près de Bordeaux, les anti-LGV ont passé leur première soirée entre DJ sets et débats passionnés

près de Bordeaux, les anti-LGV ont passé leur première soirée entre DJ sets et débats passionnés
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Il s’agit d’une très grande ancienne ferme située à Cadaujac, dans la banlieue sud de Bordeaux. La voie ferrée en direction de Toulouse passe juste devant. Une banderole est accrochée sur la haie : « maison réquisitionnée contre LGV ». Il est inoccupé et destiné à être démoli dans le cadre du projet de ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux-Toulouse et Dax. Comme plusieurs autres maisons ou terrains dans la même rue. Mais ce samedi soir, l’ancienne bâtisse a repris vie. Spots colorés à l’intérieur, distributeur de bière et de limonade installés à la hâte, deux immenses enceintes montées sur tréteaux, DJ set engagé. Les anti-LGV ont la manifestation festive.


La banderole était accrochée à la haie hier en fin d’après-midi.

DL

Hier après-midi, environ 300 personnes ont participé à une manifestation contre le projet LGV, organisée par plusieurs groupes d’opposants, devant la gare de Cadaujac. L’après-midi s’est terminée par une promenade naturaliste, où une surprise a été annoncée aux participants. C’était ça : la réquisition de cette ferme pour y passer la nuit, au moins, « dans la joie et la révolte ». Voire plus longtemps, une éventuelle suite sera décidée ce dimanche 21 avril. Ils sont une cinquantaine, issus d’horizons divers, plutôt jeunes. Certains ont des masques fantaisistes sur le visage. « Emportez de l’eau, des vêtements chauds, une lampe frontale, un sac de couchage, du PQ, une écocup, une collation », les consignes de base pour y dormir.

Un squat « qui va marquer l’histoire »

Membre d’un des collectifs, Ester vit son premier squat : « Ces maisons ont longtemps été identifiées comme à démolir, c’est pour cela qu’elle a été choisie. Il s’agit à ma connaissance du premier squat anti-LGV en Gironde. Ce sera un repère, car il y a des gens de partout, cela montre qu’un réseau se forme tout au long de ce projet. Les gens ont besoin de se connaître, d’échanger, de partager des actions. » Les anti-LGV savent qu’il est « difficile de bloquer un chantier de plus de 300 km de long, mais on peut organiser des manifestations en réseau, multiplier des actions comme celle-là », pense un militant écologiste.

Dans la cour de la ferme brûle un grand feu de bois. Nous parlons assis par terre en cercle, pendant que d’autres dansent. Vers 22 heures, deux gendarmes se présentent à l’entrée, s’enquièrent de l’occupation, notent quelques identités et s’inquiètent du bruit. « Ne vous inquiétez pas, c’est à l’intérieur, on n’entend rien dehors », rassure un jeune. La police part. “On a vu les voisins, ils nous ont plutôt bien accueillis, eux aussi seront en partie expropriés par la LGV”, ajoute-t-il.

« Une autre façon de vivre »

Jérémy, enseignant, habitué des manifestations écologistes, encart EELV, devant le feu : « Nous défendons tous ici une manière de vivre différente, une société qui ne recherche pas toujours la croissance et la vitesse. Nous sommes pour les trains du quotidien, une mobilité plus douce, pas forcément plus rapide. Que le train profite à tous, et pas seulement à ceux qui souhaitent voyager rapidement et à moindre coût entre les grandes villes. »

Pour Sarah, une Néerlandaise du collectif Stop LGV Bordeaux, « ce type d’action n’est pas forcément dans la culture de chacun dans les collectifs. On s’éloigne du symbolique, on occupe un espace, cela permet de se rencontrer, de prendre le temps de discuter. Ce projet n’a rien à voir avec la mobilité, c’est une logique financière. On n’a pas besoin de rouler à 320 km/h, à partir de 200 on a déjà des connexions très rapides, la France a déjà un réseau en place. Je refuse le modèle économique LGV.» Dans la lueur ardente du feu, les débats sont passionnés, animés par le sentiment de « donner une nouvelle tournure à cette contestation ».

 
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