 septembre 2024. AUDOIN DESFORGES FOR “LE MONDE”

En novembre 2022, tout juste nommé directeur artistique des Jeux Olympiques (JO), Thomas Jolly change de vie. Il démissionne du Quai d’Angers (le centre dramatique national qu’il dirige depuis 2020) et se lance dans l’aventure des JO.

Un autre défi pour cet artiste de théâtre qui, en 2014, a offert au public dix-huit heures d'une performance shakespearienne hors du commun (Henri VI). Le réalisateur aime dépasser les frontières. Créateur d'opéras, il est aussi celui qui a donné un nouveau souffle, en 2022, à la comédie musicale StarmaniaAutant d’expériences qui l’ont conduit à prendre en charge les quatre cérémonies des Jeux Olympiques et Paralympiques. Il revient sur les moments forts, règle quelques comptes avec le théâtre, tout en regardant l’avenir d’un œil encore incertain.

Avez-vous toutes les cartes en main pour faire le point sur l’aventure olympique ?

Honnêtement ? Pas du tout ! Tout s’est enchaîné à un rythme soutenu depuis ma nomination en septembre 2022. Depuis fin juillet, nous devons monter une cérémonie tous les quinze jours. Je n’ai même pas eu le temps de les regarder à la télévision. J’ai assisté aux trois dernières depuis la scène ou depuis les tribunes, à la Concorde et au Stade de France. C’était comme un mélange entre la mise en scène d’un opéra XXL et mon expérience de la Cour d’honneur d’Avignon. À l’opéra, une centaine de personnes se coordonnent. Ici, ils étaient 20 000. C’est énorme, ça n’a rien d’un spectacle ordinaire.

L'aventure était-elle un marathon ou un sprint ?

Il s’agissait plutôt d’un marathon avec, au bout, quatre sauts de haies. Un nombre incroyable d’idées étaient alignées sur la ligne de départ et un nombre incalculable d’obstacles se présentaient devant chacune d’elles. Le budget, la technique, mais aussi la météo, le patrimoine, la sécurité, le fleuve et ses ponts, la stabilité des quais, etc. Le marathon consistait, pour moi et mon équipe, à transformer nos idées sans renier nos intentions initiales, tout en passant à travers les filets.

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Nous y sommes parvenus, même le 26 juillet sous une pluie tenace. J’étais dévastée. J’ai pleuré toute la journée. Mais, en réalité, cette pluie nous a donné de l’immédiateté. Nous étions tous, public, équipes techniques, athlètes, sous la même eau unificatrice. Elle nous a rassemblés. Ce jour-là, la météo parisienne a décidé de la narration.

Comment avez-vous vécu la curiosité grandissante autour du projet ?

Il y avait quelque chose d'impossible dans le projet de Thierry Reboul, le directeur exécutif des cérémonies olympiques. Cet homme fait bouger les choses. En annonçant une ouverture sur la Seine, il a créé un tel choc de réalité que le scepticisme a surgi.

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