– Quand Etienne Delessert illustrait les chansons d’Henri Dés
Parmi les personnes qui ont collaboré avec le regretté illustrateur figurent le chanteur pour enfants, mais aussi l’éditeur Bertil Galland. Réactions.
Publié aujourd’hui à 20h07
Henri Dés : « Ses couvertures sont une œuvre d’art »
Le chanteur vaudois a longtemps travaillé avec Etienne Delessert : « Il a dessiné les pochettes d’au moins 25 de mes albums. Nous étions dans le même collège à Lausanne. Un jour, alors qu’il revenait des États-Unis, il m’a contacté parce qu’il voulait savoir ce qui était arrivé à ses anciennes connaissances. C’était juste au moment où je sortais « Hide and Seek », mon premier album pour enfants. Je lui ai demandé s’il voulait faire la couverture. Il a dit oui, et c’est arrivé comme ça. On a ensuite enchaîné avec « La petite Charlotte », « Le beau tambour », etc. Je garde un souvenir assez merveilleux de toutes ces reprises. L’ensemble constitue une œuvre d’art, avec une cohérence incroyable avec mon travail.
Bertil Galland : “Ses portraits resteront aussi”
Le journaliste et rédacteur vaudois qui a réalisé le Plans-Fixes dédiés à l’artiste, est très affecté par cette disparition : « C’était un ami cher. Je suis allé le voir plusieurs fois aux Etats-Unis. Nous avions les mêmes amitiés et les mêmes ambitions. Il a été graphiste des Cahiers de la Renaissance vaudoise, que j’ai dirigés (ndlr : de 1960 à 1971). Il apporte alors une nouvelle perspective à l’illustration de livres jeunesse à l’échelle internationale et connaît tous les grands illustrateurs de son temps. Je pense que ses portraits, notamment ceux d’écrivains comme Ramuz ou Chessex, ou celui qui contient toute la force d’Ella Maillart, resteront aussi parmi ses apports les plus importants.
Françoise Jaunin : « Une orfèvre minutieuse »
La critique d’art et journaliste Françoise Jaunin évoque le travail de l’illustratrice : « Etienne Delessert était un orfèvre minutieux qui savait enchanter le monde des enfants avec sa palette chatoyante, ses détails foisonnants, sa magie et ses peurs. Son œuvre avait aussi un côté sombre, avec un univers crépusculaire traversé de préoccupations métaphysiques, de craquements et de monstres qui nous ressemblent. C’était aussi un peintre avec une verve expressionniste et grotesque qui n’est pas sans rappeler celle du Belge Ensor. On pourrait presque parler d’« expressionnisme à la vaudoise »…
Hommages d’une ville et d’un canton
Grégoire Junod, syndic de Lausanne, a souligné à quel point Etienne Delessert a « marqué de nombreuses générations d’enfants et d’adultes », tandis que le Conseil d’Etat vaudois a souligné qu’il avait « porté la créativité et le savoir-faire vaudois au-delà des frontières nationales. Nicole Minder, responsable des Affaires culturelles du canton, précise que «la convention que nous avons pu établir avec Etienne Delessert en début d’année a permis l’entrée de 220 œuvres dans deux fonds cantonaux. Leur gestion et leur pérennité sont donc assurées. Et cela servira de base à l’exposition de 2025, la sélection ayant toujours été faite l’artiste.
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